L'année "Musiques africaines"

Décembre, l’heure des bilans. En ce qui concerne les musiques venues d’Afrique, l’année 2005 est plutôt un bon cru. De belles sorties d’albums, des retours de grands musiciens africains sur la scène internationale, des découvertes, et également des événements marquants. Retour sur une année 2005 chargée en émotions musicales…

Richesse et diversité

Décembre, l’heure des bilans. En ce qui concerne les musiques venues d’Afrique, l’année 2005 est plutôt un bon cru. De belles sorties d’albums, des retours de grands musiciens africains sur la scène internationale, des découvertes, et également des événements marquants. Retour sur une année 2005 chargée en émotions musicales…

Janvier-mars : audace et consécrations

Le début de l’année est d’abord propice aux artistes ayant sorti des albums fin 2004. L’album Coup de Gueule de l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly, est de ceux là. Largement diffusé sur les ondes, l’album fait un tabac en Afrique bien sûr, mais aussi en France et au Canada. En février, sort l’album riche et audacieux Plus vivant du Congolais Lokua Kanza. Entouré de musiciens francophones hétéroclites (Camille, Corneille, Belle du Berry, chanteuse de Paris Combo), il affirme sa personnalité musicale dans un album pour la première fois tout en français.

En mars, à l’occasion des Victoires de la Musique françaises, le couple de Maliens Amadou et Mariam remporte le prix Reggae/ragga/world pour leur album Un Dimanche à Bamako. Produit par Manu Chao, l’album blues-rock chronique avec simplicité le quotidien malien et délivre des messages forts, avec un enthousiasme communicatif. Une vraie victoire qui consacre, au delà de cet album, les vingt ans de carrière du couple.

Avril-juin : belles sorties d’album

Avril 2005 est le mois des albums de style. Plusieurs artistes sénégalais de renom refont surface avec des albums de qualité. Omar Pène revient d’abord avec Myamba, un album accoustique plus jazz et dépouillé qu’à l’accoutumée. La couleur Super Diamono, dont il venait de fêter les 30 ans en décembre 2004, s’entend en demi-ton, tandis que l’album peut être défini comme le "mbalaax cool". Dans un genre différent, un "éléphant" de la musique sénégalaise revient courant avril. Ousmane Touré, l’ancienne voix de tête du groupe Touré Kunda, sort en effet Avenue du monde, un album tout en finesse et riche d’influences.

Le mois de juin est illuminé par la sortie du très bel album de Boubacar Traore, Kongo Magni. Kar Kar, le guitariste doyen du blues malien, porte-drapeau de l’époque Mali Twist, renoue avec les thèmes qui lui sont chers, et innove avec de très beaux duos, comme celui avec le malgache Régis Gizavo.

Le 21 juin, en France et désormais partout dans le monde, c’est la Fête de la musique. Diffusé en direct sur France 2, le concert de la cour d’honneur du château de Versailles, offre à Amadou et Mariam une visibilité sans précédent. Le couple distille son blues généreux dans le foyer de millions de téléspectateurs. Un événement de taille pour la musique malienne !

Juillet-août-septembre : temps forts

Pendant l’été, les sorties d’albums passent souvent inaperçues… Mais le magnifique album In the heart of the moon, d’Ali Farka Touré et Toumani Diabate n’a pas connu ce sort-là : et peut même être considéré comme l’un des plus beaux disques de l’année. Encensé par la critique, l’album est un dialogue virtuose entre la guitare d’Ali Farka et la kora de Toumani Diabate. Il a été enregistré en toute spontanéité, en trois prises de deux heures dans un studio mobile dans un hôtel de Bamako…

A la rentrée, un événement fait vibrer le milieu hip hop : c’est la sortie d’Un autre monde est possible, l’album investi de Didier Awadi, co-fondateur des Positive Black Soul.

Enregistré dans son studio Sankara à Dakar, l’album pioche des sonorités dans le rock ou le coupé-décalé pour diffuser un message alter mondialiste, plutôt novateur dans le rap. Sans pitié avec les classes dirigeantes, il fait écho au tonitruant Quitte le pouvoir enregistré pour l’album Coup de Gueule de Tiken Jah Fakoly avec Stoppez les criminels, un titre bien en prise avec l’actualité sénégalaise.

Octobre, novembre, décembre : album fondateur

Fin octobre, Cheikh Lô, le baye-fall sénégalais propose, après six ans d’absence, un album en forme de trait d’union entre Brésil et Sénégal. Enregistré entre Bahia, Londres et Dakar, l’album Lamp Fall navigue habilement entre les deux pays et en montre les similitudes. Bien reçu par la critique, l’album montre une autre facette de la musique sénégalaise.

Mi-novembre à Dakar ont lieu les traditionnelles remises de prix RFI Musiques du Monde. Cette année, c’est un Cap verdien,Tchéka, qui est honoré pour son album Nu Monda, sorti en mai. Avec brio, Tchéka transpose sur sa guitare les rythmes percussifs de l’île de Santiago.

Fin octobre, enfin, pour terminer l’année en beauté, la planète francophone a accueilli un disque d’envergure : M’Bemba de Salif Keita. Sur cet album, entièrement enregistré dans son studio de Bamako, Salif Keita  se rapproche de l’histoire du Mali et de ses origines princières. Tourné vers la musique mandingue et métissée, avec notamment des mélodies espagnoles, M’Bemba, est considéré comme l’un des albums les plus réussis de l’année musicale 2005.