Arthur H

Arthur H, l’autre français à tête de choux, sort un cinquième album studio Adieu tristesse. Chaos d’histoires courtes, d’absurdités fugaces, de personnages petits et grands, l'artiste propose sa bande-son jazz, pop, à cordes. Son film intérieur aux contrastes saturés.

Adieu tristesse

Arthur H, l’autre français à tête de choux, sort un cinquième album studio Adieu tristesse. Chaos d’histoires courtes, d’absurdités fugaces, de personnages petits et grands, l'artiste propose sa bande-son jazz, pop, à cordes. Son film intérieur aux contrastes saturés.

 

 Adieu Tristesse est un disque-lumière. Diurne, nocturne, artificielle des néons. Ou carrément absente. Enfermés dans le studio de Jean Massicotte (réalisateur du second album de Lhassa) à Montréal, Arthur H et Nicolas Repac (samples, guitare) ont laissé passer l’hiver. Cloîtrés, ils ont creusé les sillons d’une musique née sous la contrainte climatique, une évasion : "C’est d’abord une histoire d’écoute intérieure. Faire un disque, c’est rentrer dans cette forme de liberté où tu essaies de concrétiser ton rêve, écrire ce que tu ne peux décrire. La solitude est essentielle, elle procure l’intimité propre au disque. La nuit, elle se prête au rêve, à la scène".

Adepte de la liberté folle et baroque, c’est bien sur scène que son rêve a souvent pris le plus beau corps. Sa discographie ne s’en cache pas, il a presque toujours alterné un album live entre deux studio. Adieu tristesse déroge pourtant à la règle. Peut-être parce qu’il n’y en a pas. Ou parce qu’aujourd’hui le studio correspond mieux à ses voies de traverse, à ses randonnées dans la brume. L’aventure initiatique, les risques, ce premier duo discographique avec son père Jacques Higelin, y ressemble : "Les relations familiales manquent souvent de profondeur. J’avais envie d’une vraie rencontre avec lui autour d’un projet mais sur mon territoire. Construire crée un lien particulier". Le destin du voyageur est le dialogue (autobiographique ?) entre deux hommes, l’un installé, l’autre avide de départs. "Dès l’entrée en studio, je l’ai regardé d’une manière différente, il l’a senti et s’est mis à faire de même. Notre relation s’est ouverte". Remise en question ou à plat de leur relation, doit-on y voir une démonstration de maturité ? Une mise à nu portée par une question d’âge ? "Plus tu vieillis, plus tu te fous de montrer un personnage. Je vais passionnément vers ma liberté. Elle passe aussi bien sûr par une liberté émotionnelle, celle d’aimer sans enfermer, trouver la manière adéquate de surmonter ses peurs".

 

    Timide, il s’est pourtant soigné. Au fil de ses albums, toujours plus exposé sur leurs pochettes, provoquant ce face à face dépouillé saisi dans Piano solo. Sorti en 2002, le théâtre avait-il définitivement baissé le rideau? Plus de costumes ? "J’ai aujourd’hui une approche minimaliste. Resserrée autour de quelque chose de simple mais dense, basé sur l’énergie", confie-t-il. "Le spectacle dépend d’abord d’un succès populaire. Avec la chute des ventes se sont les moyens alloués qui se barrent".

Le public aussi. Une partie du moins, celle qui n’a pas compris ses remises en question sur Le baron noir. Maintenant, il parle avec moins de pudeur. Surexposé ? "Avant j’étais plus timide, farouche. Même si la promo est souvent ennuyeuse, j’accepte le système pour l’idée du partage". Quitte à la faire soi-même, sur le DVD bonus. On le voit lors d’une interview répondre à différentes questions. La rencontre avec M ? Une histoire d’amitié, le désir de jouir, de jouer les aventuriers ridicules. "J’adore ce mec, sa façon de voir la vie, instinctive, allumée. J’aime les gens qui affirment leur univers et proposent quelque chose de joyeux. La gaieté, c’est peut-être un des sentiments les plus élevés. Je ne suis pas d’accord pour enfermer le monde comme beaucoup le font, dans une vision vaine et laborieuse. Ce n’est qu’une question de vision. Pour moi, il reste plein, magique, sauvage, chatoyant. »

 

 La vie des morceaux oscille avec ce va-et-vient d’ombres et de lumières, ressac de fin d’ébats, de quais de gare et d’ailleurs meilleur, les larmes sottes de la Lady of Shanghaï. Dans la lignée de son travail sur la bande-son du film L’homme qui rêvait d’un enfant (2003), Adieu tristesse ressemble à une mosaïque hybride, un ciné-disque (les roulements du train dans La fille de l’Est). A première écoute, la musique prend des airs rétro. Non, elle "est moderne mais comme l’imaginaire, basée sur la mémoire. Par exemple, les samples de musique classique font le lien avec la mémoire du son, les références à son passé, pour le propulser dans l’avenir". Un régal pour l’auditeur confronté à ses propres souvenirs. Un jeu de pistes filé dans l’intemporalité des histoires. Difficile dans Le chercheur d’or de ne pas voir une référence aux problèmes actuels entre les pays du nord et les population du sud. "L’immigration est la véritable aventure, dangereuse par essence. Tout quitter pour vivre ailleurs, dans des conditions précaires, on ne raconte plus ces histoires de pauvres parce qu’elles ne font pas rêver".

Arthur H Adieu tristesse (Polydor) 2005
En tournée à partir du 23 septembre et à Paris au Bataclan le 17 octobre 2005.