Angélique Ionatos
Elle est née à Athène mais depuis plus de 30 ans, elle vit en France. Angélique Ionatos propose du 19 au 21 janvier un nouveau spectacle à la Cigale à Paris. L'occasion d’entendre ses plus belles mélopées mais également de goûter de nombreux inédits, futurs titres amoureux d’un album à venir. Rencontre.
La chanteuse grecque se produit à Paris
Elle est née à Athène mais depuis plus de 30 ans, elle vit en France. Angélique Ionatos propose du 19 au 21 janvier un nouveau spectacle à la Cigale à Paris. L'occasion d’entendre ses plus belles mélopées mais également de goûter de nombreux inédits, futurs titres amoureux d’un album à venir. Rencontre.
RFI Musique : Pendant ces trois jours à La Cigale, allons-nous découvrir de nouvelles chansons aux côtés de votre anthologie ? Vous n’avez pas enregistrer de disque depuis trois ans…
Angélique Ionatos : Le récital sera trilingue : grec, français et espagnol. Et pour la première fois, je signe mon premier texte, écrit en grec, et baptisé Grammaire érotique. Pour exprimer la nostalgie de l’abolition des esprits ( petite vague autrefois inscrite au-dessus des voyelles), j’ai fait une chanson sur le mot "sarapo", qui veut dire "je t’aime" en grec. Je me suis amusée à faire des jeux de mots, sur l’amour qui se transforme (rires) comme l’orthographe. (Ndlr : Edith Piaf appelait "Sarapo" son dernier amour, le jeune Theophanis Lamboukas).
En grec, j’interpréterai également l’univers sombre de Costis Palamas, un poète du XIXe siècle que ma mère adorait. Des textes qui parlent de la mort d’un jeune enfant. Un triptyque avec trois chants qui se répondent vraiment. J’ai retrouvé une veine que j’avais un peu perdue, un peu arrogante, qui me plait bien ! Tandis qu’en espagnol, je mets en musique des poèmes de Pablo Neruda extraits des Cent sonnets d’amour. En attendant d’écrire mes propres textes en français, j’ai choisi un poème d’Alain de Noailles l’Empreinte, sur la fureur de vivre, et une reprise de Claude Nougaro, Mon Paris.
Finalement, à l’occasion de cette scène, les choses se révèlent et le futur m’intéresse drôlement plus que le passé, je ne suis pas très nostalgique à l’égard de mes propres spectacles, ni de ma musique.
Athènes-Paris, c’est le voyage que vous avez fait en 1969. Vous avez dû partir suite à la prise de pouvoir des colonels en Grèce, quelle relation cultivez-vous avec la France? C’est une grammaire érotique ?
(Rires) Oh ! la langue française n’est pas très souple mais c’est une des plus belles langues au monde! J’adore la France donc je me sens en droit de dire du mal parfois d’elle ! C’est vraiment mon deuxième pays, et j’ai beaucoup plus vécu ici qu’en Grèce puisque j’avais 15 ans lorsque je suis partie. J’espère que je vais continuer à bien m’y sentir. Je me sens reconnue et aimée. Mon fils est français, son papa est français… Mais je suis inquiète pour la culture et l’art, car j’ai l’impression que c’est le modèle libéral américain de sponsoring et de mécénat qui s’impose, plutôt que le soutient de nos ministères. Je crois que l’âge d’or est derrière nous…je suis assez déçue du service public, c’est frustrant. J’exprime un souhait, un souhait d’amélioration, je ne suis pas amère…
Sur scène, vous êtes cette tragédienne, brune aux yeux noirs, chantant l’amour et la mélancolie. Qui êtes-vous dans la vie ? Autoportrait !
Il y a presque une dichotomie entre moi sur scène et dans la vie. Les grands comiques sont souvent dépressifs dans la vie et moi qui suis identifiée comme une tragédienne, je ris beaucoup ! Je crois que j’ai beaucoup de joie de vivre avec ceux que j’aime. Je suis quelqu’un de tempérament nostalgique mais je contrarie ça ! Le rire et l’humour, c’est important. Mais je ne suis pas mondaine, j’aime la solitude !
Un des thèmes éternel de vos chansons, c’est la mer…
Vous parlez de la mer sans "e" !
Oui, de la mer… qui vous vient du père !
C’est vrai qu’elle me vient du père! Je raconte volontiers qu’étant fille de marin, la mer me prenait mon père et me le rendait plus riche. C’est Ulysse ! J’ai une passion pour la mer. La maison de mon enfance était les pieds dans l’eau et aujourd’hui, j’ai une maison sur une île grecque. Je suis fascinée, la mer me calme, c’est un sentiment profond, elle m’inspire. J’ai chanté les textes de Théodorakis dans l’album Une mer remplie de musique.
Le thème du voyage à travers les poètes qui vous inspirent est également très présent…
Oui, et d’ailleurs je trouve qu’il y a des correspondances entre les poèmes de Néruda et mon poète grec préféré Odysseus Elytis (prix Nobel de littérature). Comme une énorme parenté lyrique et universel, à travers l’amour de la femme et du pays. C’est lumineux !
En concert à la Cigale à Paris les 19, 20, 21 janvier 2006
Angélique Ionatos Anthologie (Naïve) 2003