No Jazz, fans de soul

Trois ans après la sortie de leur premier album, le groupe No Jazz récidive avec Have Fun. Stevie Wonder, Mino Cinelu, Wayne Vaughn ou encore Claude Nougaro, sont les invités de marque de cet album, empreint de sonorités funk-soul et électro. Let’s groove !

Nouvel album du combo déjanté

Trois ans après la sortie de leur premier album, le groupe No Jazz récidive avec Have Fun. Stevie Wonder, Mino Cinelu, Wayne Vaughn ou encore Claude Nougaro, sont les invités de marque de cet album, empreint de sonorités funk-soul et électro. Let’s groove !

Ils en avaient rêver. Ils l'ont fait. Chanter avec Stevie Wonder fut un immense privilège pour les français No Jazz, fiers de leurs cinq ans d’existence et qui ont collaboré avec le grand artiste de la Motown, sur leur dernier album Have Fun, enregistré à Los Angeles. L’un des rois de la soul a même affirmé aux cinq trublions : "C’est monstrueux ce que vous faites !" La classe. Ajoutez au nom glorieux, celui de Wayne Vaughn d’Earth Wind and Fire, et vous obtenez l’opus de No Jazz : un album "événement".

 

 C’est débarrassé de leurs oripeaux de Super Héros, tels Peter Parker ou Clark Kent, que DJ Speeder Mike et Bilbo le batteur racontent, dans l’intimité d’un café parisien, l’épopée qui les mena du garage où "ils faisaient de la musique, comme ils auraient joué à la pétanque", à la rencontre de leurs idoles dans les plus illustres studios américains. Alors, ça fait quoi ? La question brûle les lèvres. "Lorsqu’en 2001, notre producteur Téo Macéro annonce la venue à l’un de nos concerts de Maurice White d’EWF, Mike a failli s’évanouir" rigole Bilbo. "Si je fais de la musique, c’est grâce à eux", répond simplement l’intéressé, avant d’ajouter que le groupe entier s’est trouvé pris de malaise lors d’un show case à Hollywood trois ans plus tard. Pour cause ! Maurice White, devenu "un pote", avait invité un convive ... d’exception. "Nous devions passer vers 22H30 et nous ne disposions que d’un set de 20 minutes. L’heure fatidique approche. Stevie Wonder n’est toujours pas là. Nous  montons sur scène la mort dans l’âme. Au premier accord, il apparaît." Mike et Bilbo s’enthousiasment encore de la soirée, durant laquelle le musicien qu’ils placent "au-dessus de tout", leur propose une collaboration : "A l’issue du set, il nous invite dans un resto thaï de LA. Nous somme encore bluffés par la gentillesse et la modestie d’un artiste qui n’a  rien à prouver".  Autre rencontre en forme d’émotion, un "torrent de cailloux dans l’accent" : "Petits gars, votre truc c’est vraiment bien" leur lance un soir Claude Nougaro, avant d’enregistrer un rap avec No Jazz, Le K du Q.Bricolage pour rigoler

Rien, pourtant, ne prédisposait Bilbo, Mike, Slam, Balat et le trompettiste d’alors, cinq potes "sans ambition de faire un groupe", à de telles aventures. "Tous pris dans d’autres engagements lors des balbutiements en 1999, nous bricolions des sons pour rigoler. A notre grande surprise, nous nous sommes aperçus que nos bidouillages plaisaient". Première scène au Sunset en 2000, et tout s’enchaîne pour le groupe d’électro-jazz. Chaperonné par le manager de Yannick Noah, ils courent les festivals prestigieux : Montréal, Eurockéennes, ... et enregistrent leur premier album sous la houlette de Téo Macéro, produit par Warner Jazz. "L’album a été enregistré à l’arrache" confie Mike. "Si nous l’avions mûri et réfléchi, nous aurions fait celui que nous sortons aujourd’hui Have Fun". Quoiqu’il en soit, les albums se nourrissent de la scène, des voyages, de leurs rencontres.

 

    Et il y a de quoi s’inspirer ! 29 pays en trois ans et plus de 350 dates : leur ascension fulgurante aurait de quoi faire pâlir bien des musiciens. Leur secret ? "Si le groupe conserve une connotation jazz avec l’utilisation des cuivres et l’improvisation, No Jazz se gère comme un groupe de rock" affirme Mike. "Selon nous, le talent passe aussi par l’énergie et la cohésion. Parfois c’est du grand  délire, mais l’essentiel est que l’on s’amuse, et que l’on ne sombre pas dans la routine". "A chaque concert, on change l’ordre des morceaux" renchérit Bilbo. "On garde le squelette et on met les bras à la place des jambes." Rien n’est épargné pour contrer l’ennui : des mises en scène aux costumes. D’ailleurs, à part la filiation avec leurs mentors, No Jazz récuse tout parenté avec les groupes estampillés électro-jazz français – "Nous ne les rencontrons jamais"-, préférant une image internationale, confirmée par une prochaine tournée en Allemagne, et des voyages fréquents aux USA. "Nous aurions pu faire de la chanson française, nous serions peut-être plus passés sur les ondes. Mais notre style ouvert permet d’accueillir aussi bien Bjork qu’un griot africain. Et puis Paris n’est-elle pas la terre du métissage ?".

Le bilan de leur courte et riche carrière ? "Il est mitigé. Nous avons fait d’énormes rencontres, mais nous ne somme que très peu relayés par les médias français. Quant à la participation de Stevie Wonder à notre album, elle fut accueillie par un "ah..." blasé de notre label." Quant à la suite ... "Nous n’allons pas attendre trois ans pour sortir un nouvel album et nous allons continuer à susciter les rencontres. Notre rêve est de jouer avec Meshell Ndegeocello" ! Pour No Jazz, un grand "yes" !

No Jazz Have fun (Up Music) 2005