CERCLES INTIMES

Quel est le point commun entre Juliette Gréco et Chet ? Aucun, à priori, si ce n’est qu’ils étaient tous les deux à l’affiche du grand théâtre de la Coursive ce soir. Dans des registres différents, ces deux artistes ont toutefois su ouvrir au public les portes de leurs univers respectifs. Dans les deux cas intimistes, et jouant allègrement sur le registre de la sensualité.

Chet et Juliette Gréco en concert

Quel est le point commun entre Juliette Gréco et Chet ? Aucun, à priori, si ce n’est qu’ils étaient tous les deux à l’affiche du grand théâtre de la Coursive ce soir. Dans des registres différents, ces deux artistes ont toutefois su ouvrir au public les portes de leurs univers respectifs. Dans les deux cas intimistes, et jouant allègrement sur le registre de la sensualité.

      Avant même l’arrivée de Chet sur scène, l’ambiance est posée. Lumières rouges en fond, et au sol. Autour du micro, une guirlande -rouge également- décrit un cercle dans lequel évoluera le chanteur durant son spectacle. La formation minimaliste piano-voix -comme Vincent Delerm, diront certains persifleurs- en compagnie de son compère David Hadjadj, complète un dispositif intimiste. Si la vie s’écoule, dès le premier morceau, le spectacle se veut avant tout une présentation du dernier album de Chet, Hymne, le troisième de sa carrière en solo. Rencontre avec Sacha, un ami qui, contre vents et marées, à voile et à vapeur, vous veut peut –être du bien mais qui n’a surtout pas peur des rappeurs. Après avoir passé en revue quelques grands classiques, Freud, Marx, Kant, Nietzsche, Prince (référence à son concert du New-Morning en 85 avec citation en français dans le texte) ou encore la coupe du monde de foot de 78, le public s’installe progressivement dans le "cercle rouge". Il faut dire que Chet a un truc : sa boule d’amour, posée bien en évidence au bout du piano, l’émotion des spectateurs, pour la lui restituer ensuite.

A la fois libertaire et libertin, le nordiste se montre insolent juste ce qu’il faut -le temps de décréter lui-même le rappel et d’habiller Vincent Delerm pour l’hiver prochain-, sans tomber dans l’irrévérencieux : avant de s’effacer, il rend hommage à la grande dame dont les chansons ont bercé son enfance.

 

 Jamais, de mémoire de francofolien, tant d’égards et de sollicitude auront accompagné une "première fois" sur la scène des Francos. La venue de Juliette Gréco est assurément une des rencontres les plus attendues de cette 21ème édition des Francos. Une exposition lui est même consacrée au Carré Amelot.

Aussi, quand elle fait son apparition, texte de Gérard Manset à l’appui, le public s’invite naturellement dans le cercle, de lumière cette fois, qui entoure l’égérie de Saint Germain des Prés. Jolie môme, Un petit poisson, un petit oiseau, Trois petites notes de musique, C’était un train de nuit, Bruxelles, Juliette Gréco pioche dans un répertoire qui semble inépuisable, et qui fait la part belle à Brel, Ferré, Delerue, Aragon, Kosma, Gainsbourg et Gérard Jouannest, qui l’accompagne au piano pour l’occasion. Egalement entourée d’un quatuor, Juliette Gréco revisite certains titres (la Javanaise, le Temps des cerises) et se nourrit de la nouvelle scène francophone en incluant des morceaux de Miossec, Bénabar et Art Mengo.

Au final, un véritable récital, trois standing ovation et plusieurs rappels du public pour saluer la venue d’une chanteuse francophone populaire dans le monde entier.