Téléchargement payant : un marché très prisé
L’ouverture récente de plusieurs plates-formes de téléchargement payant en France marque l’avènement du commerce légal de la musique en ligne. L’ensemble de la filière musicale entend ainsi mettre un terme à l’ère du peer to peer, pair à pair en français, le système d’échange gratuit de fichiers musicaux via Internet.
En 2004, les plates-formes payantes se sont multipliées
L’ouverture récente de plusieurs plates-formes de téléchargement payant en France marque l’avènement du commerce légal de la musique en ligne. L’ensemble de la filière musicale entend ainsi mettre un terme à l’ère du peer to peer, pair à pair en français, le système d’échange gratuit de fichiers musicaux via Internet.
Convaincre le consommateur, déjà habitué à la gratuité de la musique sur Internet, d'acheter ses chansons en ligne représente un enjeu conséquent sur ce marché encore déficitaire qui ne saurait tarder à percer. C’est dans ce contexte, marqué par une forte baisse des ventes de disque dans le monde entier, qu’une multitude de sites légaux ont récemment été mis en service en France. Amorcée par le succès d’iTunes, la boutique en ligne d'Apple, l’expansion des plates-formes de téléchargement payant en France s’est faite en à peine six mois.
Lancé en avril 2003 aux États-Unis mais seulement en juin 2004 en France, le modèle d'Apple a été largement copié. Son catalogue réunit 500 000 titres des quatre majors (Universal, Sony/BMG, EMI/Virgin et Warner Music) et de labels indépendants. À 0,99 € le single et 9,99 € l’album, le leader a imposé des tarifs sur lesquels ont dû s’aligner la plupart de ses concurrents. iTunes représente à ce jour près de 70 % du marché du téléchargement payant dans le monde et vient d’atteindre les 20 millions de titres téléchargés. Apple s'emploie à conserver son monopôle grâce aux ventes exponentielles du baladeur iPod qui ne peut lire que des fichiers téléchargés sur iTunes. Le contenant (baladeur) et le contenu (fichiers musicaux) restent inévitablement liés.
Inciter les consommateurs
Si Universal fait figure de pionnier avec E-compil, sa plate-forme de téléchargement en ligne créée en 2001, son concurrent Sony s'est positionné en France sur ce marché en juillet 2004 avec son service Connect. En septembre, l’ouverture des magasins sur les sites fnacmusic.com et virginmega.fr a été suivie trois mois plus tard par m6music.fr et coramusic.fr. Parallèlement, les principaux fournisseurs d’accès du continent européen – Wanadoo, Tiscali, MSN, Alapage, Packard Bell, et Numéricâble – ont été les premiers en France à proposer un service de téléchargement légal par le biais de l’entreprise OD2 (On Demand Distribution), co-fondée par le chanteur Peter Gabriel.
Le mouvement devrait se poursuivre en 2005 avec l’ouverture, au cours du premier trimestre, de MTV.fr, Europe2.fr et MCM.net talonnées par l’arrivée de Napster qui annonce d'ores et déjà vouloir se démarquer avec une offre défiant toute concurrence. Le site, aujourd’hui légal, propose l'ensemble de son catalogue aux États-Unis pour seulement 15 dollars par mois. Les fichiers téléchargés ne sont pas achetés mais loués sur la durée de l'abonnement. En cas de résiliation du forfait, ils ne sont théoriquement plus accessibles.
À l’image de son plus grand magasin parisien au Forum des Halles, Fnacmusic.com vise les 1,2 millions de titres à télécharger. Pour faire valoir sa différence et amener les novices de l’achat sur Internet à dépasser la barrière du virtuel, la Fnac met en ligne les sélections musicales et les playlists de ses disquaires. L’enseigne mise aussi sur la carte de fidélité et propose des cartes prépayées vendues en magasins. Jusqu'à présent, l’achat au téléchargement ne diverge pratiquement pas des ventes de disques en magasins. Du côté des musiques du monde, Johnny Clegg, Amadou & Mariam et Cesaria Evora forment le trio de tête. Sur virginmega.fr, concurrent direct de fnacmusic, 500 000 titres ont été téléchargés au mois de décembre. Très ergonomique, le service en ligne récompense la fidélité par un titre gratuit pour 20 euros cumulés de musique téléchargée. Le site coramusic.fr, tout comme la Fnac et Napster aux États-Unis, table quant à lui sur la vente de cartes prépayées en magasin. Les parents peuvent ainsi donner un crédit de téléchargement légal à leurs enfants sans confier leur numéro de carte bancaire… En outre, de plus en plus de labels proposent le téléchargement direct de leurs titres en ligne via des plates-formes référencées sur le site promusicfrance.com. D'ici cinq ans, cette nouvelle façon d'acheter de la musique pourrait représenter près de 20 % du marché total.
Pour sensibiliser les consommateurs à la lutte contre la piraterie et les encourager de ce fait à se tourner vers les sites marchands, Calogero, Garou, Renaud, Zazie et d'autres artistes de renom ont apporté leur soutien à la campagne d'affichage "Téléchargez-moi légalement" qui vient d'être lancée. Derrière ce slogan, transparaît le risque réel auquel s'exposent les internautes piratant la musique : une condamnation en justice. Il n'en faut souvent pas plus pour que les habitudes changent.
Les dix titres les plus téléchargés en France