<em>Saravá !</em> Rencontres avec la bossa nova

Vinicius, Tom, Joao et tous les autres

Vinicius de Moraes, Tom Jobim ou Joao Gilberto, des noms à jamais associés à la bossa nova. François Xavier Freland, journaliste et collaborateur de RFI Musique, et Olivier Mirguet, photographe, nous entraînent dans leur sillage sur les pas de ceux qui ont fait la bossa avec le livre Saravá, rencontres avec la bossa nova. Rencontres avec des témoins de cette époque et photographies évocatrices.

The Girl from Ipanema, une mélodie, une voix qui ont fait le tour du monde. Interprétée, presque murmurée par Astrud Gilberto, écrite par Joao Gilberto et Stan Getz, cette chanson reste l'arbre qui cache la forêt de la bossa nova. Ce genre musical développé à la fin des années 50 au Brésil reste un monument culturel de ce pays aux multiples facettes. Il faut dire que pendant plusieurs années, la bossa a permis aux plus talentueux musiciens et auteurs de s'exprimer à travers une musique sophistiquée, aux sonorités jazzy, mais profondément ancrée dans la tradition populaire.

Saravá, rencontres avec la bossa nova nous entraîne dans un voyage nostalgique où les grands noms, Vinicius de Moraes, le poète et diplomate, Baden Powell, "l'âme nègre de la bossa nova", Tom Jobim, "l'architecte"ou l'étrange et mystérieux  Joao Gilberto sont les acteurs d'une comédie dramatique où se mêlent un sens aigu de la fête, la fameuse saudade, une passion dévorante pour la musique et la folie du succès publique.

Le journaliste, François-Xavier Freland part à la rencontre de ces grandes figures à travers leurs proches : Maria Creuza, "la voix du poète" Vinicius, les fils de Baden ou de Tom Jobim, Miucha, la dernière compagne de Joao Gilberto et mère de Bebel. Chacun évoque ses souvenirs, se rappelle des grands moments, comme le fameux concert donné à New York en 62 qui rassembla une vingtaine de chanteurs sur la scène du Carnegie Hall. Les lieux aussi, Rio de Janeiro bien sûr, Copacabana, Ipanema et le café Veloso, mais aussi Buenos Aires et la salle de concert la Fusa. Et évidemment Paris, où de nombreux interprètes de la bossa ont vécu… Mais François-Xavier Freland donne aussi la parole à nombre de musiciens moins connus en France, ce qui par petite touche permet de reconstituer ce que fut le grand puzzle de la bossa : les influences, les rencontres, les coups de génie, les amitiés et les brouilles, etc.

Cette invitation au voyage est largement enrichie par une excellente mise en page, une iconographie choisie et des photographies originales de Olivier Mirguet. Des portraits bien sûr, des pochettes de disques originales et des prises de vue de Rio, rues et plages, des objets intimes, la guitare de Baden, la photo encadrée et posée sur une table de Joao Gilberto et de sa fille Bebel enfant chez Miucha, ou encore cet écran de télévision avec le visage de la chanteuse Nara Leão, aujourd'hui disparue. Des évocations. Bien plus que des illustrations, ces photos sont autant d'incitations à la rêverie et au voyage intérieur. Une manière aussi d'apprécier la bossa.

François-Xavier Freland, Olivier Mirguet Saravá, rencontres avec la bossa nova (Editions Naïve) 2005