Pierre Perret

Compilation originale, Le Monde de Pierrot se décline en trois CD : les tubes rigolos, les tubes tendres et Mes chéries délaissées, vingt chansons passées inaperçues en leur temps, que Pierre Perret a choisies lui-même.

Le Monde de Pierrot

Compilation originale, Le Monde de Pierrot se décline en trois CD : les tubes rigolos, les tubes tendres et Mes chéries délaissées, vingt chansons passées inaperçues en leur temps, que Pierre Perret a choisies lui-même.

Les avatars du business ont parfois des effets collatéraux agréables : en quittant la maison de disques Warner pour passer chez Naïve, qui sortira son prochain album, Pierre Perret sacrifie à l’exercice de la compilation. Cette fois-ci, c’est un coffret de trois CD. Les deux premiers sont très prévisibles : Le Cœur à rire (du Zizi à Cuisse de mouche) et La Carte du Tendre (de Lily à Fillette, le bonheur, c’est toujours pour demain). Le troisième vaut à lui seul le déplacement : sur le CD titré Mes chéries délaissées, Pierre Perret a choisi vingt chansons dont il pense qu’elles auraient eu leur place sur les deux premiers disques – si le public les avait choisies, si la maison de disques les avait sorties en 45 tours, si les programmateurs de radio les avaient élues…

Ce choix-là est passionnant : on trouve évidemment des chansons que l’on n’avait jamais entendues, même si l’on croit bien connaître l’ami Pierrot. Et il est intéressant de voir de quelles chansons il est fier au point de vouloir les sauver de l’oubli. Ainsi on comprend qu’il a dû être bien déçu qu’en 1964 la France soit encore trop frileuse pour aimer son insolent cantique Noël avant terme : “Petit Papa Noël exauce tous mes vœux (…) Je te promets en échange de plus crever les pneus/De plus me laver les nougats dans le truc du pot-au-feu.” Ou qu’elle ne rit pas du tout avec La Télé en panne, en 1983, qui rêve d’un quotidien plus radicalement différent que dans les rêves de révolution politique : “On allait dîner tranquillement/Sans dévorer le petit écran/Sans se barder la chemise de nouilles/En regardant causer ces andouilles.” Ou que nous soyons si bien habitués à un Pierre Perret souriant, généreux et aimable, que nous n’ayons jamais vraiment écouté Le plus mauvais d’entre vous, autoportrait diablement dérangeant : “Mais alors me direz-vous/Qu'est-ce que vous aimez ?/Rien (…) Car je suis le plus mauvais d'entre vous.

Alors que le chanteur annonce déjà qu’il va fêter ses cinquante ans de chanson à l’Olympia en octobre prochain, ce disque offre une bonne occasion de réviser les idées que l’on se fait de Pierre Perret.

Pierre Perret Le Monde de Pierrot (Adèle/Naïve) 2006