Musiques Métisses 2005
Le plus gros rendez-vous français en matière de musiques du monde célèbre ses trente années d’existence en Charente. Une belle fête qui débute ce mercredi 1er juin dans la ville d’Angoulême. On ne saurait oublier que c’est là que furent propulsées des carrières aussi fulgurantes que celles de Cesaria Evora et de Johnny Clegg, qui revient d’ailleurs à l’affiche cette année pour le plus grand plaisir des "habitués". Entretien avec Christian Mousset, le maître de cérémonie.
La trentième de Mousset...
Le plus gros rendez-vous français en matière de musiques du monde célèbre ses trente années d’existence en Charente. Une belle fête qui débute ce mercredi 1er juin dans la ville d’Angoulême. On ne saurait oublier que c’est là que furent propulsées des carrières aussi fulgurantes que celles de Cesaria Evora et de Johnny Clegg, qui revient d’ailleurs à l’affiche cette année pour le plus grand plaisir des "habitués". Entretien avec Christian Mousset, le maître de cérémonie.
30 années d’existence pour un festival... Une belle histoire, non ?
Je n’aime pas trop tirer les bilans. Mais c’est quand même trente ans de rencontres incroyables, de découvertes musicales, de rencontres avec les publics. Pour moi, c’est trente ans de bonheur. Au bout du compte, j’ai l’impression qu’on a un peu servi à quelque chose, c’est à dire qu’on a essayé de faire rentrer des musiques qu’on n’entendait pas souvent en France ou en Europe. De les faire découvrir. Je pense qu’il y a eu quelques réussites, même si tout n’a pas fonctionné comme je l’aurais voulu. Je suis assez content de ces trente ans. Pas tellement pour moi et pour mon travail mais pour les gens qui ont été soutenus ou découverts à travers ce festival.
Parlons chiffres ! Quelle affluence ? Qui vient à ce rendez-vous ?
On a commencé comme tous les festivals. C’était mille personnes sur trois jours, un festival plutôt organisé par des copains, on avait mis un peu d’argent chacun. Alors évidemment, ça a beaucoup évolué. Maintenant, on arrive à toucher 50 à 60.000 personnes sur quatre ou cinq jours, plus la décentralisation et tout ce qui se fait autour du festival. C’est un festival qui est assez bien fréquenté, qui a un "bon retour" public, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, puisqu’on fait beaucoup de résidences dans la région avec des musiciens de partout, des rencontres avec des jeunes, des ateliers... Je pense qu’il est bien intégré dans la Charente, le festival. Pas seulement à Angoulême, je pense au public charentais. Puis après, il y a les autres publics, les professionnels qui viennent faire leur marché ou pour faire des découvertes, les gens qui viennent d’ailleurs, des Parisiens par exemple. Mais c’est d’abord et avant tout un festival avec une audience régionale très importante.
Chaque année est un véritable défi à relever en matière de budget. Les montages financiers peuvent paraître parfois laborieux. Deux mots sur le budget de ce trentième anniversaire ?
Est-ce que vous arrivez à vous autofinancer quelque peu ?
On a 30% d’autofinancement. Le reste, c’est de la subvention, du sponsoring, des aides en nature, etc. On a 30% de recettes de billetteries, un peu plus certaines années. Pour cette année, j’espère arriver à 40%.
Tout au long de son histoire, le festival a servi de tremplin pour de nombreux artistes des musiques du monde. Cesaria Evora à ses débuts sur la scène internationale, Johnny Clegg et sa caravane sud-africaine... Mais aujourd’hui que le concept de world music atteint une sorte de point de saturation, que peut encore apporter un tel festival ?
En fait, vous avez été un peu avant-gardiste sur ce coup. Penser à l’avènement de la sono mondiale en France, avant que le déferlement que l’on connaît ne submerge le monde, reste une prouesse. Il y a eu ensuite le discours sur le métissage, sur la diversité, qui est venu renforcer vos intuitions premières. Mais pour cette 30ème édition, on a l’impression de revoir les mêmes têtes, beaucoup de valeurs sûres en tous cas et peu de jeunes talents. Comment vous l’expliquez ?
Tout à fait. Là, c’est la trentième, je pouvais quand même me faire plaisir. En même temps, ce n’est pas juste. J’ai Nathalie Natiembe, qui est une chanteuse réunionnaise, que peu de gens connaissent. Charles Kely, un jeune guitariste malgache. Le problème, c’est qu’on ne peut pas faire des découvertes tous les ans, surtout quand il s’agit du 30ème anniversaire. Disons qu’on a eu une espèce... non pas de demande... mais une pression amicale de la part de certains bailleurs de fond et de la part du public d’Angoulême, parce qu’il faut je tienne aussi compte de mon public. Ils veulent des trucs un peu anniversaires, un peu festifs. Le public trouve un grand plaisir aux retrouvailles avec des artistes déjà programmés. Donc cette année, je n’ai pas réussi à faire le grand écart comme je le fais d’habitude, c’est-à-dire à avoir autant de "découvertes" que de "retours".