Unisida Sénégal

Qui aurait pu imaginer qu’un jour, un même disque parviendrait à réunir des artistes aussi différents que le rappeur Joey Starr et le chanteur de variété Gilbert Montagné ? Et pourtant, ils ont immédiatement répondu présent à l’appel lancé par l’association UNISIDA, à l’image des trente artistes qui figurent sur la compilation Sénégal, destinée à aider les enfants orphelins du SIDA.

Quand la musique adoucit les coeurs.

Qui aurait pu imaginer qu’un jour, un même disque parviendrait à réunir des artistes aussi différents que le rappeur Joey Starr et le chanteur de variété Gilbert Montagné ? Et pourtant, ils ont immédiatement répondu présent à l’appel lancé par l’association UNISIDA, à l’image des trente artistes qui figurent sur la compilation Sénégal, destinée à aider les enfants orphelins du SIDA.

      On estime aujourd’hui à 40 millions le nombre de personnes contaminées par le virus du SIDA dans le monde, dont près de 28 millions uniquement sur le continent africain. A ce chiffre terrifiant, il est impératif d’ajouter les 12 millions d’orphelins du VIH qui ont vu leurs parents emportés par la pandémie en Afrique subsaharienne. Les statistiques de l’UNAIDS prévoient qu’ils seront plus de 24 millions d’ici 2010... Dans certaines régions, un enfant sur deux naît séropositif. Ces orphelins, livrés à eux-mêmes, vivent dans la plus grande pauvreté et se retrouvent bien souvent exploités sexuellement quand ils ne sont pas recrutés pour le travail forcé.

C’est pour tenter d’endiguer cette situation dramatique que l’association UNISIDA a créé le concept des "maisons du bonheur". "Les enfants infectés ou affectés par le SIDA sont totalement délaissés car ils deviennent tabous : plus personne ne veut avoir de contact avec eux alors que l’on n’attrape pas le SIDA en embrassant ou en jouant avec un gamin" explique Bertrand Jeanne, le président d’UNISIDA. "On a donc créer ce concept de maison du bonheur, qui relève d’une stratégie de prise en charge globale et systématique des enfants touchés par le SIDA. Ces maisons seront composées d’un orphelinat mais aussi d’un centre de santé". La première pierre de la première maison du bonheur a été posée le 1er décembre 2004 au Sénégal.

 

 La récolte de fond étant l’un des principaux chevaux de bataille dans le combat que mène UNISIDA contre le VIH, Bertrand Jeanne a choisi d’utiliser la musique pour toucher le plus grand nombre de personnes. Il a donc invité une trentaine d’artistes issus d’horizons très différents – voire radicalement opposés – pour participer à ce projet musical et humanitaire intitulé Sénégal. "Nous avons souhaité créer un métissage", raconte le président d’UNISIDA. "Dans chaque titre de cette compilation, vous avez un Africain qui chante avec un Européen ou un Américain. Ça crée une musique totalement différente. Quand il s’agit du bonheur des enfants, les frontières n’existent plus". Voilà pourquoi il n’est pas étonnant de voir cohabiter sur ce disque de véritables monuments de la chanson (Henri Salvador, Manu Dibango, Ismaël Lo), avec des chanteurs de variété (Gilbert Montagné ou Jean-Luc Lahaye), et des artistes plus "actuels" issus des scènes rap et reggae (Joey Starr, les Nég’Marrons, Positive Black Soul ...). "Il n’y a que dans la prévision ou dans la prévention de la détresse que les artistes peuvent créer un semblant d’unité pour faire quelque chose. Dans le milieu de la musique, c’est plutôt la compétition qui règne. Chacun suit sa carrière et veut être au top alors que dans un projet comme UNISIDA, personne ne vient se poser en vedette. Ce sont les autres que l’on veut mettre au top", résume sans langue de bois Toma, un jeune chanteur reggae.

 

    Et c’est bien dans ce mélange d’influences que résident la force et la richesse de cette compilation, comme nous le prouve le titre phare du projet : Que le mot soit perle. En alliant leurs voix suaves au charme suranné du timbre d’Henri Salvador, les belles Nubians nous offrent, sur fond de bossa, l’un des plus beaux moments du disque. Déjà marraines d’une association luttant contre le SIDA au Cameroun, les deux princesses nubiennes se sentent extrêmement concernées par l’engagement d’UNISIDA. "Le sida est un fléau international, mais le continent africain est d’autant plus touché de par sa pauvreté. En outre, le lobby pharmaceutique est toujours aussi rigide et ne cherche pas de véritables solutions pour le continent. C’est un problème de santé publique internationale. Ce disque permet donc d’engager la discussion sur le continent africain, mais aussi de la continuer ici !", s’écrient-elles. Et lorsque Joey Starr pose sa voix rocailleuse sur Africa More, c’est pour tenter de réveiller les consciences et de nous faire oublier le temps d’un morceau, nos petits problèmes quotidiens ... un titre pour le devoir de mémoire porté à bout de rimes par les rappeurs du BOSS et la puissance vocale de Djoloff. Djoloff, talentueux toaster sénégalais que l’on retrouve associé au reggaeman français Lyricson sur l’urgent Akhirou Zamane. Et si la qualité des productions reste assez inégale, la justesse de tous ces duos donne une véritable cohérence à l’ensemble, à l’image de l’excellent Run Cool où les Positive Black Soul rencontrent Ki Mani Marley, l’un des (nombreux) talentueux fils de Bob Marley. Loin d’être une énième compilation tiers-mondiste, Sénégal parvient, par ses duos, à créer un véritable lien entre l’Occident et le continent africain. Une réussite artistique donc mais aussi humanitaire puisque l’intégralité des bénéfices seront reversés à la construction de ces maisons du bonheur.

Unisida, Sénégal (Nocturne) 2005
Pour envoyez vos dons : UNISIDA, 5 rue Crevaux, 75016 Paris, France

*Joint United Nations Programme on HIV/AIDS