Rock en Seine, version La Phaze

Troisième édition, les 25 et 26 août, pour le festival Rock en Seine qui se déroule à Saint-Cloud, près de Paris. Sur le pont, des pointures anglo-saxonnes comme Robert Plant ou les Foo Fighters, quelques jeunes talents franciliens : Herman Düne, Sayag Jazz Machine, Flying Pooh… Et une bonne surprise : La Phaze.

La "pungle" investit le Parc de Saint-Cloud

Troisième édition, les 25 et 26 août, pour le festival Rock en Seine qui se déroule à Saint-Cloud, près de Paris. Sur le pont, des pointures anglo-saxonnes comme Robert Plant ou les Foo Fighters, quelques jeunes talents franciliens : Herman Düne, Sayag Jazz Machine, Flying Pooh… Et une bonne surprise : La Phaze.

 

 Vous aviez déjà du mal à situer la booty et l’émocore que déjà un nouveau style, la pungle, apparaît. Pas de panique, il s’agit juste de la contraction entre punk et jungle où l’énergie rock’n’roll des guitares est mêlée à des rythmes électroniques sauce remuante. Facile à définir, cette recette s’avère moins aisée à obtenir. Les Nantais de La Phaze, initiateur du concept, ont mis dix ans à dresser leur menu trois étoiles. Sur les premiers enregistrements, les intentions étaient claires mais les collages parfois grossiers et la production défaillante. Fin de cycle, leur deuxième album, sonne comme un vrai commencement. Amadouer le rock, la pop, le reggae, le hip-hop et la drum’n’bass, ça prend du temps, comme le confirme Arnaud, à la guitare et aux cuivres : “On s’est rendu compte quand on jouait sur scène de ce qui nous correspondait vraiment. Il y avait des morceaux que les gens n’aimaient pas trop sur disque alors qu’ils les trouvaient bien en concert, par l’énergie qu’on y mettait. Il nous a fallu quasiment trois ans pour enregistrer cet album. On a mis beaucoup de choses à la poubelle, on voulait trouver exactement ce qu’on avait dans la tête."

La Phaze a le vent en poupe. Après le succès du dernier album d’Amadou et Mariam, Emmanuel de Buretel, fondateur du label Because Music et ex-président d’EMI Europe, mise maintenant sur le trio. Arnaud se félicite encore de cette rencontre : “On a tout enregistré à la maison, il nous a ensuite proposé de partir mixer les prises dans un studio à Londres pour peaufiner le son. On a écouté beaucoup de choses, rencontré beaucoup de gens mais on ne sentait pas de feeling, on ne voyait pas qui aurait le courage, l’audace d’avoir un parti pris de mixage en poussant les guitares, tout en rendant la drum’n’bass dévastatrice. On a choisi Ian Grimble, on l’a vraiment choisi. Il avait fait aussi bien des trucs à guitare comme Amen, de la pop avec Travis ou de l’électro avec Morcheeba. Il aimait beaucoup notre projet, donc ça aide ! Il ne comptait pas ses heures, il était totalement à notre écoute et il avait plein d’idées sur la façon de travailler le son. On a beaucoup appris.”

Une colère sincère

 

    Le résultat s’impose vite à l’oreille avec les très punchy Nouveau défi et Assaut final. Le trio a construit son album en alternant morceaux rentre-dedans et plages moins saturées. Dj Nevrax excelle dans les intermèdes aériens. Une finesse que l’on retrouve jusque dans le chant de Damny. Habitué des soirées jungle, il se limitait habituellement à reprendre les gimmicks du genre. Sur des titres comme L’Embardée et Inside My Brain, il fait maintenant preuve de réelles qualités de chanteur et d’un sens imparable de la mélodie. La Phaze ne se contente pas de vouloir vous faire remuer les jambes mais compte aussi interpeller les consciences, quitte à abuser des poncifs de la contestation. Arnaud s’en défend : “On a été taxé deux ou trois fois de démago, pourtant on ne dit pas aux gens ce qu’ils doivent faire. C’est quelque chose d’assez instinctif. Au début, quand on a formé le groupe, ce n’était pas du tout quelque chose d’actualité mais depuis deux ou trois ans, quand on a vu comment des gens proches de nous ont commencé à en baver, que ce soit les intermittents, les recalculés de l’assurance chômage, il y a forcément une colère qui monte. Je pense que c’est un sentiment général. On ne se pose pas de questions, on profite juste de notre petit moyen d’expression avec la musique.”

Nouvelle ère

Le trio ne s’arrête pas aux belles paroles et met les mains dans le cambouis en organisant débats et concerts le 28 septembre dans la salle de la Cité à Rennes. Cette journée, intitulée Colère noire, vise à rappeler que les indemnisations prévues après le mazoutage des côtes françaises par l’Erika en 1999 n’ont toujours pas été versées. Le marin Jo Le Guen, Greenpeace, le groupe hardcore Tagada Jones et les frères Mouss et Hakim, du groupe Zebda, seront également de la partie.

Juste une escale dans leur longue tournée qui les emmène partout en France mais aussi jusqu’en Amérique Latine. Parrainés par Manu Chao, les Nantais ont joué l’année dernière au Forum social de Porto Alegre : “On a rencontré Manu au Forum altermondialiste de Millau en 2003, on ne pensait pas le revoir mais il nous a rappelés. On se recroise régulièrement, il a même joué en rappel d’un de nos concerts à Paris.” Le courant est si bien passé de l’autre côté de l’Atlantique qu’une sortie de l’album Fin de cycle est prévue au Brésil et au Mexique. Décidément une nouvelle ère s’engage pour La Phaze.

Rock en Seine, les 25 et 26 août, au domaine national de Saint-Cloud

La Phaze Fin de cycle (Because/Wagram) 2005