David Walters

DJ régulier aux côtés de Lhassa ou Cibelle, David Walters propose une série de concerts en avant première de la sortie d'un premier album cuisiné à la maison, Awa. On y retrouve tous les parfums épicés de son parcours Paris–Marseille, en passant par les Antilles et l’Afrique.

Le grand écart entre les Antilles et l'Afrique

DJ régulier aux côtés de Lhassa ou Cibelle, David Walters propose une série de concerts en avant première de la sortie d'un premier album cuisiné à la maison, Awa. On y retrouve tous les parfums épicés de son parcours Paris–Marseille, en passant par les Antilles et l’Afrique.

Les bras chargés de cadeaux pour ses enfants, David (et son grand sourire) répond volontiers aux questions des journalistes. Chez lui la famille, c’est sacré. Il a même samplé la voix de sa maman sur Sanza, la dernière plage de son premier album Awa. A 32 ans, une femme et des enfants, David Walters a décidé de tracer son propre chemin, après avoir refait la route de ses origines.

Ses premiers trajets, ce sont d’abord les aller-retour Paris-Antilles pendant les vacances… mais on lui rappelle vite fait qu’il vient de Paris, et le petit garçon qu’il était comprend très vite qu’il est et restera "un métro" malgré ses origines caribéennes. Il réagit alors en affirmant son identité noire. Ses modèles en posters sont l’athlète Jesse Owens ou les BO de la Blaxploitation écoutées sur les vinyles de sa mère. Et bientôt, le rêve devient réalité. A 13 ans, ses capacités physiques lui permettent d’intégrer le Bordeaux Etudiant Club, à la faveur d’un déménagement en province, dans le Gers. Mais une blessure lui fait prendre conscience qu’il lui faut trouver une existence en dehors du stade. Il quitte alors la lumière pour la pénombre des bars de nuit. Seul noir d’un rendez-vous de Hell’s Angel bordelais, il joue Led Zep sur les platines puis ose la soul et le hip hop…DJ David est né, et avec lui les soirées Délicious groove ! Il bouge souvent à Londres, rencontre BNX, qu’il salue pour son immense culture musicale. Le duo fonde Zimpala, produit trois albums et tourne avec les Négresses Vertes. A nouveau, David est dans la lumière et fait la première partie de Bowie sur cinq dates.

Negropolitain

Aujourd'hui, installé à Marseille depuis cinq ans, une ville "brute, authentique, avec une population incroyablement variée, une ville extrêmement conviviale". Celui qui se surnomme lui-même le "négropolitain" a signé pour son premier opus, avec Ya Basta, le label de Gotan Project. Fils de Caribéens, David raconte volontiers la fierté de sa grand-mère martiniquaise lorsqu’elle l’écoute à la radio. Son grand-père, lui, est de St Kitts et Nevis, les îles anglophones…une à deux fois par an, David leur rend visite, à la recherche de sa culture.

Mais récemment, le voyage en Afrique s’est imposé : au Togo. Une vingtaine de villages traversés, de familles en familles, jusqu’à la frontière du Burkina Faso. Le partage avec les musiciens est décisif. Percussions, chant, danse, David est "décomplexé". "Après tous ces voyages, j’ai écrit naturellement en créole, en anglais, et en français. C’était très fort, j’ai joué de la percu, j’ai dansé, j’ai chanté !". La fusion de David Walters parle créole "pour la puissance de ses images" et joue "hip hop et soul parce que c’est la musique (qu’il) écoute." Le projet du disque est porté par toute l’équipe de Ya basta, "c’est elle qui ose" et puis maintenant par Virgin.

Un disque fait maison

Awa, c’est donc un album de retour de voyage, riche de toutes les atmosphères, gai, tendre et dansant. DJ devenu musicien, David multiplie les instruments sur l’album, des guitares acoustiques, des guitares folks, mais aussi les voix, les chœurs, les arrangements de percussions. Un an et demi de mitonnage "j’ai du faire une trentaine de morceaux pour en garder douze. C’est une bonne cuisine faite à la maison, sans pression (rires), vraiment un plaisir". Awa signifie "Non !". Pas un non d’adolescent mal dégrossi, mais un non qui veut dire : je refuse ce qui n’est pas bon pour moi. Ce qui est bon pour lui ? A l’écoute de l’album c’est donc essentiellement l’amour avec Don’t let me do this, L’eau de chez toi ou Di moin, chanté dans toute la diversité des langues des Caraïbes (anglais, français ou créole). C’est aussi l’heureux souvenir de l’enfance ou des mélodies antillaises découvertes récemment comme Mesi bon dyé ou la berceuse qu’il a caché sept secondes après la fin du dernier morceau !

Reste que David doit encore faire ses preuves sur scène, car le passage du home studio au direct est loin d’être convainquant, même si le DJ des stars a bien compris qu’une carrière se fait avec le public, comme le prouve son titre Entre vous et moi, qui n’a rien a envié à un Yannick Noah ou un Corneille.

David Walters Awa (Ya basta/Virgin music) 2006