Voyage au pays d'Hubert Mounier

Quatre ans après Grand huit, premier album sombre et tourmenté, Hubert Mounier semble avoir trouvé la sérénité. Voyager léger, baigné de douceur et de simplicité, reflète l’évolution artistique et personnelle de l’ancien chanteur de l’Affaire Louis Trio.

Transformation musicale

Quatre ans après Grand huit, premier album sombre et tourmenté, Hubert Mounier semble avoir trouvé la sérénité. Voyager léger, baigné de douceur et de simplicité, reflète l’évolution artistique et personnelle de l’ancien chanteur de l’Affaire Louis Trio.

    C’est dans sa maison de campagne, éloigné de l’agitation urbaine, qu’Hubert Mounier a composé les chansons de ce deuxième album. “J’ai fait le disque que je rêvais de faire, un pur produit bio.” Des mélodies d’une grande pureté pour une oeuvre qu’il a souhaitée plus souriante que la précédente. Car si Grand Huit l’avait aidé à exorciser une période douloureuse de sa vie, l’album pourtant unanimement salué par la critique n’avait pas rencontré le succès escompté.

Ce qui l’a poussé à mettre la musique entre parenthèses pendant un temps pour s’adonner à sa seconde passion, la bande dessinée : “J’avais besoin de changer de mode de création. J’adore la BD, j’avais un projet qui me tenait à coeur depuis l’âge de douze ans et qui m’a occupé pendant un an et demi.” C’est Benjamin Biolay, son ami de toujours, qui le sort de son mutisme musical en lui proposant de composer plusieurs chansons pour sa soeur Coralie Clément. Des créations qu’Hubert Mounier gardera finalement pour lui, donnant naissance à Voyager léger.

Avec ce second album qui gagne en simplicité, le chanteur a souhaité se rapprocher de son public.“Il faut que la virginité du plaisir à créer soit perceptible pour l’auditeur. Maintenant, je travaille de manière plus relâchée. J’attends que les chansons viennent à moi. Ma démarche artistique est moins conflictuelle. Ce qui se dégage de ce dernier album, c’est d’avantage de clarté.” L’avis des autres est passé au premier plan. “Les gens disent m’aimer pour ma voix douce et non pour mes tressautements de macaque.”

Une métamorphose artistique

 

 

Car le leader excentrique de l’affaire Louis Trio (après douze ans d’existence, le trio s’est séparé en 1998) est “sorti de [sa] bulle”. Et n’hésite pas à poser un regard critique sur ce qu’il nomme sa “période Pinder”. S’il en parle sans amertume, il en tire les leçons : “Après tant d’années perdues pour la gloire, je ne traverse plus les miroirs” (extrait de L’Amour en l’air). Au pays des artistes, chanson à la fois tendre et ironique, dépeint ce milieu du show-business dans lequel il a évolué. “Bon voyage au pays des artistes/Bon voyage jusqu’en haut de l’affiche/L’avenir nous dira ce qu’il pourra bien rester de toi/Des amis et des sourires complices.” C’en est fini des costumes délirants, des décors extravagants et des ambiances décalées. Hubert Mounier opte désormais pour l’authenticité et dévoile son vrai visage :“Je suis tellement un autre mec maintenant.” Il met à profit ses expériences personnelles. “Je parle pas mal de ma vie : un type jeune qui a connu le succès avec un groupe et qui a réinventé sa vie. Un jour, le succès s’estompe et on doit se reprendre en main.”

Déceptions sentimentales, désillusions, ces chansons mélancoliques s’inspirent de ses états d’âme. (“Après tant d’années passées à y croire/J’ai vu ma vie s’arrêter là/Dieu seul sait comment tout ça finira/Ne dis pas c’est la vie c’est comme ça”). Sans pour autant délaisser l’imagination : “Il y a des chansons qui sont purement autobiographiques mais à un moment donné, pour le plaisir musical, je vais ajouter une petite historiette qui n’a rien à voir et qui change le sens de la chanson.” Hubert Mounier a voulu un album de proximité intimiste. L’objectif est atteint : il nous offre des titres magnifiques comme Magicien d’Oz ou Jardin suspendu nous entraînant dans son univers tout en sensibilité.

L’amour demeure son thème de prédilection : un amour souvent meurtri qui pourtant revient toujours. “Car depuis je suis retombé amoureux”, confie t-il. Et on découvre avec grand plaisir la voix mélodieuse de sa compagne Gaëlle dans le dernier titre de l’album (intitulé L’Amour revient toujours). Hubert Mounier s’est également entouré de ses amis : Benjamin Biolay et Dominique Blanc-Francart pour les arrangements musicaux. “C’était génial d’avoir mes deux potes réunis autour de moi pour travailler mes chansons.” D’une atmosphère musicale épurée (piano voix de Voyager léger) à une mélodie rythmée (La Vie fait ce qu’elle veut coécrite avec Benjamin Biolay), il alterne judicieusement les genres et les ambiances instrumentales. “C’est mon deuxième album solo mais mon premier album de professionnel.”

À présent, Hubert Mounier attend impatiemment de remonter sur scène. Un concert est prévu début 2006. Serein et satisfait, il paraît aujourd’hui épanoui. “La vie ressemble à un roman, il faut se dire qu’on tourne la page et que ce sera toujours aussi intéressant. Je veux que ma vie soit passionnante.”

Hubert Mounier Voyager léger (AZ/Universal) 2005