Le marché du disque en 2004

Les chiffres officiels pour l'année 2004 ne sont pas encore connus, mais d'ores et déjà le Snep (Syndicat national de l'édition phonographique français) laisse entendre que le marché du disque a accusé au cours des douze derniers mois une nouvelle baisse de 14 à 15%. En revanche, la production nationale progresse encore davantage par rapport à la variété internationale et la production des labels indépendants français continue d’être florissante.

Malgré une nouvelle baisse des ventes, l'horizon s'éclaircit

Les chiffres officiels pour l'année 2004 ne sont pas encore connus, mais d'ores et déjà le Snep (Syndicat national de l'édition phonographique français) laisse entendre que le marché du disque a accusé au cours des douze derniers mois une nouvelle baisse de 14 à 15%. En revanche, la production nationale progresse encore davantage par rapport à la variété internationale et la production des labels indépendants français continue d’être florissante.

 

 2004, année de la production indépendante ? Il serait excessif de le formuler ainsi même s’il faut souligner le travail de fond de plusieurs labels français. Pias France, filiale du label belge Play It Again Sam, l’année de ses dix ans, a réalisé la meilleure performance des indépendants avec trois albums classés dans les trente meilleures ventes de CD en France : 1964 de Miossec et les révélations britanniques Franz Ferdinand et The Libertines. D’autres labels indépendants tels que Atmosphériques (Tarmac), Labels (Cali), Recall (The Servant), Naïve (Muse, Pink Martini) et Le Village Vert (Luke, Deportivo et Autour de Lucie) ont aussi réussi de beaux succès commerciaux, même si, pour y parvenir, ils se sont le plus souvent associés aux incontournables majors pour la distribution. Ces petites structures ont pu remplir une mission de découverte de nouveaux talents, là où les majors ont préféré tout miser sur des productions très rentables comme les disques de la Star Academy.

En chiffres, sur la période septembre 2003-septembre 2004, l’influence notable des shows de télé-réalité musicaux sur les ventes de disques est aussi importante que l’an dernier. Exactement comme en 2003, on retrouve trois albums "star académiques" dans les quarante premières places des ventes annuelles : le best of, La Starac fait son cinéma et l’album de reprises de Michel Sardou.

2004 en général a été une mauvaise année pour les singles, même si les ventes des deux-titres ont repris vers la fin de l’année. L’héritier du 45 tours n’est pas bien portant depuis l’émergence du téléchargement illégal de musique en ligne. Le marché du disque français ne s’est pas complètement remis de ces nouvelles façons de consommer de la musique, en dépit des procédures lancées par la justice contre les "pirates informatiques".

Au cours des neuf premiers mois de 2003, il s’est vendu 23,3 millions de singles, alors que sur la même durée en 2004, il s’en est vendu 17,5 millions. Soit une chute d'un tiers du volume. On pensait que les Français préféraient dépenser leurs deniers dans les formats longs, et pourtant, l’argent qui n’a pas été investi dans l’achat de singles l’an dernier ne s’est pas reporté sur l’acquisition d’albums. De septembre 2003 à septembre 2004, il s’est vendu 12 millions d’albums de moins (soit un recul de 16%) que sur les quatre trimestres précédents, soit une baisse de 20% du chiffre d’affaires, passé de 600 à 479 millions d’euros. Si le planning de sortie des nouveaux albums des grandes stars de la variété francophone n’a pas été spécialement propice à la multiplication des disques d’or (100 000 exemplaires) ou de platine (300 000 exemplaires), il n’y a pas eu non plus de nouvel artiste international qui puisse faire figure de révélation, comme ce fut le cas avec Norah Jones en 2003.

 

 L’année dernière, la chanteuse américaine avait partagé le podium des meilleures ventes avec Florent Pagny et Carla Bruni. En quatrième position, figurait le groupe pop-rock Kyo, avec Le Chemin. Mais en 2004, il n’y a pas eu non plus de succès d’un nouvel artiste français équivalent au Quelqu’un qui m’a dit de Carla Bruni. Les nouveaux albums de Florent Pagny, Baryton, et de Kyo, 300 Lésions, sont sortis trop peu de temps avant la fin de l'année pour apparaître dans les premières places du classement annuel. Nul doute qu’ils seront aux avant-postes pour 2005. Pour le reste du peloton des succès, on trouve Feels Like Home de Norah Jones, sorti lui aussi récemment, puis Qui de nous deux de M, l’album de Ben Harper et des Blind Boys of Alabama, ceux de Pascal Obispo, Véronique Sanson, Muse, mais aussi les nouvelles livraisons de Vincent Delerm, Lorie, Bernard Lavilliers, Francis Cabrel, Arielle Dombasle, U2, Gérald de Palmas, du duo nantais Tragédie, de l’Esméralda Chimène Badi, de la "guestarac’" Michel Sardou, de Calogéro et enfin des Choristes. La bande originale du film de Gérard Jugnot est le seul album de l'année à avoir été certifié disque de diamant, atteignant même 1,2 million d'exemplaires vendus.

Tout supports confondus (y compris la vidéo), le chiffre d’affaires sur la période septembre 2003-septembre 2004 a diminué de 141 millions d’euros par rapport à 2003, et 251 millions par rapport à 2002. L’hémorragie n'a donc toujours pas été stoppée. 2005 sera-t-elle, enfin,  l'année de la reprise ?