Corneille

Dans son second album, Les Marchands de rêve, Corneille aborde avec sérénité son passé, son présent et ouvre un nouveau chapitre de sa vie en amorçant un retour vers le continent africain.

Les Marchands de rêves

Dans son second album, Les Marchands de rêve, Corneille aborde avec sérénité son passé, son présent et ouvre un nouveau chapitre de sa vie en amorçant un retour vers le continent africain.

A la veille de la sortie de son deuxième album, Les Marchands de rêves, Corneille est un garçon très demandé. Après avoir assisté à la conférence de presse de l’UNICEF dont il est le parrain, avoir répondu à quelques questions en direct pour le bulletin d’informations d’une radio privée, il s’assoit avec nous dans un bureau de l’organisation internationale.

En paix

      Corneille a un parcours pour le moins atypique dans le milieu de la chanson francophone, et son histoire, doublée de sa success story, en fait une icône engagée et glamour. L’engouement du public pour son premier album Parce qu’on vient de loin, vendu à plus de 800.000 exemplaires fait de son second opus un événement attendu. Pourtant, face à toute cette rumeur médiatique, il apparaît plutôt détendu, à l’aise, en paix avec son passé, lui-même et son public.

L’album, toujours très personnel, s’ouvre sur des thèmes graves, mais apaisés, puis glisse vers quelque chose de plus léger. Comme dans plusieurs morceaux du premier album, les compositions musicales fonctionnent comme des supports : leur légéreté donne à penser que le quotidien, dans toute sa banalité, se déroule sur ces réflexions de fond. Quelques innovations musicales donnent du corps à certains titres : les percussions sur Lettre à la maison Blanche, ou le rythme congolais de la guitare sur Iwacu, amorcent un retour vers le continent africain. C’est peut être en effet, vers l’identification des contours d’une idendité rwandaise meurtrie mais rescapée, mûrie et apaisée, que tend ce second album. Une identité d’homme aussi.

Du titre Reposez en paix, jolie apostrophe aux parents disparus qui ouvre l’album, à Viens, un morceau plutôt sexy, un chemin de taille est parcouru. Pour Corneille, cette évolution est fortuite : "je n’ai pas conceptualisé l’album vraiment dans ce sens-là. J’écris comme je vis et chaque chanson est moi au moment où j’écris". Il concède pourtant : "cet album est une transition et commencer avec ce titre Reposez en paix, était une façon d’ouvrir un nouveau chapitre. A la fin de l’année dernière, après le succès du premier disque, j’ai eu besoin de m’asseoir et de penser en toute lucidité. Je voulais aller vers autre chose, endosser ma responsabilité de citoyen du monde donnée par la vie et par mon public". Ainsi, la combinaison musique et visibilité médiatique permet de faire passer des messages forts à destination de tout son public, qu’il soit européen, canadien ou africain. Avec une impression de forte religiosité, cet album se veut rassembleur : "la religion, dit il, je ne sais pas à quel point cela m’intéresse. Je ne la pratique pas, mais dans cet album je voudrais réunir tout le monde autour d’une religion universelle". Foi en l’Homme, en la musique, Corneille l’a certainement. Il souhaite aussi communiquer sa foi en l’avenir, en une utopie constructive : "Le rêve du meilleur, c’est mon moteur".

Changement

 

 Mais l’aspect le plus intéressant de l’album est sans doute le regard apaisé que Corneille porte sur le Rwanda et sur le continent en règle générale. Sur le titre le plus réussi, Iwacu, quasiment funky, il désarme les préjugés : "Je voulais peindre un plus beau tableau du continent. Gommer ce spectre qui accompagne l’Afrique et qui en fait le continent de tous les malheurs. D’une part, ce n’est pas vrai, et d’autre part, les jeunes ont besoin d’entendre autre chose. Le changement n’arrive que si l’on croit au changement. Et ce changement commence par une ouverture d’esprit et un nouveau regard. Alors bien sûr, c’est dur d’exiger ce changement de la part de gens, qui sur le continent vivent des choses dures au quotidien. Mais de l’extérieur, c’est possible, la chanson peut contribuer au rêve de changement. Et le titre de l’album s’explique comme ça. Les Marchands de rêve, c’est ceux qui veulent changer les choses". Ainsi, il saupoudre dans cet album les ingrédients du changement, des petites graines d’espoir. Les femmes sont l’avenir de l’Afrique, dit-on. Il leur consacre plusieurs titres.

Lui aimerait retourner à Kigali à l’avenir, donner des concerts, et "parler au micro, sans chanter, dire des choses" mais ne se considère pas encore prêt. "C’est sûr, je le ferai. La question, c’est juste : Quand ?"

Corneille Les marchands de rêve (Wagram) 2005

Concerts :  du 10 au 15 janvier 2006 à l'Olympia Paris et en tournée en France jusqu'en avril 2006.