Art Mengo Mélancolique

Toujours sentimental et élégant, le Toulousain Art Mengo sort un nouvel album, Entre mes guillemets, pour lequel il a écrit ses premiers textes de chanson.

Nouvel album du Toulousain

Toujours sentimental et élégant, le Toulousain Art Mengo sort un nouvel album, Entre mes guillemets, pour lequel il a écrit ses premiers textes de chanson.

A peine deux ans après La Vie de château, Art Mengo sort cette semaine Entre mes guillemets, nouvel album aux couleurs tendrement mélancoliques, sur des textes de Marc Estève, Marie Nimier à quatre mains avec Clarika et… Art Mengo lui-même. Entre peine d’amour discrète et subtile sensualité, ses onze nouvelles chansons semblent taillées pour la scène : moins d’un an après la fin de sa tournée précédente, il reprend la route dans un mois.

RFI Musique : Il semble que vous ayez mis nettement moins longtemps à faire cet album que le précédent…
Art Mengo : J’avais pris six ans pour La Vie de château. Là, j’avais juste envie de m’arrêter, de faire le plein de nouvelles chansons et de repartir en tournée. J’ai fait ma dernière date au mois de mai et j’ai prévenu tout le monde que le nouvel album viendrait six mois après – une façon de changer la donne. J’ai appliqué une méthode que je n’aime pas trop, mais qui est efficace : je me suis volontairement frustré. Avec une centaine de dates de tournée, je n’avais pas le temps de faire des chansons. Quand j’ai arrêté les concerts, je me suis jeté sur le matos et je me suis empressé de sortir tout ce qui devait sortir – un défoulement total.

Les arrangements sont très légers, comme si les chansons étaient jouées sur scène…
A part le guitariste, j’ai enregistré avec le groupe de la tournée. C’est un des paramètres qui permettait d’aller vite. Le plus difficile, c’est de parler musique. Je n’aime pas parler de septième diminuée, de neuvième, de tout ça… Je préfère dire qu’un accord est ouvert ou fermé, par exemple. Il en faut des répétitions, des concerts, des balances pour que ce jargon se mette en place… Or, pendant cent dates, la communication était passée entre nous. Ce qui fait que j’avais l’impression d’être en balance quand je faisais les nouveaux titres avec les musiciens – le plus gros chemin était fait. Ensuite, j’ai effectivement voulu des chansons transposables sur scène parce que désormais c’est surtout là que ça se passe.

Que voulez-vous dire par "c’est là que ça se passe" ?
J’ai aimé – j’aime encore – les machines, la création dans l’intimité du studio… Mais, avec le temps, j’ai découvert encore plus fort en scène, parce que je suis beaucoup plus à l’aise, je suis conscient d’avoir ma petite utilité derrière un micro quand je fais du live. Et c’est ce qui fait que, pour le cycle dans lequel je suis, il faut que j’aille voir les gens. Et, quand je rentre à la maison, j’ai envie de prendre un texte, d’aller encore plus loin, de faire encore plus plaisir aux gens qui viennent me voir – un engrenage excellent pour l’inspiration.

Vous avez mis du temps à être à l’aise sur scène ?
Au début, ce n’était pas mon élément, j’avais un petit peu peur de tourner. J’ai vraiment découvert les plaisirs de la scène avec Croire qu’un jour, en 1998, même si on n’a pas beaucoup parlé de cet album. Il était révélateur d’un bien-être que jusque-là je ne connaissais pas. Je viens d’une époque où les choses se faisaient un peu à l’envers. On balançait quelqu’un sur scène sans qu’il en ait jamais fait. Je suis de la génération synthés-machines. J’ai appris à faire marcher un studio, à faire des prises de son ou à choisir les micros avant de savoir comment gérer un spectacle et me mettre en avant. En travaillant avec des gens comme Henri Salvador ou Juliette Gréco, j’ai découvert qu’on peut vieillir sur scène, et ça m’a un petit peu montré la voie.

Vous signez les premiers textes de votre carrière sur cet album, un en collaboration avec Marc Estève et les deux autres seul…
J’ai toujours aimé les mots, leur musicalité. Je ne vais pas tout inverser maintenant : j’aime les mots parce qu’on peut les mettre en musique, c’est le rapport à la musique qui fait que je vais vers le mot, par un cheminement logique. Là, pour la première fois, des blocs entiers m’arrivaient, paroles et musique. Mais je pense que l’auteur en moi a été un peu précipité par l’urgence. Je ne suis pas sûr que si j’avais eu six mois de plus pour faire l’album, je n’aurais pas craqué pour deux ou trois textes d’un autre et mis de côté mes propres textes.

Dans la chanson Entre mes guillemets, que vous avez écrite, vous dites : "Je suis votre amant démodé". C’est un autoportrait ? 
Aujourd’hui, on parle plus de la jeune génération. Je pense que j’ai eu ma période, pendant laquelle on parlait un peu plus de moi. Alors oui, j’ai un petit côté démodé, mais qui me va très bien. Quelque part, je peux toujours être fier d’être là depuis dix-sept ans – même si, en fait, ma chanson parle d’autre chose.

Art Mengo Entre mes guillemets (Polydor-Universal) 2006
En tournée française à partir du 21 février prochain.