Holden
Derrière Chevrotine, un titre faussement guerrier, se cache une invitation à prendre la poudre d’escampette. Avec son troisième album, le groupe français Holden livre une pop aérienne gorgée de jazz.
Chevrotine
Derrière Chevrotine, un titre faussement guerrier, se cache une invitation à prendre la poudre d’escampette. Avec son troisième album, le groupe français Holden livre une pop aérienne gorgée de jazz.
D’emblée, Ce que je suis, le premier titre, vous emmène loin. Très loin. L’album a été enregistré à Santiago du Chili. Pourtant, dès les premières notes, les premiers mots vous vous retrouvez dans le nord du pays. Quelque part dans la vallée de la Lune, ce paysage désertique à 4000 mètres d’altitude, semé de volcan et de lacs aux couleurs pastelles. Ce n’est là que la première étape. La seconde plage, Charlie, Rosie et moi évoque par bouffée l’hypnotique White Rabbit des Jefferson Airplane.
Chaque titre de ce Chevrotine vous tirera des accès de nostalgie, des envies de départs lointain. Holden a composé un petit bijou cinétique qui mérite qu’on s’y arrête. Tous les titres ne sont pas forcément aussi envoûtant que Madrid ou Sur le pavé, mais tous exhalent ce mélange de douceur mélancolique et de froideur éthérée. Issus de scènes différentes, les cinq membres du groupe se retrouvent dans l’amour du jazz. S’ils évoluent dans un registre pop, ils distillent le son caressant et le swing nonchalant d’un Thelonious Monk.
Chaque titre se construit d’imperceptibles variations avec comme point d’appui la voix d’Armelle, aussi détachée que celle de Françoise Hardy. Jean-Louis Murat ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Le chanteur auvergnat, d’habitude si corrosif avec ses pairs, avait déjà invité la chanteuse sur son album Lilith. Il vient ici pointer son grain atone sur L’Orage et on se prend à frémir avec délice en entendant leurs deux voix se répondre, chacune occupant une enceinte. Passages électroniques, accents rageurs de guitares, Chevrotine, malgré son éclectisme, conserve cette cohérence ouatée. Holden a eu le bon goût de s’adjoindre les services d’Uve Schmidt à la réalisation. Ce doux dingue s’était notamment fait connaître en revisitant, version cha cha, les grands succès électroniques de Krafwerk.
Holden Chevrotine (Le village vert/Wagram) 2006