Hommage à Nougaro

Admirateurs et amis en concert au Cirque Bouglione

10 avril 2005, 21h00 : c’est dans une ambiance décontractée que le Festival Blue Note consacre une soirée hommage à Claude Nougaro. Près de 1600 personnes, rassemblées sous le chapiteau du cirque Bouglione, sont venues écouter les chansons de cet amoureux du jazz, interprétées par un panel d’artistes.

 Michel Legrand, Mathieu Chedid, Jeanne Cherhal, Sanseverino..., les voilà tous réunis dans ce lieu insolite que Claude Nougaro aurait sûrement aimé. Sur une scène circulaire parsemée de pétales de roses, ils ont repris tour à tour les plus grands succès de sa carrière: de Tu verras à Bidonville, en passant par Toulouse et Herbie Hancock... Un an après sa disparition et quelques mois après la sortie posthume de l’album La Note Bleue, recueil de jazz inachevé, ils ont tenu à célébrer la mémoire de ce chanteur hors pair, amoureux des mots, inscrit à présent dans le patrimoine de la chanson française.

C’est Yvan Cujious, journaliste toulousain de Sud Radio et ami proche de Nougaro, qui a présenté le concert. Il ouvre la soirée en saluant Hélène Nougaro, veuve du chanteur. La salle entière se lève. Hélène, timide et pudique, baisse les yeux, gagnée par l’émotion. Le spectacle va commencer. Les chanteurs, toutes générations confondues, répondaient à l’appel hier soir. Erigés en portes-paroles des différents genres musicaux. Parmi les piliers de la soirée, Michel Legrand, auteur-compositeur, ami de longue date de l’artiste. Emotion lors de son entrée sur scène. Accueilli par un tonnerre d’applaudissements, il salue chaleureusement le public : «Claude Nougaro était mon frère, notre ami à tous.» Puis interprète le Cinéma, célèbre chanson qu’il composa avec Claude Nougaro au début des années 60. Un peu plus tard, c’est l’authentique Hugues Aufray qui chantera l’Occitane, datant de 1993. Pour représenter la nouvelle génération, Bénabar, Jeanne Cherhal, ou encore Olivia Ruiz. Bénabar, dont Nougaro admirait le talent, s’est  distingué par deux prestations remarquées, avec Tu verras et Sous, titres phares du chanteur.

Interprétations rock et intimes

   Sans dénaturer les chansons, les différents artistes présents ont su se les approprier avec talent et audace. Chacun a apporté sa touche personnelle tout en restant fidèle à l’esprit de Claude Nougaro. On saluera tout particulièrement les prouesses vocales de Sanseverino, fidèle aux rythmes swing, dans une interprétation délirante du Jazz et la Java. Mathieu Chedid, quant à lui, nous a  offert une version  totalement planante de la Pluie fait des claquettes. On garde en mémoire l’hommage vibrant et sincère rendu par M à Claude Nougaro lors des Victoires de la Musique au mois de mars 2005. Bidonville, magnifique chanson aux rythmes d’Amérique du Sud, a été reprise deux fois durant le concert : par la Nantaise Jeanne Cherhal, artiste révélation de l’année 2005, qui s’est livrée à une interprétation musicalement épurée pour un résultat poignant et par les Toulousains, les Zebda Mouss et Hakim, qui ont offert une version rock ultra moderne.

Car Nougaro, c’était aussi Toulouse, sa ville natale, à laquelle il dédia une de ses plus belles chansons. Sur scène et dans le public, les Toulousains étaient venus saluer le talent de l’enfant du pays. Art Mengo, chanteur de la ville rose, a interprété le Coq et la pendule de sa voix légèrement éraillée. Il avait dédié une chanson à Nougaro Monsieur Claude dans son dernier album. On pouvait apercevoir dans les gradins l’ancien maire de la ville, Philippe Douste Blazy.

Autres artistes au programme : l’actrice Sandrine Kiberlain, qui fait ses premiers pas dans la chanson avec la sortie de l’album Manquez plus qu’ça, ainsi qu’Aldo Romano ou David Lynx, qui ont collaboré avec Claude Nougaro. Au final, la soirée fut rythmée, alternant chansons et versions instrumentales, servis par des musiciens de renom tels que les pianistes Yvan Cassar et Eric Legnini, le saxophoniste Stéphane Guillaume, le batteur André Ceccarelli, ou encore le trompettiste Stéphane Belmondo. En maître de cérémonie Yvan Cujious ponctuait les interludes en évoquant Nougaro. Le chanteur. L’homme.

Adepte d’une musique métissée, mélangeant jazz, rythmes du monde et poésie, il aurait apprécié le mélange des genres musicaux, tout simplement peut être parce qu’il les transcendait. Un concert également placé sous le signe du coeur : les artistes étaient  présents à titre bénévole et les profits de la soirée seront reversés à un association caritative de lutte contre le cancer.

Stéphanie Secqueville