Tahiti 80 sous influences soul

Quatorze plages de pop un peu blanche, qui prennent les couleurs de la soul et du funk : Tahiti 80 débarque avec Fosbury, son troisième album. Interview de Xavier Boyer, chanteur et compositeur du groupe.

Nouvel album du groupe rouennais

Quatorze plages de pop un peu blanche, qui prennent les couleurs de la soul et du funk : Tahiti 80 débarque avec Fosbury, son troisième album. Interview de Xavier Boyer, chanteur et compositeur du groupe.

 

 Tahiti 80 est composé des rouennais Xavier Boyer, chanteur et compositeur, Sylvain Marchand, batteur, Mederic Gonthier, guitariste, et Pedro Resende, bassiste et ingénieur du son. L’interview se déroule dans une voiture pleine à craquer qui sillonne Paris, le groupe ayant rendez-vous sur un plateau de télévision dans la banlieue ouest.

En prélude à ce troisième album, vous avez organisé des soirées Tahiti Party. C’est nouveau ?
Xavier Boyer : Non, cela fait déjà quelques temps que nous faisons des DJ sets professionnels, par exemple en tournée, après nos concerts. L’été dernier, j’avais aussi joué dans une soirée Respect. On commençait à faire cela un peu plus sérieusement que seulement pour les fêtes entre amis. Nous n’avions pas donné signe de vie depuis longtemps. Et cela nous semblait une façon assez naturelle et assez sympa de se retrouver dans une ambiance joyeuse. Pour le public, c’est aussi important d’entendre nos influences, ce que l’on écoutait pendant l’enregistrement de l’album. Comme nous devions préparer les sets pour ces soirées, nous avons écouté beaucoup de morceaux qui ont influencé notre écriture. Des morceaux soul, toujours, mais aussi plus dancefloor.

Quels sont les disques que vous avez écoutés pendant votre enregistrement ?
Il y avait un iPod en studio. Nous avions un peu une relation télépathique avec cet objet électronique. Par exemple, si nous étions bloqués sur un morceau, on faisait une pause, quelqu’un écoutait l’iPod et le morceau nous donnait généralement la solution pour la chanson sur laquelle nous étions en train de travailler. Par exemple, pour la chanson What Next, on est passés par 25 phases, on changeait les accords tout en gardant la mélodie de voix... À un moment, en écoutant My Girl des Whatnauts, de la soul sixties, on a fait quelque chose de beaucoup plus spontané. On a pas mal écouté de vieux Michael Jackson, entre les Jackson Five et Off the wall, mais aussi l’album de The Avalanches, si dense.

Du hip hop ?
Nos racines, ce sont le rock et la pop blanche. Après deux albums, nous étions capable de faire ressortir nos influences soul, sans que cela soit un plagiat, comme Level 42. On ressentait beaucoup plus d’affinités avec Outkast, Nerd ou Cody Chestnutt, qu’avec les White Stripes, les Strokes ou Muse. C’est une musique un peu rétrograde qui ne nous fait pas rêver.

Vous avez sollicité Serban Ghenea et Neal Pogue, les ingés son d’Outkast et Nerd...
Ils ont l’habitude de travailler avec des groupes qui vendent beaucoup de disques, mais ils nous ont fait payer moins cher, parce que cela les changeait un peu. Neal s’est beaucoup investi, puisqu’il est venu finir le disque avec nous à Rouen. Serban a travaillé depuis la côte est des Etats-Unis. Nous ne l’avons jamais rencontré, un peu comme Charlie et ses Drôles de dames !

 

    Outkast et Nerd n’hésitent pas à marier rock et hip hop...
Run DMC et Aerosmith, ça fonctionne encore, des titres des Beastie Boys aussi. Nous aimons bien le hip hop, mais on a du mal à écouter un album complet : on trouve que cela manque de mélodies. Donc nous avons essayé de transformer des bases hip hop pour les mettre à notre sauce. Changes en est un bon exemple, avec une production très minimale, simplement une rythmique de batterie et un chant assez rythmé. Et cela ne sonne pas comme du hip hop classique, ni comme du rock ou de la pop que l’on a l’habitude d’entendre.

Tahiti 80, ce sont surtout des chansons d’amour. Pourquoi ?
Parce que j’ai les cheveux longs et que je suis un peu romantique (rires). On adore des groupes comme les Who, les Stooges... mais cette agressivité ne ressort pas dans notre musique. Rien ne sert de forcer le trait, il faut rester le plus naturel possible. Et nous avons un modèle : les Beatles, forcément.

Où se situe est votre famille musicale en France ?
À l’extérieur... On a peu de rapports avec Dyonisos, Luke ou Mickey 3D. Ils sont très sympas, mais nous faisons des styles de musique totalement différents. Il y a des groupes français qui chantent en anglais, comme Fugu, à Nancy. On a chacun sorti notre disque de notre côté et nous nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup en commun. Il n’y a pas une scène pop française, mais des filiations que l’on retrouve après coup.

Avec Air, on ne se connaît pas du tout, ils sont moins axés pop. On a peut-être plus de points communs avec Phoenix : les mêmes influences pop-rock mais la volonté de s’ouvrir à l’electro ou à la musique noire.

Pourquoi chantez-vous en anglais ?
J’ai tout de suite chanté en anglais, parce que toutes mes influences étaient anglo-saxonnes. Et c’est attrayant de chanter dans une autre langue, il y a un aspect ludique à ne pas avoir les réflexes de sa langue maternelle, cela donne du recul sur soi. L’anglais permet de prendre beaucoup plus d’inflexions au niveau de la voix, qui seraient ridicules en français. D’ailleurs, la moitié des chanteurs français utilise l’intonation anglaise, c’est vraiment très mauvais. La salsa sera toujours meilleure en espagnole. La langue de la pop reste l’anglais.

Tahiti 80 Fosbury (Atmosphérique) 2005