La sélection 2006 du Fair

Véritable pouponnière, l’association le Fair choisit chaque année quinze artistes en développement. Pendant un an, elle leur apporte argent, promotion, aide juridique et toute une gamme très large de conseils. Cali, Dionysos et Zebda, entre autres, ont bénéficié de cet accompagnement réputé. Présentation de  la dernière sélection.

Aider les artistes à se professionnaliser

Véritable pouponnière, l’association le Fair choisit chaque année quinze artistes en développement. Pendant un an, elle leur apporte argent, promotion, aide juridique et toute une gamme très large de conseils. Cali, Dionysos et Zebda, entre autres, ont bénéficié de cet accompagnement réputé. Présentation de  la dernière sélection.

 

 100% des gagnants ont tenté leur chance, mais avant d’être retenu par le Fair, beaucoup d’artistes ont du essuyer quelques refus. Pas étonnant que parmi ce palmarès 2006, on connaisse déjà quelques voix. D’autant que l’association pioche dans tous les styles. Le rap, avec la Cédille, groupe originaire de Besançon, d’abord reconnu en Angleterre avant de percer en France. La formation nantaise Hocus Pocus propose elle aussi un hip-hop avec de vrais instruments, et des textes très fins de son MC, 20syl. Egalement originaire de Loire-Atlantique et maître de l’ambiance groovy, le groupe Smooth, s’attache à une funk largement teinté de soul. Beaucoup plus sombre, les Bretons de Psykick Lyricah, dotés d’un vrai talent d’évocation, lorgnent du côté de l’électronica et du post rock.

La chanson française est à l’honneur également, surtout celle qui parcourt les routes. Amélie et les crayons tournent depuis un an sans discontinuer avec des prestations en Suisse, au Québec et même en Finlande. Tout aussi malicieuse mais plus brut, Anaïs promène sa guitare de salle en salle. Son Cheap show sorti au printemps en auto production est réédité ses jours-ci par la maison de disque V2.  

    Autre signature  récente, Balbino Medellin, repéré par Barclay (Universal). Le "gitan de Paname" s’était jusque-là fait remarquer en tenant la guitare au côté de Mano Solo. Bertrand Belin n’est pas un petit nouveau non plus, guitariste lui aussi, il accompagne le Jasmine Band depuis 1997 et Bénabar sur son dernier album. Armand Mélies est lui couvé par Alain Bashung. Les deux partagent une ambiance assez noire et le goût de l’absurde. Enfin Badaboum, pour clore le registre, le premier disque de Loïc Lantoine avait gentiment bluffé son monde. Adepte des chansons pas chantées, des paroles surréalistes et de la contrebasse envahissante, ce duo avait déjà été remarqué par Mon slip, la structure des Têtes raides.

Non soumis aux quotas, le jury du Fair s’est aussi laissé séduire par le folk intimiste de Mansfield-Tya où Julia et Carla se partagent voix, six-cordes, piano et violon. Tout en épure également, Eric Pasquereau, 20 ans, seul avec sa guitare, se cache sous le nom de Patriotic Sunday pour délivrer une ambiance entre pop, jazz et bossa nova. Au rayon des inclassables, on retrouve Spleen, chanteur déjà repéré par le magazine les Inrockuptibles et Mr Lab un mélange planant entre rock et électro. La palme revenant à Spoke orkestra, collectif oeuvrant dans la musique froide à rebrousse poil avec notamment un des MC de feu le groupe de rap Kabal dans ses rangs.

Indépendant des maisons de disques

Fondé dans les années 80, le Fair se définit comme un carrefour entre les différents acteurs du monde de la musique. "On apporte quatre types d’aide, explique sa directrice, Claude Guyot. D’abord de l’argent avec une bourse de 6.000 euros, qui sert à l’organisation d’une tournée et à l’achat de matériel. De la promotion aussi avec l’édition d’un CD regroupant tous les lauréats". Mais pour durer, ces jeunes artistes ne doivent pas focaliser uniquement sur l’artistique. "Nous proposons aussi des formations plus techniques sur le statut des musiciens, la fiscalité, les contrats. On les aide enfin sur toutes les questions de management. Que ce soit trouver un tourneur ou  signer avec un label." Financé par le Ministère de la Culture et les sociétés civiles comme la SACEM avec un budget d’un peu plus de 350.000 euros, le Fair est complètement indépendant des maisons de disque. "ça nous permet de tisser des rapports de confiance. Souvent l’aide apportée va beaucoup plus loin. On peut raisonner un groupe qui veut se séparer juste avant d’entrer en studio, aider à régler des dissensions internes. C’est parfois aussi de la psychanalyse de super marché".

Un vrai réseau

 

 Un accompagnement utile à différents niveaux pour les artistes ou leur encadrement. Lorsqu’il est sélectionné en septembre 2003, Cali vient de sortir son album L’amour Parfait. Le succès est immédiat. L’association a, là, plutôt bénéficier à son manager Samuel Benzakin : "C’est tout un réseau de connaissance. Moi le Fair m’a aidé à rencontrer des gens, à discuter, prendre conseils. A me tirer la tête hors de l’eau quand je faisais des erreurs". Refusé à trois reprises avant d’être sélectionné l’année dernière, le chanteur Florent Marchet ne tarit pas d’éloge : "ça m’a permis de connaître les rouages du métier mais aussi d’acquérir du matériel. J’ai pu acheter ma première guitare électrique. Avant c’était toujours des copains qui m’en prêtait ! Les gens du Fair sont vraiment très accessible. Ce n’est pas juste une bourse, on est soutenu et j’ai l’impression que ça ne dure pas qu’une seule année".