Magic System
Avec Cessa kié la vérité, leur nouvel album, les Ivoiriens de Magic System, auteurs du célibrissime Premier gaou, recyclent les ingrédients de leur réussite et partent à la conquête de nouveaux publics.
Cessa kié la vérité
Avec Cessa kié la vérité, leur nouvel album, les Ivoiriens de Magic System, auteurs du célibrissime Premier gaou, recyclent les ingrédients de leur réussite et partent à la conquête de nouveaux publics.
Juin 2001, juin 2005 : quatre ans de pause entre l’album Poisson d’Avril et Cessa kié la vérité le nouvel opus de Magic System. Quatre ans nécessaires pour laisser aux différents tubes de Magic System le temps de conquérir les multiples marchés cibles européens et africains.
Depuis, le remix de Premier Gaou par Bob Sinclar qui a permis au groupe de véritablement s’imposer dans les charts européens, les tubes internationaux se sont succédé. Aujourd’hui, le phénomène Magic System, du jamais vu pour un jeune groupe africain depuis le Yéké Yéké de Mory Kanté, continue sa vertigineuse progression à grands coups de featurings audacieux. En duo avec la jeune Leslie, Brenda Fassie, monument de la musique sud-africaine, ou le groupe de rap 113 pour un Gaou à Oran, les quatre petits gars de Marcory foncent, et cela marche.
Album "double emploi"
Ainsi, la machine Magic System s’est remise en route pour Cessa kié la vérité, un album signé chez Virgin et qui obéit aux règles désormais classiques de fonctionnement du groupe. Plusieurs titres sont calibrés pour les pistes de danse : rythmiques calquées sur les succès précédents et reconnaissables dès les premières notes du morceau, choeurs, synthés, tout y est. Pourtant, malgré un petit goût de déjà vu, l’énergie reste la même, indéniablement entraînante. Le premier titre de l’album, Petit pompier reprend la thématique de l’amour par intérêt qui avait fait le succès de Premier gaou. Cette fois-ci, ce sont les "dames de feu" et leurs gigolos, les "petits pompiers" qui sont passés au crible de l’humour zougloutique. Pour Bouger bouger, qui s’annonce déjà comme un incontournable de l’été 2005, le groupe a réitéré une fructueuse (et certainement juteuse) collaboration avec le Malien Mokobé du 113.
Avec le titre Matilisso, Magic System rend hommage à Brenda Fassie, "nous avions chanté ensemble pour Poisson rouge, sur le titre Kodjo kodjo tiré alors Brenda Fassie nous avait invités fin 2002 à Johannesburg pour enregistrer un titre en duo sur son album. Avant la sortie de celui ci, Brenda est décédée. Nous avons alors décidé d’insérer Matilisso dans Cessa kié la vérité. C’est un titre aux sonorités nouvelles, qu’on pourrait qualifier de zoulou-zouglou" souligne malicieusement l’un des membres du groupe. Magic System, qui aime visiblement la diversité musicale s’est aussi essayé au "reggae zouglou", en duo avec Alpha Blondy pour Tikilipo, (politique en verlan). Leur maison de disques commune, Virgin y est certainement pour quelque chose, mais pas seulement insiste Tino : "Alpha Blondy, c’est notre grand frère et c’est le doyen du reggae en Côte d’Ivoire. Nous, nous sommes les devanciers du zouglou, alors nous avons décidé de lancer ensemble un message de paix". Alors que la situation ivoirienne apparaît en demi-teinte sur bon nombre de morceaux, le groupe élude les questions liées à la crise politique, ou à leur statut de musiciens à Abidjan : "En Côte d’Ivoire, nous n’avons eu aucun problème avec qui que ce soit. Nous faisons de la musique et la musique aide les gens à oublier la guerre. Le zouglou lance des messages, tout en faisant rigoler les gens. Notre album est double emploi : tu l’écoutes en boîte, tu ne peux pas t’empêcher de danser. Tu l’entends dans ta voiture, alors tu écoutes le message : paix et réconciliation". Ratisser large
En effet, avec d’autres titres, chantés en mina, baoulé, bété, bambara, l’album se veut proche des racines abidjanaises et revendique l’"authenticité" du zouglou, made in Magic System. Le groupe assure d’ailleurs en choeur que le succès ne l’a pas fait changer et que c’est à Abidjan qu’il puise la majeure partie de son inspiration. A travers les ambiances bien produites des titres Amedjero, ou Doubéhi, les Magic reviennent d’ailleurs sur leurs débuts ou sur la difficulté de garder leurs amis d’enfance malgré leur réussite. C’est là qu’ils parviennent à innover tout en restant dans l’esprit qui les caractérise.
A l’inverse, d’autres morceaux, comme Ambiance à gogo ou Molo Molo ne présentent pas vraiment d’intérêt. Adressés selon le communiqué de presse aux "amateurs de nouvelles fusions urbaines zouk-latin-r'n'b-rap", ces morceaux très world music ne réussissent pas à convaincre. Cependant, le groupe assume simplement son désir de ratisser large : "Quand tu veux vendre sur d’autres marchés, tu dois ajouter d’autres genres" souligne Manadja. Et pour aller jusqu’où ? "Mmmh…jusqu’à l’infini !" répondent-ils avec malice.
Magic System Cessa kié la vérité (Virgin) 2005
En concert le 5/11/2005 à l'Elysée Montmartre à Paris