Sao Paris

Sao Paris, raccourci éclair entre deux villes fortes, réunit sur les bords de Seine la chanteuse brésilienne installée en France Leticia Maura Constant et le compositeur parisien Thomas Ferrière. Movimento, leur premier opus impose une écriture nouvelle, instantanée et délicate qui ne ressemble a aucun autre projet du label de Laurent Garnier et Eric Morand.

Tout simplement ailleurs

Sao Paris, raccourci éclair entre deux villes fortes, réunit sur les bords de Seine la chanteuse brésilienne installée en France Leticia Maura Constant et le compositeur parisien Thomas Ferrière. Movimento, leur premier opus impose une écriture nouvelle, instantanée et délicate qui ne ressemble a aucun autre projet du label de Laurent Garnier et Eric Morand.

      Sao Paris, duo sans passé, ne se résume pas à l’addition des univers de la chanteuse brésilienne Leticia Maura Constant et du compositeur français Thomas Ferrière. La note serait trop salée, donc rapidement indigeste. Movimento, premier opus du binôme signé sur le label parisien F.Com, ouvre l’appétit, impose même un deuxième service. Très vite, après un “mouvement” naturel de recul, on se surprend à racler le plat, à chercher à comprendre l’étonnante alchimie des saveurs, l’heureux équilibre des textures et surtout à déceler cette pointe d’inattendu qui fait tout le charme de cet album. En une quarantaine de minutes découpées en douze plages, le duo affirme une patte qui dépasse les simples contingences géographiques résumées par leur nom. Bien sûr, elle est brésilienne et lui est parisien. Bien sûr la majorité des textes sont chantés en portugais, mais Movimento ne s’inscrit pas dans le cadre d’une quelconque année du Brésil en France, ni même dans une démarche opportuniste du label de Laurent Garnier et Eric Morand de raccrocher les wagons d’une électro-exotico-carnavalesque. Rien de tout cela, juste une véritable rencontre redevable au hasard du bonheur qu’elle provoque.

"Si ça colle, on garde. Sinon, on jette"

 

 Leticia rencontre Thomas à Paris. La Brésilienne installée à Paris depuis le début des années 90 prête sa voix à des cours de français. Lui, est ingénieur du son. En l’entendant, il lui demande si elle ne veut pas chanter, car il cherche une voix pour l’un de ses projets. "Elle m’avoue alors qu’elle est chanteuse et qu’elle cherche un compositeur avec qui travailler" se souvient Thomas. "Je lui ai fait écouter un de mes titres que j’avais sur mini-disc. Immédiatement, elle m’a proposé un de ses textes. Il collait parfaitement". Ainsi démarre l’aventure Sao Paris. Rio, le titre en question figure aujourd’hui en septième position de leur premier opus. Pourtant depuis, ils en ont composé des morceaux, tenté des assemblages, mais comme pour retrouver la magie de Rio, ils ont souhaité conserver la fraîcheur et l’instantanéité qui a irradié leur rencontre. "Généralement, je propose une base. Elle écoute, s’en inspire et réagit rapidement. Si ça colle, on garde. Sinon, on jette. C’est comme une impro, on ne souhaite pas revenir dessus." La structure musicale de Movimento, le titre qui donne son nom à l’album, a été reprise à zéro à quelques jours du mastering . "Je trouvais que la première version n’était pas assez imprégnée de l’idée de mouvement. J’ai jeté et ai recommencé. Je remercie F.Com de ne pas avoir craqué, car avec nous, il faut inévitablement s’attendre à vivre l’imprévu" lâche-t-il.

Pas de règles

 

    Cette idée d’imprévu est au coeur des morceaux du duo. Pour préserver cette spontanéité, les deux comparses ont été obligés de lâcher prise. "On ne s’impose aucune règle. On n’est pas tenu par un couplet/refrain ou par aucune autre structure. On se laisse aller librement tant au niveau de la musique que des paroles" commente Thomas avant de décortiquer Rue de Rivoli, le dernier titre de l’album. "C’est comme une ballade dans cette artère parisienne. Je suis parti micro en main à la façon d’un reporter. Tu entends le “pschitt” de la porte du bus, le bruit des chaises d’une terrasse de café, les conversations des gens. C’est un délire d’ingénieur du son. Leticia a fait de même avec les mots. Elle décrit ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent. Elle déballe tout ça sur la musique comme pour une synchro". C’est peut-être cet aspect non-formaté, cette liberté d’expression qui a séduit Laurent Garnier. "Rémy Kolpa-Kopoul, connexionneur (comme il se définit lui-même) et fin connaisseur des musiques brésiliennes lui avait transmis nos quatre premiers titres. Séduit, il les a joué lors de sets down-tempo. Les bonnes réactions aidant, il a voulu en savoir plus, c’est comme ça qu’un jour Eric Morand nous a contacté ..."

Dernière touche apportée à cet ensemble fort cohérent, des peintures d’Olivier Aubry illustrent chacune des chansons. "Là encore, c’est le hasard d’une rencontre" répète Thomas. Et d’une belle rencontre. Minimalistes, épurées, abstraites et chargées de sensualité à défaut de sens direct, elles donnent lieu jusqu’au 20 octobre à une exposition à la Galerie Samy Kinge (54, rue de Verneuil – 75007).

Sao ParisMovimento (F.Communications/PIAS) 2005