L’appel électrique des Francos

On a slammé, pogoté, sauté et crié sur la place St Jean d’Acre ce vendredi 15 juillet aux Francos : la scène-vitrine francofolle s’affichait en rock électrique, et draguait un public venus en rang serrés célébrer la toute puissance des guitares selon Deportivo, Mickey 3D, Arno et Luke.

Déportivo, Mickey 3D, Arno et Luke

On a slammé, pogoté, sauté et crié sur la place St Jean d’Acre ce vendredi 15 juillet aux Francos : la scène-vitrine francofolle s’affichait en rock électrique, et draguait un public venus en rang serrés célébrer la toute puissance des guitares selon Deportivo, Mickey 3D, Arno et Luke.

Le soleil chauffait encore ardemment scène et spectateurs au moment de donner le coup d’envoi de cette soirée de riffs et de fureur. Dans le rôle du chauffeur de salle, le power trio Deportivo rendait une copie plus que correcte. Leur premier album jouant la carte de la concision - moins d’une demi heure pour 11 chansons -, ils servaient à La Rochelle un rock serré, livré avec fracas en trente minutes chrono ! Une décharge électrique en somme, sorte de mise en bouche pour le courant continu de Mickey 3D, dont on aura bien compris lors de ces Francos qu’ils ne misent pas sur leur costume de scène –T-shirts rouge passe partout pour tout le monde ! La tenue de leur set était en revanche impeccable : la poignée de nouvelles chansons ostensiblement rock laissait vite place aux tubes attendus, traités façon matière brute –on relèvera notamment un familier J’ai demandé à la lune (écrit par Mickey 3D pour Indochine) branché sur 220V. Et un Johnny Rep tonitruant. Le temps de replier les banderoles "Allez St Etienne" qui saluaient les Mickey, et le public accueillait un Arno en surtension, ses plombs prêts de sauter, sa voix en surchauffe constante et son rock en roue libre. Pas le plus communicatif du monde - le premier "bonsoir" a dû résonner après une bonne demi heure de chansons - le Flamand faisait monter la sauce en se cassant la voix jusqu’à la reprise pleine d’à propos des Filles du bord de mer d’Adamo, et au duo surprise avec Camille - échappée de la salle de La Coursive où elle se produisait le soir même.

Les applaudissements quittaient alors le simple registre du poli, comme pour se préparer à l’arrivée des Luke, qui doivent vraisemblablement nettoyer leurs cordes de guitares avec du papier abrasif. Aimable groupe pop il y a encore deux ans, la bande de Thomas Boulard est devenue une énorme attraction rock fédératrice : ses titres engagés faisaient lever des forêts de mains, prêtes à applaudir ou à serrer le poing à la demande. La brume de mer qui enveloppait au même moment l’Esplanade St Jean d’Acre n’y changeait rien, et les Bordelais confirmaient leur goût pour le courant alternatif, enchaînant les riffs en patron, avec une belle autorité. La reprise finale de Mano Negra (Pas assez de toi) venait rappeler que quelques années plus tôt, au même endroit, Manu Chao et les siens montraient déjà la voie du canal saturé. Et que les Francos électrisent toujours autant ses spectateurs.