Mickey 3D
Plus que jamais ouvertes sur le monde, les oreilles de Mickey 3D ont collecté pour nous quelques belles mélodies et un rock toujours aussi savoureux. Ils en ont fait un Matador, dernier album en date, marque d'un certain changement de cap.
Matador
Plus que jamais ouvertes sur le monde, les oreilles de Mickey 3D ont collecté pour nous quelques belles mélodies et un rock toujours aussi savoureux. Ils en ont fait un Matador, dernier album en date, marque d'un certain changement de cap.
Jamais O ! grand jamais, Mickey et sa petite troupe ne se sont départis, en dix ans de succès, d’un certain naturel et d’une simplicité qui laisse admiratif et réjouit un public ayant trop souvent affaire à des héros qui perdent les pédales dans le grand sprint de la gloire.
Ainsi Michael Furnon, se prête t-il avec une certaine bonhomie aux questions des journalistes qui lui paraissent tellement en décalage avec ce que vit la troupe forézienne. Qu’on s’étonne de la prolixité du groupe et s’inquiète du rythme à soutenir ... et lui, goguenard, de s’étonner de notre étonnement. "Moi ? Je trouve au contraire que cela ne va pas assez vite. En fait, on pensait faire une pause, mais au bout d’un moment on s’ennuie. Moi, je suis toujours en train d’écrire de nouvelles chansons". C’est ainsi qu’entre une collaboration avec Pauline Croze, un duo avec Jane Birkin, une pige pour les ex-Cornu : Captain Cavern et la résurrection du groupe Nopajam conduit par le batteur du groupe, Mickey joue les maousses du featuring et de l’écriture sur commande. Dernière en date : Dick Rivers ! L’ancien Chat Sauvage a fait patte de velours pour convaincre Mickey de lui écrire quelques chansons ... "Il n’y a aucun lien musical entre nous, mais je l’ai trouvé marrant quand il m’a laissé un message chez moi sur le répondeur. Il est drôle le gars, il ne se prend pas au sérieux. Dans sa tête, il a vingt ans". Résultat à attendre et à entendre pour la rentrée.
Pour Matador, de son propre aveu, Mickey voulait un album beaucoup plus poétique et au chant plus présent que sur les autres albums récitatifs. "J’avais envie d’imposer un exercice de style avec une chanson comme Matador. Y décrire la relation homme-femme comme ce que peut être une corrida. Où l’un veut saisir la main de l’autre qui l’esquive en jouant les matadors. C’était plus de la poésie que de la chanson engagée, car j’en ai un peu marre de cette étiquette engagée qui nous colle". Nous y voilà donc, au noeud gordien de l’affaire. Le point noir qui a fait de ce quatrième album le jalon d’un renouveau chez les Mickey. Plus d’harmonie et de musique, moins de bla-bla et de slogan politico-écologique. Mickey 3D, le groupe qui dans la même grande respiration soufflait un vent de révolte sur le Grand Jacques, le petit Nicolas ou les JT de 2Oh qui font peur à la France, ce Mickey 3D là n’est pas engagé, qu’on se le dise ! On pourrait pourtant être effleuré par cette idée saugrenue lorsqu’on entend La mort du peuple sur le rôle d’un président hexagonal et fantoche.
De même, Il faut toujours viser la tête envoie au casse-pipe des dirigeants internationaux qui ont la fâcheuse tendance à se prendre pour les maîtres du monde. "Ce n’est pas un appel à la révolte, c’est plus un constat pour dire : C’est la merde ? ! ? mais c’est normal avec des Américains qui se prennent pour les flics de la planète ! Il est logique que des gens qui ne les connaissent pas à des milliers de kilomètres se révoltent. Je ne veux pas qu’on dise que je suis quelqu’un d’engagé, je ne suis pas plus engagé que n’importe quel citoyen. Tout le monde a ses idées. Moi, je le mets dans mes chansons, mais je ne vais pas faire la révolution".
Engagé, Mickey 3D l’est au moins dans le monde artistique en mettant son succès au service d’inconnus. C’est ainsi que leur nouvelle société de production, Moumkine Music, vient de produire l’album d’Yvan Marc : Des chiens, des humains. "On est du même village. Je l’accompagnais à la guitare à une époque. On s’est toujours suivi et j’ai voulu lui donner un coup de pouce. J’ai envie que les gens découvrent des types comme lui et son côté pince-sans-rire". Mais les artistes en développement connaissent un écueil qui inquiète Mickael : le piratage. "Entendons nous bien. Que des artistes comme nous, qui vendent trois à cinq cent mille disques s’en fasse télécharger 30.000 c’est chiant, mais il n’y a pas mort d’homme. En revanche, si les mômes s’amusent à pirater un mec comme Yvan ou d’autres qui débutent, et bien, c’est autant qu’ils ne vendront pas. Là, cela devient grave parce qu’ils comptent sur ces ventes pour pouvoir tourner ensuite. S’ils ne vendent pas un minimum, personne ne les programmera en salle. Si j’ai un message à faire passer c’est : ne téléchargez pas les artistes qui débutent, sinon vous les tuez artistiquement. Achetez leur disque !". Profitez en aussi pour acheter Matador, vous ne le regretterez pas !
Mickey 3D Matador (Virgin/EMI) 2005
Yvan-Marc Des chiens, des humains (Virgin/EMI) 2005