Kent
Le dixième album solo de Kent est une parenthèse rock dans une carrière riche en textes poétiques et mélodies acoustiques. Dans Bienvenue au Club, les chansons sont rock et de grande qualité, la plupart d’entre elles pourrait casser la baraque dans les classements. Les contributions de jeunes artistes français talentueux, M en tête, y sont peut-être pour beaucoup. Kent y raconte des histoires de gens simples sur des bases instrumentales directes et efficaces.
Bienvenue au Club
Le dixième album solo de Kent est une parenthèse rock dans une carrière riche en textes poétiques et mélodies acoustiques. Dans Bienvenue au Club, les chansons sont rock et de grande qualité, la plupart d’entre elles pourrait casser la baraque dans les classements. Les contributions de jeunes artistes français talentueux, M en tête, y sont peut-être pour beaucoup. Kent y raconte des histoires de gens simples sur des bases instrumentales directes et efficaces.
Les personnages de Bienvenue au Club ont des qualités et des défauts, ils sont vrais (Les vraies gens,) féminins (Beauté Fatale, Nous-mêmes et le cruel Une chose). Les personnages vieillissent, s’embellissent, deviennent positifs tout en étant nihilistes. Dans cet album, le stress des années 90 a été remplacé par une certaine sagesse. Kent place comme toujours cette sérénité dans les couplets et les refrains, la musique en revanche est beaucoup plus instinctive, plus à fleur de peau, moins intello. Cette idée d’"un club" aux influences rock, punk et garage est née paradoxalement lors de la tournée acoustique de l’album Je ne suis qu’une chanson. Kent a revêtu le blouson de cuir de soirée pour avaler quelques concerts de rock. "C’est ce que j’avais envie d’entendre. J’avais un peu laissé le rock de côté ces dernières années." Résultat, quatorze nouvelles chansons ont été composées avec une énergie nouvelle pendant et après la tournée. L’ombre de Starshooter et de bons vieux potes s’est faite un peu plus présente autour du chanteur pendant l’écriture. Laurent Voulzy a été le premier à proposer une chanson, Romain Didier a suivi ainsi que des musiciens plus jeunes M, Mickey 3D et La Grande Sophie, cette fois à la demande de Kent.
La jeunesse des Playback Boys
Au départ, les séances de travail avec le groupe des Playback Boys ressemblaient à une studieuse partie de plaisir ouaté, pleine de respect pour le poète rocker qu’est Kent. "Ils pensaient avoir en face d’eux un Monsieur qui a du vécu. Ils me disaient même "vous" au début, ils ont compris qui j’étais. Ils me disent " tu" maintenant. " Ses jeunes musiciens furent même scotchés au sortir de quelques concerts récents, véritables déluges d’énergie du chanteur, guitare en bandoulière."Mon fils qui est en bas âge est venu me voir en concert. Il était surpris, inquiet de me voir aussi intenable sur scène. Je lui ai expliqué que la salle de concert était le bon endroit pour être ainsi. Quant aux musiciens, ils m’ont gentiment fait comprendre que je cachais bien mon jeu pour un "vieux", je l’ai pris comme un compliment."
La relation entre le groupe et Kent a justement quelque chose de filial. Mais pourtant, elle ne se résume pas à un atavisme classique. Il s’agit en réalité d’un échange générationnel, d’expériences vécues à plusieurs époques. Kent apporte celle des années punk puis de la chanson, les "boys" apportent leur fraîcheur et leur originalité. "Ils n’ont pas les mêmes références musicales que moi. Ce que je recherchais avec les Playback Boys, c’était un effet de surprise, quelque chose de punchy. Si je m’étais entouré de musiciens de ma génération, on allait jouer du vieux rock, ce que j’avais déjà fait. Ce n’était pas le but ! J’ai encore beaucoup de choses à apprendre et comme je veux savoir comment appréhender le rock d’aujourd’hui, ces musiciens, c’était l’idéal." Il faut se rendre à l’évidence que Kent n’a plus l’âge de Matthieu Chédid, La Grande Sophie ou de Mickaël Furnon, quand il empoigne sa guitare, ses millions de références lui pèsent plus que mesure, "ça m’embrouille quand je joue du rock, j’ai des années de guitare qui reviennent en moi. Mais avec ces musiciens plus jeunes que moi, je branche simplement la guitare et ils embrayent sans se poser de questions. C’est ça le rock ! Ne pas se poser de questions."
Kent à la radio
L’introduction de la chanson Bienvenue au Club, quelques cordes de guitare pincées au capo, une basse solidement ancrée donne le ton. Sur Des jours ainsi, l’avant-dernier titre de l’album, un gimmick au clavier conclut en beauté le concept du club, ce carrefour de générations, décrit poétiquement par Kent. "J’aime construire mes chansons autour de gimmicks, de riffs. Dans l'album, l’idée est de faire que chacune des chansons puisse être isolée et passer à la radio. Je n’avais pas eu cette démarche depuis Starshooter." Kent revient donc à la culture du single, "ça fait du bien, car ce sont des challenges. Il ne s’agit pas de faire comme ce qui passe à la radio mais plutôt de faire du Kent qui passe à la radio. La période où je faisais des morceaux plus longs avec beaucoup de textes et différentes ambiances est derrière moi pour cet album-là. Peut-être que j’y reviendrai plus tard."
En attendant, la transition vers un chapitre nouveau prend la forme de la chanson Le Voyageur à la fin du CD. Une porte ouverte vers autre chose, la world music, un des trois noyaux musicaux de Kent avec le rock et la chanson française traditionnelle. Pour l’aider à s’ouvrir au monde, "le groupe angevin Lo’Jo m’accompagne. Cette chanson est à part dans le disque. On y entend une porte qui claque en introduction du disque. Elle referme le concept du club, avec cette histoire de voyage…" Peut-être un avant-goût de ce que Kent prépare pour la suite. Pour le moment, les personnages de Bienvenue au club vivent leur vie à travers la voix de Kent, quelque part sur les terres de France, à l’occasion d’une tournée à ne surtout pas manquer.
Kent Bienvenue au club (AZ/Universal Music) 2005