Par-delà les tubes
Benjamin Diamond, Alan Braxe ou Martin Solveig…Trois artistes français qui tentent de dépasser le succès d’un ou deux titres pour proposer des albums à leur image. Revue de détail.
Martin Solveig, Benjamin Diamond, Alan Braxe
Benjamin Diamond, Alan Braxe ou Martin Solveig…Trois artistes français qui tentent de dépasser le succès d’un ou deux titres pour proposer des albums à leur image. Revue de détail.
Un tube. Beaucoup en rêvent, quelques uns y parviennent et, parfois, ne s’en remettent pas. Dans les musiques électroniques comme dans tout autre genre, certains artistes restent définitivement associé à un tube : Monsieur Oizo, et une certaine peluche jaune mangeant des saucisses dans le clip de Flat Beat. Pour Superfunk, c’est le sample de Chris Réa qui a fait entrer Lucky Star au Panthéon des hits house. Il est vrai que, par nature, la musique électronique est familière du format simple ou single. Côté album, seuls quelques artistes, Dimitri from Paris et Laurent Garnier notamment, ont su s’imposer auprès d’un public plus large.
À quelques semaines d’intervalle, trois "faiseurs de tubes" reviennent justement avec un album : Benjamin Diamond, Alan Braxe et Martin Solveig. Avec trois expériences différentes, trois succès internationaux. Les deux premiers ont commis Music Sounds Better With You signé Stardust, avec Thomas Bangalter (un des Daft Punk). Martin Solveig s’est fait connaître avec Madan, un remix club de Salif Keita, et Rocking Music.
Influences africaines
Martin Solveig est d’abord DJ. En 2003, il signe un efficace remix du titre Madan interprété par Salif Keita. Mais son succès est surtout hexagonal, comme il l’explique : "le succès international passe souvent par la Grande-Bretagne, et cette musique teintée d’influences africaines avait peu de résonance là-bas." Changement de direction l’année suivante, avec la sortie de Rocking Music, house funky avec une énorme ligne de basse, guitare électrique et choeurs. Et deuxième tube après Madan, soit plus de 100.000 ventes chacun.
"C’est dur de se relever d’un succès, la position est délicate : soit tu continues à faire de la musique dans la lignée de ce que tu faisais et le public trouve que c’est la même chose mais en moins bien ; soit tu changes de direction musicale, et les gens risquent de ne plus te suivre… " Martin Solveig a pour l’instant réussi à contourner ce dilemme. Son second et récent album Hedonist tente aussi d’échapper aux catégories, album à la fois dansant et à écouter à la maison.
Succès incontrôlable
Alan Braxe, lui, n’essaye pas de fuir un genre ou une époque, comme en témoigne The Uppercuts, synthèse de ses productions et remixes, seul ou accompagné. "J’ai une image house, musique de clubs, je suis souvent affilié à Daft Punk." confie-t-il. S’il n’est pas trop sur le devant de la scène, on connaît néanmoins d’Alan Braxe le fameux Music Sounds Better With You de Stardust en 1998, avec Thomas Bangalter et Benjamin Diamond. Trois millions d’exemplaires vendus à l’époque !
"On ne se remet pas forcément d’un tel succès, car il devient vite incontrôlable, explique Alan Braxe. Il peut engendrer la notoriété, mais je n’en ai pas abusé. Aujourd’hui encore, le principal pour moi est de vendre suffisamment de disques pour pouvoir continuer à en sortir de nouveaux." Cet album, qui comprend le titre de Stardust mais aussi le succès des clubs Intro, ne surfe plus sur l’engouement qu’ils ont provoqué il y a déjà quelques années. Alan Braxe, exigeant avec lui-même, prend son temps, et trouve plutôt bien de revendiquer ce son maintenant. Même pas d’autocollant Stardust sur le disque pour le faire vendre ...
La voix de Stardust, c’était Benjamin Diamond. À chanter sur un tube planétaire, on se trouve encore plus vite catalogué. "On m’en parle tout le temps, beaucoup ont voulu me coller une étiquette de chanteur de house, certains auraient voulu que je continue, mais j’assume." Benjamin Diamond revendique son virage stylistique : finie la house, son second album, Out of Myself est résolument pop-rock. "Les gens, surtout en France, ont été surpris. Et ce disque y démarre très doucement. Sans doute que quelqu’un qui chante en anglais est suspect…" À titre de preuve, Benjamin Diamond et son groupe ont donné en six mois deux concerts en France, contre 18 à l’étranger. "Le succès de Stardust m’a mis le pied à l’étrier, il m’a surtout permis de monter mon label" explique Benjamin, patron du label Diamond Traxx, qui compte Octet ou les Hush Puppies parmi ses signatures.
Continuer à creuser le même sillon, sortir des sentiers battus ou varier les plaisirs, tout est possible en capitalisant sur un succès. Benjamin Diamond conclue : "Un succès permet surtout d’avoir l’opportunité de faire ce que l’on veut."
Alan Braxe The Uppercuts (Vulture/Pias) 2005
Benjamin Diamond Out of Myself (Diamond Traxx/ !K7 Records) 2005
Martin Solveig Hedonist (Vulture/ULM/Universal) 2005