Indochine remet les compteurs à zéro
Comme pour clore l'année 2005 en beauté, Indochine sort enfin son nouvel album tant attendu. Alice & June, sous la direction du fondateur Nicola Sirkis, rappelle que le rock français est bien vivant.
Nicola, Alice et June
Comme pour clore l'année 2005 en beauté, Indochine sort enfin son nouvel album tant attendu. Alice & June, sous la direction du fondateur Nicola Sirkis, rappelle que le rock français est bien vivant.
Indochine, avec toutes ses années au compteur, a l’habitude des challenges et des remises en question. Ce n’est pas la première fois que Nicolas Sirkis doit assumer le pari toujours insensé que représente "l’album-qui-suit-un-triomphe". Car même lorsqu’on n’a plus rien à prouver, qu’on a cette carrière tellement remplie de succès et de vénération publique, mais aussi d’événements douloureux, de disparitions et de renoncements, on se doit de garder le cap. Il y a une Histoire à prolonger, une "responsabilité" vis-à-vis d’elle, et des attentes de ces fans dont les générations se perpétuent, réunies autour d’une "idée" personnelle du rock, telle qu’elle est née dans l’esprit de son leader charismatique.
Alice & June est donc l’objet musical qui sera le plus scruté de l’année 2005, qu’il vient clore de la plus vigoureuse manière. Car ce double album, le premier de l’histoire du groupe ("Notre Exile On Main Street", a commenté Sirkis) affiche une tonalité sévèrement rock’n’roll, hérissée de riffs de guitare tranchants. Ne comptez pas y trouver des balades apaisées, signes d’une maturité sereine. Au contraire, l’heure est au boucan majeur ! Et au sexe.
Quelques titres de chansons donnent le ton : Ladyboy, Gangbang, Un homme dans la bouche, Vibrator, Leash Me ... Un joli catalogue de fantasmes propulsé par un rock turgescent qui frappe au plexus. Direct et élégant. Les quelques invités au festin donnent le ton : Didier Wampas pour un Harry Poppers survitaminé. Aqmé, jeunes portes-drapeau d’un néo-métal français tatoué comme un flibustier. Et Brian Molko, sorte d’alter ego de Nicola Sirkis dans l’élaboration d’un rock soucieux d’esthétisme gothico-sensuel, pour un Pink Water que les fans partagés des deux éphèbes vivront comme un improbable climax de leur passion pour les chanteurs troublants.
Avec sa grosse vingtaine de chansons, Alice & June remplit sa mission de nouveau chapitre digne dans le parcours d’un groupe qui ne s’embarrassa jamais de compromission. Pas de tentation pop, de J’ai demandé à la lune 2 mais des gifles d’électricité sauvage, assenées par des garçons assortis.
Indochine Alice & June (Jive Epic/Sony) 2005