VU D’AILLEURS mars 2005

Musiques et polémiques

Le combat de Johnny Hallyday contre Universal et les piques de Françoise Hardy feraient-ils mentir un célèbre proverbe ? Heureusement, Coralie Clément et Keren Ann s’emploient à adoucir les moeurs.

 Les Français sont les champions de la polémique, paraît-il. Le procès qui oppose la superstar Johnny Hallyday à son ancien employeur, la multinationale Universal Music, numéro un du disque en France et dans le monde, en est une nouvelle illustration. Toutes les parties étaient convoquées de nouveau le 28 février devant le tribunal. « La cour d'appel de Paris rendra le 12 avril son arrêt dans le litige entre Johnny Hallyday et la maison de disques Universal Music, l'avocate générale ayant demandé lundi à ce que soit infirmée la décision de première instance selon laquelle la maison de disques doit remettre à l'artiste les bandes originales de ses chansons », explique La Dernière Heure (Belgique, 1/3). « L'avocate générale a également demandé que soit infirmé le jugement du conseil des prud'hommes de Paris selon lequel le contrat entre les deux parties arrive à terme le 31 décembre prochain. Ces conclusions vont dans le sens de la plaidoirie de l'avocat d'Universal Music, qui a plaidé que la rupture entre les deux parties s'était faite à l'amiable. » C’est donc pour l’instant un « match nul », comme le titrait le journal français Libération (1/3). Dans une autre affaire, « si l'enquête pour viol impliquant Johnny Hallyday ne permet pas de déterminer s'il est coupable ou pas, la présomption d'innocence s'appliquera», rapporte le webzine québécois Canoë (18/2), reprenant les propos publiés par Le Monde du procureur de la République de Nice, Éric de Montgolfier.
Loin du tumulte, l’évanescente Françoise Hardy vieillira-t-elle comme Tatie Danielle, la mamie irascible du film d’Etienne Chatillez ? Au détour d’un entretien accordé au quotidien anglais The Independant (5/2), la « Belle Star », présentée comme « la reine du chic français dans les années 1960 », n’y va pas de main morte avec le style de certaines chanteuses. Une femme « vulgaire » est particulièrement dans sa ligne de mire : Madonna. « Je n’aime pas son visage. Ce n’est pas de sa faute, mais je ne l’aime pas. Elle ne m’attire pas. Je n’aime pas sa façon de bouger. Elle est très vulgaire, aussi je ne suis pas tentée de connaître davantage son travail. »

Chez les plus jeunes, on s’active et, comme K-Maro, on se diversifie. Gros vendeur de disques malgré la crise qui frappe le secteur, le rappeur (Femme Like U) prépare l’avenir en choisissant de ne pas mettre ses œufs dans le même panier. « À l'instar de la quasi-totalité des stars du hip-hop et du R&B », précise une dépêche de l’Associated Press (23/2) reprise par l’ensemble de la presse francophone, le jeune K-Maro « sortira à l'automne prochain sa propre ligne de vêtements. Baptisée Baalbek en hommage à la ville qui l'a vu naître au Liban il y a 25 ans, cette incursion dans la mode n'est pas étrangère au goût immodéré pour le look que cultive K-Maro, Cyril Kamar de son vrai nom. Costumes bien coupés à la Borsalino ou T-shirts seyants mettant largement en valeurs biceps et tatouages, un rien l'habille. » Gageons que, poussée par son succès dans la chanson, sa petite entreprise ne connaîtra pas la crise.

 Mais revenons à la musique. Sous l’impulsion d’une nouvelle vague d’auteurs-compositeurs inspirés (Benabar, Sanseverino, Vincent Delerm, M, Benjamin Biolay…), la chanson française reprend des couleurs depuis quelques années. Les femmes prennent une part prépondérante dans ce renouveau, à l’instar de Coralie Clément et de Keren Ann. Cette dernière a retenu l’attention du grand quotidien israélien Haaretz, qui a consacré, dans son édition du 10 février, un long portrait à cette artiste « mélancolique, mais pas triste », « née en Israël », s’exprimant dans un « Hébreu courant » et qui aujourd’hui « construit une carrière internationale ». « Ces deux dernières semaines, elle est apparue presque tous les jours sur les chaînes de télévision » en France. « Demain, elle part pour New York pour promouvoir son quatrième album, Nolita, avec une série d’interviews et de passages à Los Angeles, San Francisco, Seattle et Philadelphie. » Récemment, une nouvelle fleur a éclôt : Coralie Clément. Le chroniqueur du webzine musical allemand Bloom (21/2) est tombé sous le charme de son album Bye Bye Beauté, même si, avoue-t-il, « je ne peux malheureusement pas du tout juger des textes en français, puisque je ne maîtrise pas cette langue ». Libérée des mots, la musique de Coralie Clément s’impose avec douceur, s’inscrivant dans « une voie conventionnelle » au sein d’une chanson française « mouvementée ».