VU D’AILLEURS mai 2005

Derrière Keren Ann et Benjamin Biolay, la nouvelle vague de la chanson française devient hype aux Etats-Unis. Dans le même temps, Etienne de Crécy et Alex Gopher en tête, nos DJs font danser l’Asie et l’Australie.

Chantons en Amérique, dansons en Asie

Derrière Keren Ann et Benjamin Biolay, la nouvelle vague de la chanson française devient hype aux Etats-Unis. Dans le même temps, Etienne de Crécy et Alex Gopher en tête, nos DJs font danser l’Asie et l’Australie.

 

 La France séduit à nouveau l’Amérique. Sans pour autant conquérir le coeur du pays profond, la nouvelle chanson française fait oublier, dans les médias pointus, le lamentable french bashing d’il y a deux ans, quand les administrations américaine et française se crêpaient le chignon au sujet de l’invasion de l’Irak. Fin mars, le prestigieux New York Times consacrait une page à Benjamin Biolay, un honneur rare. Dans son édition du 4 avril, le très respecté Village Voice tentait d’expliquer cet engouement retrouvé pour la chanson en français. "Il y a six ans, tout le monde pensait que la musique française était horrible", déclare sans hypocrisie Dan Cohen, du label V2 Records. Ce regain d’intérêt actuel s’opère "sous la forme la plus séduisante qui soit : la chanteuse française". "Un groupe de talentueuses chanteuses, doucement toxiques " sort du lot, " parmi elles Carla Bruni et Coralie Clément (la soeur de la pop star Benjamin Biolay), dont les albums en français Quelqu’un m’a dit (V2) et Bye Bye Beauté (Nettwerk) sont respectivement sortis officiellement aux U.S.A. ce printemps, et l’Israélienne de naissance basée à Paris, Keren Ann, la figure la plus connue de cette scène". Si, pour l’heure, "aucune d’elles n’est au sommet de la célébrité", à force de patience, peut-être deviendront-elles aussi célèbres que Patricia Kass, la chanteuse francophone la plus connue à l’étranger après Céline Dion.

 

 Justement, Patricia Kaas, après Jean-Michel Jarre, représentera la France, dans le cadre de l’année de la France en Chine. Annonçant la venue de la star le 15 mai prochain à Pékin, l’agence de presse Xinhua la présente d’une drôle de manière au public chinois : "La Chine souhaite la bienvenue à la Madonna européenne" - connue pour "son style de musique trash" ! Même si le dernier album de Patricia Kaas, Sexe fort, la montre plus extravertie qu’auparavant, on est bien loin de la sulfureuse Nina Hagen ou de la provocante Madonna. Quoiqu’il en soit, "le concert (à Pékin) sera l’un des moments les plus importants des évènements culturels de l’année de la France en Chine". Deux semaines plus tôt, Mademoiselle Kaas "jouera en Corée à partir du 30 avril, sa troisième série de concerts après ses visites en 1994 et 2002", annonce le quotidien sud-coréen Chosun (25/4).

 

 Pour un peu, les chanteurs français voyageraient autant que nos DJs. Ces derniers, toujours très prisés à l’étranger, n’ont pas été en reste en avril. C’est le cas d’Etienne de Crécy et Alex Gopher, partis en tandem animer en Australie un set Super Discount 2 (du nom de la dernière compilation de leur label, Solid). Pour l’occasion, le quotidien national The Age a consacré un article, dans son édition du 15 avril, à ces artistes qui "reconstruisent la house" et possèdent un "certain je ne sais quoi" (en français dans le texte). "Quand le premier volume de Super Discount est sorti en 1996, très peu de gens étaient au courant de l’existence d’une scène dance underground française. Certainement, personne n’avait entendu ses stars, des gens comme Daft Punk, Cassius ou Stardust, ou des talents émergeant comme St Germain, Alex Gopher, Kid Loco, Air et Motorbass." Une décennie plus tard, le récent CD Super Discount 2 "fut un choc pour ceux qui attendaient un album de plus de deep house" car aujourd’hui, aux dires de maître De Crécy, "la house music est peut-être un peu fatiguée, aussi certains essaient de trouver une nouvelle direction pour rendre cette musique plus fraîche".

 

 Face à l’Australie, il y a l’Asie, continent de plus en plus visité par les musiciens de France. "Le DJ français Stéphane Pompougnac a récemment servi des extraits de sa dernière compilation Hôtel Costes 7 lors d’une soirée organisée par le Sofitel Silom", rapporte sobrement le Bangkok Post (27/3). Stéphane Pompougnac n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Qui, par exemple, se souvient de DJ Le Tone ? Au crépuscule du siècle dernier, il connut sa petite heure de gloire avec le titre house Joli dragon, tiré de l’album Le Petit nabab. Depuis, dans la plus grande discrétion, il tourne, et se ressource musicalement pour de nouvelles aventures discographiques. Dernièrement, d’après Express India (24/4), "Le Tone était à Delhi pour un mois, afin de travailler sur son deuxième album (en fait son troisième – ndlr), Impressions Of India, un projet parrainé par l’ambassade de France", avec la collaboration de la chanteuse indienne traditionnelle Meeta Pandit et de l’artiste pop Smriti Minocha. Pendant que Le Tone bossait dur à Dehli, DJ Neuromotor taquinait les platines au BED de Calcutta. "Après avoir joué à Dehli, Mumbai, Hyderabad et Pune, le Français a fait en sorte que les fêtards de cette ville rockent jusqu’aux premières heures du samedi" au son "des rythmes high-energy d’une musique palpitante" - "une nouveauté à Calcutta", estime le journal The Telegraph (3/4).