La flamme de Slaï
Slaï, l’artiste d’origine guadeloupéenne, continue toujours son ascension. Plus de 50.000 exemplaires vendus à ce jour pour l’album Florilège, en distribution chez Sony Music. Quant à Flamme, son single, il en est à plus de 125.000 unités vendues.
L’épiphénomène zouk du moment
Slaï, l’artiste d’origine guadeloupéenne, continue toujours son ascension. Plus de 50.000 exemplaires vendus à ce jour pour l’album Florilège, en distribution chez Sony Music. Quant à Flamme, son single, il en est à plus de 125.000 unités vendues.
Un rêve s’accomplit. Une vraie coqueluche de la scène zouk est en train de prendre pied sur la scène française actuellement. Et si l’on n’excepte un service de presse défaillant; si l’on fait fi des dysfonctionnements de son website (bs-production.com), qui rend l’un de ses fans internautes lyrique : "cette fois c'est sûr que le site ne fonctionne plus ! Mon coeur est froid, sans saveur et sans amour..." ; si l’on néglige le fait enfin que les médias n’en parlent pratiquement jamais, il est possible en effet de parler d’une belle aventure, récemment classée dans la catégorie "argent" (plus de 100.000 singles & 50.000 albums vendus) par les professionnels du disque. Rien que du très réjouissant pour un artiste dont l’ambition se situe au-delà du succès d’estime dévolu habituellement aux musiques de la périphérie.
Dans le monde du zouk, Slaï est ce qu’on pourrait appeler un épiphénomène, qui fonctionne grâce au bouche à oreille. Aux yeux des plus avertis, sa musique est des plus consensuelles, ne révolutionne rien. Il chante en français, et pas en créole. Il joue sur les clichés autant que possible, tendance "doudou-je t’aime". Il n’a guère connu de véritable chaperon dans le gotha des artistes les plus consacrés du genre. Tout se met en branle en fait sur la base d’une rencontre effectuée en 1997, avec Guy Bordey, auteur-compositeur et interprète, avec qui il commet Fou d’elle, son premier titre, sur l’album Juste une nuit. Le jeune homme prend (très vite) goût à un jeu, qui se résumait jusque-là à des rêves d’enfance, partagés entre les Dom Tom et la Métropole. Il monte un label de production avec son compère. Slaï y sortira son premier album, intitulé Fresh, et draguera à fond (avec des tournées à succès, paradoxalement assurées en play-back) la scène réunionnaise et antillaise, tout en soutenant d’autres ambitions de carrière. Il s’amuse ainsi à dénicher quelques autres noms, pour bien camper son rôle de co-patron de label et tente de les imposer parallèlement à sa propre carrière. La plus connue sera Janie, dont il produit le premier album, Shine, album sur lequel on entendra ce fameux tube, Flamme, pour la toute première fois.
Dès lors, on peut dire (sans trop se tromper) que Slaï ne cessera de gravir les échelons dans un métier aujourd’hui menacé par le piratage et le mp3. Sur ledit tube, l'oiseau antillais, né dans le Val d’Oise, en région parisienne, taquine les jeunes filles en fleur avec son timbre de crooner enfiévré. Nous étions alors en 1999 et il se lâchait déjà sans compter : "Je m’éteins comme une flamme/ lorsque j’entends ta voix/ je frissonne d’amour quand je sens/ ton souffle derrière moi". Le refrain de l’amant fou arrive sans mal à troubler les amateurs de danse-qui-frotte, à l'époque. Passion, frisson, amour et poison… l’obsession des chanteurs de charme le guette sans doute. Sa carrière en tous cas est alors en de bonnes mains, portée par ses fans (de sexe opposé) et par les DJs de soirée zouk love. Le secret ? Au-delà de ses paroles, qui, eux, ressemblent quelque peu à du déjà vu, ses fans insistent sur sa voix, chaude, sensuelle, inspirée. Ils parlent aussi de l’efficacité (redoutable) de son mélange zouk/r’n’b ou ragga. C’est festif et romantique. Rien de mieux pour chauffer les pistes !
Flamme, ce premier succès, deviendra comme une sorte de porte-bonheur par la suite. Au point qu’il le ressort en single, à l’occasion de la parution de son dernier album, Florilège, l’été dernier. Colère retenue d’internaute excédé : "Il aurait pu essayer de sortir un vrai NOUVEAU". Simple à dire, rétorquent les aficionados, sans douter. Il faut du temps pour que les choses se fassent. Premier Gaou de Magic System a par exemple, connu trois saisons de lente ascension dans les charts, avant de cartonner mondialement depuis Paris. "Slaï, lit-on dans un forum d’internautes, n’allait pas prendre de risque, surtout avec les gens avec qui ils dealent en ce moment. Eux, ils ont kiffé sur Flamme, alors il leur a balancé Flamme, l’avenir nous dira s’il a eu tort. Mais il faut croire que ça marche pour lui, puisqu’on entend le morceau partout". Et toc pour les mal-embouchés, qui ne savent pas fermer leurs gueules à temps ! La victoire (Flamme, single argent) se savoure à coup de reins sur les pistes, pour les fans de la première heure qui parlent alors de stratégie : "Slaï, au risque de se répéter, doit se faire connaître du plus grand nombre. Je peux vous citer le nombre de gens autour de moi qui découvrent ce morceau, Flamme, avec plaisir". Et re-toc à nouveau pour les fanatiques du débat sur ce que doit être, oui ou non, le zouk de nos jours !
Slaï Florilège (BS Production / Sony) 2004