LE RETOUR DE MOZART L'EGYPTIEN

C’est le prolongement du travail qu’ils avaient effectué en 1998 : dans Mozart l’Égyptien 2, le musicien voyageur Hugues de Courson et son complice Ahmed El Maghraby provoquent une nouvelle rencontre entre le répertoire du célèbre compositeur classique et la culture musicale égyptienne.

Le filon singulier et commercial d’Hugues de Courson

C’est le prolongement du travail qu’ils avaient effectué en 1998 : dans Mozart l’Égyptien 2, le musicien voyageur Hugues de Courson et son complice Ahmed El Maghraby provoquent une nouvelle rencontre entre le répertoire du célèbre compositeur classique et la culture musicale égyptienne.

      Symphonies, messes et autres pièces maîtresses de l’oeuvre de Mozart revues par Hugues de Courson, jouées par 202 chanteurs et musiciens égyptiens, bretons et bulgares : voilà la définition que l’on pourrait donner de Mozart l’Egyptien. Pour définir ce concept atypique entre variété classique, musique arabe et ethno-classique, d’autres qualificatifs viennent à l’esprit : gonflé, audacieux et... commercial. Le premier volume, sorti en 1998, s’est très bien vendu à travers le monde (environ 300.000 exemplaires, dont la moitié en France) mais, pour le compositeur-arrangeur Hugues de Courson, l’enjeu de ce second volet est ailleurs : le musicien bourlingueur français préfère voir ce nouvel épisode comme une fantaisie musicale et une utopie renouvelée.

Quête de fusions

Insatiable aventurier en quête de fusions musicales et humaines, Hugues de Courson travaille depuis plus de trente ans à redécouvrir des patrimoines musicaux sous des angles nouveaux. Dans les années 70, il fonde avec Gabriel Yacoub le groupe Malicorne pour revisiter les folklores français et européens. Gros succès pendant dix ans, puis le groupe se sépare. En 1992, il entreprend un incroyable périple musical autour de la Méditerranée avec la formation Spando. Fruit de ces brassages culturels inédits : un disque qui fait un bide. Pas découragé, Hugues de Courson se lance dans un projet fou. Avec le chanteur gabonais Pierre Akendengue, il amène Bach dans la forêt équatoriale et le fait jouer par des Pygmées. C’est Lambarena, premier album d’une série d’expériences musicales plus ou moins heureuses. Cinq ans plus tard sort Mozart l’Egyptien auquel succèdera en 2001 la rencontre de Vivaldi et des musiques celtes, O’stravaganza, puis celle des musiques moyenâgeuses et de l’électro, Lux Obscura... Soupçonné de décliner le même concept à l’infini, l’artiste s’en défend avec honnêteté : “Une maison de disques, ce n’est pas le ministère de la Culture. Tout le jeu est de faire financer quelque chose de bien qui ne lui fasse pas perdre un centime. L’équilibre à trouver entre sa volonté – sans laquelle je ne pourrais sortir aucun de mes albums – et mon travail d’artiste est ténu. Je fais le funambule. Il faut faire attention, à chaque minute, à ne pas déraper.”
La genèse de ce second opus est simple. Après une série de concerts consécutifs à la sortie de Mozart l’Egyptien 1, Hugues de Courson s’aperçoit qu’il pourrait aller beaucoup plus loin... “Plus ça allait, plus je me disais qu’il était dommage de ne pas avoir fait telle ou telle chose ! Mon envie coïncidait avec une possibilité : quand un projet a bien marché, on le prolonge. Voyez les films Les Dents de la mer 1, 2, 3, 4… Sérieusement, la maison de disques en avait envie, les musiciens en avaient envie, il n’y avait aucune raison de ne pas faire ce deuxième volume.”

Sampling sur partition

 

 Toujours accompagné par l’Égyptien Ahmed El Maghraby, le musicien français a décidé de prendre davantage de libertés avec la musique du compositeur des Noces de Figaro. Le principe de fond est d’ôter cette peur de la “grande musique”, quasi intouchable. “J’essaie d’enlever les statuts musicaux, je suis un iconoclaste dans le bon sens du terme. Mettre ces grands talents dans des écrins d’or est un peu dommage. Dans ce numéro 2, il y a un élément de surprise, les gens se demandent ce que De Courson va faire à Mozart ce coup-ci. En effet, par moment, je travaille sur Mozart et rapidement, il n’y a presque plus rien de Mozart. En fait, je peux presque dire que je fais du sampling sur partition.”
Un sampling que les Égyptiens n’auront pas le loisir d’apprécier. Pour la maison de disques, les pays arabes ou africains ne sont pas assez rentables. Une partie infime de la population serait équipée en matériel hi-fi et fabriquer des cassettes semble compliqué. “Mon rêve serait justement de pouvoir sortir l’album dans ces pays-là. Je vais peut être provoquer un piratage spontané.” Prêt à accepter les compromis avec sa maison de disques, Hugues de Courson souligne cependant combien il est important pour lui d’être distribué et vendu à travers le monde. “On ne fait pas des disques pour les écouter chez soi. Je suis ravi du succès de mon travail, et pas seulement à cause de l’argent. On est fier d’avoir fait un album que tout le monde aime. Cela fait plaisir.”Hugues de Courson & Ahmed El Maghraby Mozart l’Egyptien 2 (Virgin Classics) 2005