Koffi Olomidé

Annoncé pour décembre 2003, repoussé finalement d'une année, le dix-septième album de Koffi Olomidé était attendu par les nombreux "koffifiles" et les "koffiettes" du monde entier. La star congolaise a enregistré les dix-huit titres de Monde arabe à Paris avec ses musiciens de la formation Quartier Latin.

Monde arabe

Annoncé pour décembre 2003, repoussé finalement d'une année, le dix-septième album de Koffi Olomidé était attendu par les nombreux "koffifiles" et les "koffiettes" du monde entier. La star congolaise a enregistré les dix-huit titres de Monde arabe à Paris avec ses musiciens de la formation Quartier Latin.

 

 Quand on demande à Koffi Olomide pour quelles raisons il a intitulé son nouvel album Monde arabe, ses explications sont pour le moins surprenantes : "C’est une expression “koffienne” qui signifie “anguille sous roche”", répond-il. "Mais ça n’a vraiment rien à voir avec Saddam Hussein ou Ben Laden. C’est dans l’air du temps de parler du monde arabe. Thione Seck et Youssou N'Dour viennent chacun de faire un album sur l’Orient. Moi, je parle des femmes, de l’amour. C’est mon univers personnel."

Si l'album tourne toujours autour du ndombolo et de la rumba éternelle, Koffi s’est, toutefois, enfin décidé à interpréter quelques titres acoustiques, seul à la guitare, comme il l'avait fait lors de ses concerts à l’Olympia et à Bercy. C’est là que sa voix suave prend toute sa dimension, et c’est aussi la voie qu’il pourrait suivre pour donner un nouvel élan à sa carrière. Mais l'artiste voit les choses autrement et n'a visiblement pas dans l'idée de sortir de son registre habituel : "Je ne vais pas jouer du jazz ou du rap. Du rap, j’en ai fait avec Passi, mais je n’en ferai jamais en solo. Je chante la rumba-love. Il y a quelques mois, j’ai rencontré en Angola Julio Iglesias. C’est pour moi la star des stars. J’aimerais tellement faire un jour un duo avec lui. Mais ce n’est pas facile à organiser avec nos emplois du temps respectifs."

Retour à l'autoproduction

 

   Orgueilleux, Koffi ? Trop sûr de lui ? Il revient pourtant de loin avec ce nouvel album tant retardé, puisque sa sortie avait été annoncée hâtivement au verso de son précédant disque, Affaire d’État, pour décembre 2003. Olomide ne faisait pas mystère de sa volonté de quitter sa maison de disques à laquelle il devait encore un album. Mais, piégé par les difficultés financières dans lesquelles s'est trouvé son producteur, pris dans un engrenage qu’il n’a pu maîtriser, il a dû se résoudre à faire patienter ses fans. "Je suis en panne de maison de disques", confiait-il au printemps dernier alors qu’il profitait de spectacles en Europe avec ses musiciens de Quartier Latin pour faire quelques sessions au studio Davout à Paris. "Je ne pouvais pas enregistrer ailleurs qu’à Paris. Et cela aurait coûté trop cher de faire venir les musiciens  uniquement pour rentrer en studio. Vingt personnes à déplacer de Kinshasa à Paris, c’est lourd."

Koffi Olomide a beau avoir été, il y a quelques années, l'un des artistes africains vendant le plus de disques en France, son public n'en est pas moins resté essentiellement communautaire. Bien qu'en moyenne il atteigne les 100.000 exemplaires vendus par album, il est le seul à n’avoir jamais signé avec une multinationale, contrairement à Youssou N’Dour, Salif Keïta ou Papa Wemba. Subissant la crise du marché du disque, Affaire d’État n'a pas dépassé les 40.000 exemplaires, et c’est finalement à un commerçant indien, spécialisé dans la musique africaine, que Koffi s’est associé, lui vendant les enregistrements qu’il avait lui-même produits. "Je fais ça avec mes économies. C’est monnaie courante de procéder de la sorte. Même aux États-Unis, il y a des artistes qui se produisent eux-mêmes et vont ensuite chercher un distributeur. Je ne pouvais plus attendre, mais ce n’est pas la première fois que je fonctionne ainsi." Soit. Mais le chanteur autoproducteur a été également bien aidé par tous les généreux donateurs dont il chante les noms sur les dix-huit titres de l’album. S’il cite gracieusement les amis qui l’aident, ceux qui ont besoin de reconnaissance à travers sa voix de velours doivent payer le prix fort. Avec de tels mécènes, Koffi pourra encore longtemps faire ses produits maison. Tant que le public le suivra. Car le succès du rythme coupé-décalé menace l’hégémonie de la musique congolaise. Peut-être lui faudra-t-il un jour trouver d’autres ficelles ?

Koffi Olomidé Monde arabe (Sonima Music) 2004