L'automne métal
Hier fers de lance d’un néo-métal à la française en français, ils reprennent l’ascension des charts rock. Plébiscités par un public adolescent sensible à leurs nouvelles orientations, Pleymo s’offre une respiration avec un DVD live quand Watcha tend à montrer ses limites. En face, Aqme campe fermement sur d’autres positions.
L'actu de Pleymo, Watcha & Aqmé
Hier fers de lance d’un néo-métal à la française en français, ils reprennent l’ascension des charts rock. Plébiscités par un public adolescent sensible à leurs nouvelles orientations, Pleymo s’offre une respiration avec un DVD live quand Watcha tend à montrer ses limites. En face, Aqme campe fermement sur d’autres positions.
Réaction française aux influences américaines, ils investissent à la fin des années 90 le terrain du crossover entre métal-rap et ligne de chant mélodiques ou hurlées. Regroupés sous la même bannière, la Team Nowhere donc, les formations revendiquent ouverture d’esprit et bouffonneries pré-pubères. Aqme la quitte il y a deux ans. Pleymo et Watcha font évoluer la formule musicale. En 2003, la brutalité spontanée caractéristique des premiers efforts est balancée d’un pop-rock apaisé. Les albums Rock et Mutant laisse la mélodie prendre le pas sur l’énergie, le sérieux à la bonne humeur et au parti-pris festif. Résultats mitigés qui leur ouvrent pourtant les portes des radios et de la télévision. La volonté de toucher un plus large public est claire, pari réussi.
Le double DVD de Pleymo, Ce soir c’est grand soir, est autant un beau cadeau pour les fans qu’une séance de rattrapage pour les nouveaux arrivés. Le premier disque est l’enregistrement du live de clôture à la tournée Rock, enregistré le 5 novembre 2004 au Zénith de Paris. La scène est un lieu privilégié pour le groupe. Ils s’y sont faits connaître, leur crédibilité a largement participé à leur popularité. Filmé par quinze caméras, cet exposé live d’une heure cinquante est aussi efficace qu’exhaustif. Le set pioche allègrement dans les répertoires toniques ou carrément bourrins de Keçkispasse et Medicine Cake. Visiblement fatigué, le groupe est incontestablement plus à l’aise sur ses anciens morceaux. Explosive et technique, la machine live tourne à plein régime sur des titres comme Team Nowhere, Kubrick ou Tank Club. A noter un morceau acoustique inédit joué par Kemar (chant), ainsi qu’une reprise validée des Deftones Seven Words. Fait à la maison, le second DVD propose outre photos, clips et making of, une heure et demie de biographie (celle commentée par le groupe est à privilégier) remontée à partir de films au caméscope. Un pied dans l’intimité bon enfant d’un groupe de potes qui réalisent leur rêve, des premiers sandwichs-pâtes aux concerts au Japon. Si leurs derniers forfaits discographiques reste affaire de goût, l’enthousiasme et la volonté manifeste d’en profiter font plaisir à voir. Prochain album pour début 2006.
Watcha s’imagine sur ce nouvel album en Phénix obèse, des seize titres tous ne sont pas indispensables. Difficile de parler de renaissance, bien qu’en dehors du changement de label le groupe confesse avoir changer ses manières quant à la composition de la musique et l’écriture des textes. Soit. Grosses guitares, riffs bien sentis (Y a plus de messages), dans cet univers carré El Butcho intercale ses refrains chantés, respirations stéréotypées. Jusqu’ici pas de réels bouleversements. Bien que le ton soit plus personnel, des textes sur l’isolement, la lassitude (Même l’amour n’évite pas la mort) ou l’écologie, l’humour s’en est allé. Fini les bouffonnades bienvenues (excepté le rigolard Wolf le guerrier) et boucles funky. La reprise disco-laborieuse de Kiss I was made for loving you baby s’achève sur une nouvelle note de perplexité.
D’entrée, Aqme donne le ton : La fin des temps n’est rien moins que la fin de toutes choses. De l’espoir, de l’amour, de l’espèce. Une année seulement le sépare de Polaroïds et pornographie et le groupe poursuit son travail consciencieux sur les rythmes lourds, rageurs, la mélancolie sincère. Après les expérimentations poussées de son métal-noise sous la tutelle du producteur suédois Daniel Bergstrand (Meshuggah), les objectifs de ce troisième album sont clairs. "Revenir à un son plus brut, dégagé des couches et recouches superflues. Aller à l’essentiel" confie Koma, chanteur. Retour costaud aux basics appuyés par des progrès techniques évidents, au chant notamment. L’ombre des albums cultes 70’s plane, Black Sabbath en tête. Confirmation : "Nous avons choisi le producteur Steve Prestage pour ses collaborations avec Black Sabbath et De Palmas. Nous voulions un son plus rock et compact." Classique ? "Non, antidaté. Un disque que l’on puisse réécouter longtemps après sans pouvoir le situer, à l’inverse de certaines productions modernes." Par ailleurs, ils seront aussi présents sur le prochain album d’Indochine. Aqme leur propose un titre, puis la bande à Sirkis les invite "à l’enregistrer collectivement, les deux groupes simultanément en studio. Deux batteries, trois guitares, deux basses, deux chanteurs. Incroyable." Inédit pour sûr.
Pleymo Ce soir c’est grand soir (Epic / Sony BMG) 2005
Watcha Phénix (Columbia / Sony BMG) 2005
Aqme La fin des temps (Wagram music) 2005