VU D’AILLEURS septembre 2005

Tout au long du mois d’août, les artistes francophones n’ont pas chômé sur les scènes du monde entier : Alpha Blondy s’est produit à Mexico, Patricia Kaas à Carthage, Mireille Mathieu à Istanbul et Charles Aznavour en Ouzbékistan. Pour Shirel, pas de concert au programme en Israël, mais un retour aux sources…

La route des vacances

Tout au long du mois d’août, les artistes francophones n’ont pas chômé sur les scènes du monde entier : Alpha Blondy s’est produit à Mexico, Patricia Kaas à Carthage, Mireille Mathieu à Istanbul et Charles Aznavour en Ouzbékistan. Pour Shirel, pas de concert au programme en Israël, mais un retour aux sources…

      Au mois d’août, c’est connu, on déserte. Son quotidien, ses soucis, ses factures. La saison des grandes vacances bat son plein et, saisissant l’aubaine, de nombreux artistes en profitent pour faire quelques apparitions dans des festivals étrangers, parfois lointains. Accompagné de son groupe multiracial, Solar System, l’Ivoirien Alpha Blondy s’est ainsi envolé pour Mexico. Peu connu au Mexique, Alpha Blondy est présenté par le quotidien national La Jornada (édition du 13/8) comme “un chanteur charismatique, (...) une des plus grandes figures du reggae en Afrique”, “un pionnier des années 70” au même titre que “le Sud-africain Lucky Dube, le Ghanéen Rocky Dawuni et l’Ethiopien Isaac Haile Selassie”. Mais au qualificatif de “rasta africain”, le créateur de Sweet Fanta Diallo préfère celui de “rasta universel”. Au cours de ce voyage, Alpha Blondy s’est accordé du temps pour “rencontrer les reggaemen mexicains, qui l’ont ému par “la bonne vibration“ et “l’énorme spiritualité“ qu’ils possèdent”.

 

 Toujours sous un chaud soleil, mais en Tunisie cette fois, nous retrouvons Patricia Kaas. Le 4 août dernier, la chanteuse globe-trotter s’est produite dans un cadre prestigieux, le théâtre antique de Carthage, devant “un monde fou, des jeunes surtout”, selon Adel Latrech, le correspondant du journal La Presse de Tunisie (5/8), visiblement emballé par la prestation de l’artiste. “Un public tellement compact et dense qu’il a débordé sur les alentours du théâtre pour suivre de l’extérieur, faute de places à l’intérieur, un tour de chant d’une qualité tellement exceptionnelle qu’il y a lieu de parler, à juste raison, d’un cas ou d’un événement à inscrire en lettres d’or dans les annales festivalières. Bref, c’était phénoménal.” Bigre ! Il faut dire que “Patricia Kaas s’est entièrement donnée”. “La fête était totale, Patricia, comblée, avait besoin de se relooker et de changer de tenue tant elle était trempée.” Auréolée d’un accueil aussi chaleureux, Mademoiselle n’aura plus le blues. De plus, en aurait-elle le temps ? Quelques jours après le concert de Carthage, Patricia Kaas était sur les bords de la mer Noire pour célébrer, avec d’autres personnalités venues du monde entier, le 80e anniversaire d’Artek, le plus vieux camp de vacances d’Ukraine, inauguré un an après la mort de Lénine, pour lequel la Crimée devait être le lieu de repos des travailleurs soviétiques.

 

    Bien avant Patricia Kaas, Mireille Mathieu donnait déjà de la voix. Celle que l’on surnomme toujours “la demoiselle d’Avignon” prépare son grand retour en France. Ses fans seront comblés et leur patience récompensée, les autres se diront que la rentrée est décidément bien difficile. Un nouvel album studio est annoncé pour le 21 septembre et, pour l’occasion, Mireille Mathieu sera en décembre en tournée en France, juste après l’Olympia de Paris, où elle tiendra l’affiche du 18 au 27 novembre. En attendant, elle aussi s’est payé une petite escapade aoûtienne. Direction : Istanbul. “La chanteuse française Mireille Mathieu est arrivée à Istanbul pour donner un concert lors des célébrations du centième anniversaire du club de football Galatasaray”, annonce sobrement le quotidien turc en anglais Turkish Daily News (4/8), “accompagnée de sa soeur et de sa mère”. Dans un style propre à l’agence de presse russe ITAR-Tass, “le célèbre chanteur français Charles Aznavour a visité Bukhara et est retourné à Samarkand”, à l’invitation du président ouzbek Islam Karimov, nous apprend une dépêche du 29 août. À Samarkand, Charles Aznavour a participé au Sharq Taronalari, “un festival réunissant des musiciens de plus de cinquante pays”. “S’exprimant lors de la cérémonie d’ouverture du festival, Aznavour a déclaré qu’il avait connu de nombreux festivals musicaux, mais que celui de Samarkand l’avait étonné.”

 

 Pour d’autres, c’était le retour aux sources, comme pour Shirel, par exemple. La jeune chanteuse, fille de Jeane Manson, s’est rendue cet été en Israël – une visite saluée par un long article dans le grand quotidien Haaretz (18/8). Partageant désormais son temps entre la France et Tel Aviv, où “elle a acheté une maison”, Shirel n’a pas le coeur léger. Pour elle, l’antisémitisme en France est une réalité trop banale. Il y a deux ans, un spectateur l’avait traitée de “sale juive“. Choquée, la presse s’en était largement fait l’écho ; Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre d’alors, et Bernadette Chirac l’avaient même soutenue publiquement. “C’était juste un incident antisémite parmi des milliers en France”, estime-t-elle. “Malheureusement, je ne sens aucun changement depuis. C’est très difficile aujourd’hui d’être un enfant juif dans une école française.” L’été et les vacances n’effacent pas les problèmes, la rentrée est là pour nous le rappeler.