Julien Jacob

Artistiquement obstiné, Julien Jacob cherche sa musique au cœur des peuples. Les racines de ses créations se nourrissent des expressions orientales africaines ou hindous. Emprunt de spiritualité et évoquant une atmosphère de rituel, son deuxième album, Cotonou, se raconte dans une langue unique, conçue avec des mots inventés par l’artiste. Portrait d’un poète décalé, instrumentiste, chanteur et compositeur.

La quête de soi par la musique

Artistiquement obstiné, Julien Jacob cherche sa musique au cœur des peuples. Les racines de ses créations se nourrissent des expressions orientales africaines ou hindous. Emprunt de spiritualité et évoquant une atmosphère de rituel, son deuxième album, Cotonou, se raconte dans une langue unique, conçue avec des mots inventés par l’artiste. Portrait d’un poète décalé, instrumentiste, chanteur et compositeur.

 

 

Né à Porto-Novo au Bénin de parents antillais, Julien Jacob débarque avec sa famille à l’âge de quatre ans dans la région de Marseille. Son père possède une collection non négligeable de disques de jazz, de variété africaine, antillaise et occidentale dans laquelle il fouine dès qu’il se retrouve seul à la maison. Il découvre ainsi Miles Davis, Coltrane, Akendengué, les Beatles, Téléphone et bien d’autres. Ses cellules enregistrent tout ce qu’il écoute autour de lui.

La voix écorchée de Louis Armstrong impressionne le jeune Julien qui n’a pas le cœur particulièrement porté sur l’école mais plutôt fasciné par les musiques et les instruments. "J’étais une fois avec mes parents invités à une fête qui se passait dans le garage d’une famille amie. Je repère dans un coin un vieux piano poussiéreux. Je devais avoir cinq six ans, mes yeux arrivaient à peine à hauteur du clavier. Dès cet instant, j’étais convaincu que  je jouerais de cet instrument un jour et que la musique serait mon métier. Finalement, j’opterai d’abord pour la guitare."

Dix ans plus tard, à l'âge de dix sept ans, il intègre son premier groupe de rock comme chanteur principal. La bande d’ados emprunte le nom scientifique et emblématique de Anaphase, appellation de la troisième division cellulaire qui renaît à la vie. L’exemple type de l’autodidacte, J. J est un observateur né, doté d’une oreille pointue de maître initiateur.
Le chant, la guitare, les claviers, les percussions, il apprend tout et tout seul, s’imposant cet apprentissage en solitaire pour cultiver l’excellence sans copier ni s’identifier à qui que ce soit. "Quand je découvre un nouvel instrument qui me plaît, j’observe attentivement la dextérité de l’ instrumentiste avant de développer ma propre technique."

Attiré par les lettres, la philosophie, les musiques ethniques et mystiques, il s’investit dans la découverte des expressions d’Afrique noire et de l’Orient. Obnubilé par ce besoin obsessionnel de connaissance des cultures oubliées, il s’imprègne des chants soufi, des mélopées hindoues et des rythmes vaudou. Aller aux origines et découvrir l’enseignement de la vie et du monde laissé par l’héritage des Anciens.

Album acoustique

 

   

"Réticent à l’idée d’être bridé par une quelconque doctrine ou par quelque maître, je suis en permanence en quête de valeurs ancestrales. Puiser dans l’âme des peuples, sonder mon intérieur et suggérer une œuvre contemporaine, authentique. C’est pour cette quête que j’ai abandonné Anaphase après cinq ans de collaboration pour construire ma musique."

Le nouvel opus de JJ s’inscrit dans le souvenir. Il le présente avant tout comme un hommage à son défunt père qui lui a énormément conté Cotonou la capitale du Bénin. Un album acoustique tressé de notes précieuses et flottantes, épaisses et roucoulantes au gré des titres. D’une voix tantôt souterraine et éraillée, tantôt fine et fragile, il égraine ses mots comme le poète du désert, de la forêt, du fleuve, délicatement, distinctement. Ecrite dans une langue inventée ne répondant à aucun code connu, la prose de J.J privilégie l’impact de la musique pour laisser libre cour à l’imaginaire et à la sensibilité de chacun.

Ses textes évoquent la terre d‘Afrique (Yacob), peignent la beauté de l’univers (Cotonou), invitent à la recherche de la paix intérieure (Ankelson), exhortent à la non violence face à l’outrage (Hakbab) ou explorent l’univers de la petite enfance dans Jesse qu’il dédie à son fils. Tambour gnawa, djembé mandingue, derbouka arabe, guitare brésilienne, mandole-luth algérienne, basse occidentale, sanza pygmée et que sais-je encore, se croisent, s’épousent et offrent une musique riche de sèves multiples. Africaine ? Orientale ? Blues ? Andalouse ? Cotonou traduit toutes ces expressions sans être aucune d’entre elles. Julien Jacob invente une esthétique qui lui est propre, un langage original chargé de nuances. "Je suis une poussière de vie dans l’univers et ma musique reflète mes convictions."

Julien Jacob Cotonou (Wrasse records) 2005