Au cœur de la Techno Parade

Samedi 10 septembre s’est tenue à Paris la huitième édition de la Techno Parade, un rendez-vous devenu incontournable pour les amateurs de musiques électroniques avec son traditionnel défilé dans les rues de la capitale. Reportage à bord d’un char dédié à la musique trance.

Entrez dans la trance

Samedi 10 septembre s’est tenue à Paris la huitième édition de la Techno Parade, un rendez-vous devenu incontournable pour les amateurs de musiques électroniques avec son traditionnel défilé dans les rues de la capitale. Reportage à bord d’un char dédié à la musique trance.

 

 La Techno Parade mixe les genres musicaux mais aussi les initiatives : des tubes house de Mylo à la hard techno la plus underground, des chars les plus m’as-tu-vu aux voitures bricolées pour l’occasion. Parmi les semi-remorques affrétés par des discothèques, des radios et sponsorisés par des marques de boisson ou de préservatifs, on pouvait remarquer quelques chars plus modestes montés par des passionnés sans trop de moyens.

Pour cette huitième Techno Parade parisienne, certains se sont cotisés pour monter un char dédié à la trance. Ce courant psychédélique de la techno a ses fidèles, dont une grosse vingtaine avait décidé de mettre la main au portefeuille afin de financer la location d’un camion, sa décoration et sa sonorisation. Car cette année, la trance a bien failli ne pas être représentée sur le pavé parisien.

Depuis la première Techno Parade en 1998, l’association Trance Culture avait pour habitude de monter un char. Jean-Philippe Haulin, président de cette organisation, explique : “Cette année, l’association n’a pas été très active et n’avait donc ni partenaire, ni les fonds nécessaires. Du coup, j’ai envoyé des e-mails à des teufeurs (fêtards, ndr) et des organisateurs pour les mettre à contribution.” Près de 2000 € ont été ainsi récoltés. Le système D a ensuite beaucoup servi : la décoration du camion, par exemple, était celle que le collectif Psycolor utilise pour des soirées trance aux quatre coins de l’Hexagone.


 

Debout dans le coffre

Le camion de treize tonnes a donc pris le épart de la Place de la Bastille à Paris vers 13 heures ce samedi 10 septembre, sous une pluie battante. Alors que le cortège d’une trentaine de chars s’engage dans la rue de Rivoli vers l’Hôtel de Ville, les curieux amassés sur les trottoirs sont plus nombreux que les amateurs de musiques électroniques. Au sein du défilé, on trouve les très gros camions financés par les radios NRJ, FG, l’organisateur Magic Garden ou les étudiants de certaines écoles, dont le camion possède une cage suspendue par une grue.

De plus petits chars, plus anonymes aussi, ont été bricolés par des passionnés d’électro, comme cette voiture dont le DJ est debout dans le coffre, le groupe électrogène posé sur une remorque.

Pour faire vibrer ses dix kilowatts d’enceintes, le camion trance a convié les DJ Neuro Motor et Hyper Frequencies. Ce dernier est ravi : “C’est la deuxième fois que je joue à la Techno Parade, et c’est bon esprit cette fois-ci, contrairement à la première durant laquelle il y avait eu des bagarres.” Au fur et à mesure que le cortège revient vers Bastille, les nuages s’éloignent. L’arrivée sur la place se fait sous un soleil magnifique et sous les hourras de plusieurs milliers de danseurs.

Il est 19 heures passé, il est temps de quitter les lieux pour vider le camion de ses occupants et de sa déco. Les deux DJ remplissent leur fiche de déclaration à la Sacem (, puis tout le monde se disperse… Mais rendez-vous est donné le soir même dans une des nombreuses fêtes organisées pour l’occasion. Jean-Philippe est lui aussi satisfait de ce char monté grâce à la solidarité de quelques amateurs de trance : “C’est un moyen de fédérer les acteurs de la trance, ce qui n’est jamais facile.”

Quels slogans ?

 

    Mais dans son ensemble, à quoi sert la Techno Parade ? Organisé pour la première fois en 1998 par l’association Technopol, ce rassemblement se tenait dans un contexte de diabolisation et de répression des fêtes techno. Aujourd’hui, ces rendez-vous appelés “teknivals” se déroulent avec l’appui des forces de l’ordre. Brice Mourer, le président de Technopol, est conscient que les mots d’ordre capables de rassembler les foules sont moins évidents en 2005 : “Les choses ont avancé, mais des problèmes plus pointus subsistent. Comme, par exemple, le statut juridique du DJ ou le taux de perception de la Sacem dans les musiques électroniques.” Pas de quoi en effet lancer de grands slogans fédérateurs ! “Mais le succès de la Techno Parade nous donne plus de poids dans nos discussions avec les autorités”, ajoute Brice, qui avance le chiffre de 300 000 participants à cette huitième édition, 20 000 selon la police.

Beaucoup iront à la grand-messe trance Gaïa Concept, d’autres à la soirée jungle Tekaway, avec ses DJ d’Europe de l’Est, ou encore au Point Éphémère pour écouter les délires sonores du label français Karat. Les clubs parisiens étaient bondés pendant la nuit et, cette fois, la police n’a pas pu compter les danseurs ...