Louise au Brésil

Le quatuor phénomène du rock français est de retour. Avant la sortie d'un troisième album fin septembre, les Louise Attaque se sont lancés dans une tournée mondiale qui les a vu passer par la Russie, l'Inde et l'Amérique du Sud. Dernière date de ce périple, Sao Paulo au Brésil, le 25 mai, où l’on a pu constater tout le plaisir qu'éprouvent les musiciens à se retrouver ensemble. Reportage.

Louise Attaque termine sa tournée de reformation à Sao Paulo

Le quatuor phénomène du rock français est de retour. Avant la sortie d'un troisième album fin septembre, les Louise Attaque se sont lancés dans une tournée mondiale qui les a vu passer par la Russie, l'Inde et l'Amérique du Sud. Dernière date de ce périple, Sao Paulo au Brésil, le 25 mai, où l’on a pu constater tout le plaisir qu'éprouvent les musiciens à se retrouver ensemble. Reportage.

 

 Au début, on osait à peine y croire. Après quatre ans de pause et les expériences Tarmac et Ali Dragon, les Louise Attaque allaient-ils trouver l'envie de se reformer ? Bien sûr, il n'a jamais été question de réelle séparation, juste d'une simple prise de recul. " On avait prévu une pause parce qu'à un moment c'était devenu trop compliqué, commente Arnaud, le violoniste du groupe. On se sentait de moins en moins créatif. On était soumis à un certain nombre de pressions venues de l'extérieur, mais aussi de notre propre intérieur, de nos propres relations. En quatre ans on a accumulé des expériences musicales et humaines. En se retrouvant pour préparer le troisième album, on a bénéficié de ce double capital. Tout ça nous a permis de digérer le passé et de retrouver une réelle spontanéité. " A les voir heureux de jouer ensemble, complices en toutes circonstances, on se dit que ça valait bien le coup d'attendre.

Après une aventure qui les a vu se produire devant des publics russes ou indiens, les Parisiens se frottent cette fois au Brésil et à ses ambiances survoltées. Sauf qu'au mois de mai à Sao Paulo, c'est la saison des averses. Les rues en pente de la ville ressemblent à des torrents, les incessants coups de tonnerre donnent au décor un air de fin du monde. La métropole brésilienne est également connue pour ses embouteillages fameux et les Louise ont pu en faire les frais à quelques heures de leur concert. Le groupe bloqué en plein centre ville dans un minibus qui avance de quelques mètres toutes les cinq minutes, la balance semble sérieusement menacée. Le véhicule sera finalement abandonné et la fin du trajet se fera au pas de course sous une pluie toujours battante. " C'est rock'n'roll !!! ", commente Marc Thonon, le patron de leur label, Atmosphériques, qui a effectué le voyage pour cette date. Dans le même temps, absolument pas stressés, Gaëtan (chanteur) et Arnaud échangent leurs impressions sur le repas du midi, " une excellente cuisine juive qui a rappelé à Arnaud sa grand-mère... "

 

    19 heures, alors que le concert débute deux heures plus tard, les Louise arrivent enfin au SESC Pompeia, un grand centre culturel installé dans une usine rénovée du début du XXème siècle. On croise tout de suite beaucoup d'étudiants venus travailler à la bibliothèque, assister à des projections ou simplement boire un verre. La salle dans laquelle se produit le groupe s'appelle la Choperia, ce qui signifie le lieu où l'on boit des bières ! A un détail près, Gaëtan est immédiatement séduit par l'ensemble. " On joue dans une salle avec du carrelage au sol, je ne suis pas convaincu que ça soit bien pour le son... mais sinon l'idée du complexe culturel est vraiment bien et cette ancienne usine est très belle. Ça a un petit côté Villette ! " Pour la première fois de la tournée les Louise partagent l'affiche avec un jeune groupe local, Hurtmold. Ce qui a de quoi ravir ceux qui ont toujours tout fait en France pour promouvoir des formations qui débutent, par exemple les Mickey 3D. Autre motif de satisfaction, le prix du concert : 10 Reais et 5 pour les étudiants (3 et 1.5 euros). Une politique d'accès à la culture pour le plus grand nombre à laquelle le quatuor a souvent adhéré.

La balance vite expédiée, à 21 heures, les Louise Attaque montent enfin sur scène. Dans la salle, le public a répondu présent, ce qui rassure Bruno Boulay du Bureau Export de la Musique Française au Brésil : " honnêtement, je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde. Mais hier le concert a été annoncé dans un guide culturel de Sao Paulo et le bouche à oreille a très bien fonctionné au sein de la communauté française. " Résultat, près de mille personnes sont là pour applaudir les Parisiens. "C'était impensable pour moi de voir Louise Attaque ici au Brésil, commente une jeune expatriée, la voix cassée à force d'avoir trop chanté. Je les connaissais quand j'habitais en France et là ils nous ont vraiment offert un super concert. " Un concert rendu possible grâce au programme Génération Musiques de l'Association Française d'Action Artistique, un organisme qui s'occupe de promouvoir la culture française à l'étranger.

 

 Musicalement, le set d'une heure et demie est à la hauteur des espérances. Le son est plus dense qu'auparavant, Gaëtan a troqué sa guitare acoustique contre une électrique et Alex, le batteur, envoie des samples qui créent de nouvelles ambiances. La tonalité reste bien sûr résolument rock, tout comme l'attitude des musiciens sur scène. Arnaud fait des bonds de cabri sur l'apocalyptique Toute cette histoire, pendant que Robin frotte énergiquement sa basse sur le pied de son micro. Les nouveaux morceaux séduisent sans problème un public qui sait se montrer attentif et qui se déchaîne sur les classiques J't'emmène au vent, Ton Invitation ou Léa. Manifestement peu à l'aise avec le portugais, Gaëtan n'oublie cependant pas le traditionnel obrigado (merci) à la fin de chaque titre.

Après le concert vient l'inévitable rencontre avec les fans, charmés par la gentillesse et par la disponibilité du groupe. La soirée brésilienne se prolongera jusqu'à tard dans la nuit. Le lendemain matin, les Louise quittent Sao Paulo pour New-York où ils doivent finaliser l'enregistrement de leur troisième album. Rendez-vous donc fin septembre pour la sortie très attendue de ce disque. En attendant, les Parisiens joueront au Grand Rex le 17 juin, dans quelques festivals cet été, puis ils entameront une grande tournée française à la rentrée. Avant de revenir très vite au Brésil, plus longtemps cette fois, ils l'ont promis. Il y a quelques mois, on pouvait croire la formation définitivement enterrée. Mais pour Louise Attaque, il reste encore toute une histoire à écrire...