Bertrand Louis

Pendant que certains tournent en continu la même ritournelle Bertrand Louis poursuit son chemin musical. Son troisième album, Tel quel, sorti ces derniers jours, en est la preuve. Balayant d’un geste léger toutes les étiquettes que l’on pouvait avoir du jeune homme, cet opus bien ficelé est à prendre "tel quel".

Tel quel

Pendant que certains tournent en continu la même ritournelle Bertrand Louis poursuit son chemin musical. Son troisième album, Tel quel, sorti ces derniers jours, en est la preuve. Balayant d’un geste léger toutes les étiquettes que l’on pouvait avoir du jeune homme, cet opus bien ficelé est à prendre "tel quel".

On le pensait spécialisé dans la chanson électro-acoustique, introspective et sombre. Bertrand Louis offre là tout l’inverse. Exit l’électro, les machines et les univers sophistiqués. Tel quel est résolument tourné vers l’acoustique et l’humain. Une musique plus éclairée aux mélodies pop subtiles et aux arrangements intelligents mais simples. La formation de base guitare/basse/batterie s’illuminent de délicates touches de bugle, mélodica ou flûte selon les chansons. Et comble de tout Bertrand Louis, le multi-instrumentiste, fait appel à des musiciens et cesse de tout faire seul. Il faut dire que Tel quel se découvre sous le signe des collaborations comme le texte co-écrit avec Chet, ou le duo avec Thibaut Derien (du groupe du même nom). Mais c’est surtout l’endroit de reprises à la fois respectueuses et revisitées : on y trouve Le voyage du feu groupe Gamine, Ma petite rime de Jean Dréjac et Jean Constantin, ainsi qu’une incroyable version du Quartier latin dont Léo Ferré ne rougirait pas. Pour le reste le chanteur continue d’être son propre auteur et compositeur. Auparavant, sa plume pleurait la difficulté de la trentaine. Aujourd’hui, elle s’envole à l’inverse, en se moquant du temps qui passe, en dédramatisant les tracas. Bertrand prône l’oisiveté, flâne dans l’air tendre des sentiments et des rues de Paris. C’est d’ailleurs avec le titre Ménilmontant que l’album s’ouvre et se ferme, deux versions pour une même chanson. Quant à l’amour il a cessé de se chanter sur la gamme de la défaite : "Et seuls tous deux devant tout ce qui lasse/ Sans se lasser/ Sentir l’amour devant tout ce qui passe/ ne point passer". Même la voix s’est ouverte. Plus sûre d’elle, plus présente, plus haute dans la tonalité, elle s’assume en gardant ce petit côté dandy qui en fait tout le cachet. Mais que les aficionados se rassurent. Tel quel n’est pas un virage mais bel et bien une progression : le raffinement de l’artiste demeure, il n’y a que la mélancolie qui ait disparu. Et si quelques uns s’aventurent encore à le comparer avec Dominique A ou Thomas Fersen, gageons qu’après digestion de ce troisième album, ils ne confondront plus jamais Bertrand Louis.

Bertrand Louis Tel quel (Polydor) 2006