Daniel Guichard à l'Olympia

Vendredi 10 mars en soirée, samedi en matinée et soirée, dimanche en matinée : week-end Daniel Guichard cette semaine à l’Olympia, où il n’a pas chanté depuis 1991. Et le chanteur de La Tendresse revient aussi au disque, d’une manière singulière.

Retour d'un chanteur populaire

Vendredi 10 mars en soirée, samedi en matinée et soirée, dimanche en matinée : week-end Daniel Guichard cette semaine à l’Olympia, où il n’a pas chanté depuis 1991. Et le chanteur de La Tendresse revient aussi au disque, d’une manière singulière.

Manu Chao et Daniel Guichard, même combat ! Ni l’un ni l’autre n’y aurait cru, il y a vingt ou même dix ans. Mais après Sibérie m’était contéee, le livre-disque de Manu Chao et Wozniak, c’est au tour du prochain disque de Daniel Guichard d’être distribué, via les NMPP, dans les kiosques à journaux et relais de la presse. Pourquoi ? "J’ai toujours été très affecté par la disparition des disquaires, explique le chanteur. Ils connaissaient ce qu’ils vendaient, on pouvait passer commande, on pouvait parler de musique… On retrouve souvent ça dans les Fnac mais pas dans les hypermarchés : ils achètent des cartables, des jouets, des articles de plage et des disques… Et ce n’est pas la bonne filière pour atteindre les villages."

Le chanteur sait de quoi il parle : il a eu une société de distribution de disques et il compte parmi ceux qui s’intéressent du plus près au back office du monde de la musique. Il a donc choisi de mettre en vente son nouvel opus, début avril, dans un réseau de vente aux mailles plus serrées que les Fnac. Et le disque sera en deux formats (double-CD ou DVD) pour présenter son dernier tour de chant, enregistré il y a quelques semaines à Lyon, avant quatre concerts le week-end prochain à l’Olympia à Paris. Il garde confiance en sa popularité, qui lui garantit des retrouvailles dans de bonnes conditions avec la légendaire salle du boulevard des Capucines, mais il y chantera pour la première fois depuis sa reconstruction à l’identique. "Elle a perdu un peu de son âme mais gagné énormément en efficacité, en modernité, en convivialité."

Des succès inusables

Mais il ne faut pas dire à Daniel Guichard qu’il revient. Simplement, il n’avait plus joué à Paris depuis 1991. Il avait pris du champ, s’était installé dans un petit village du Sud de la France, n’enregistrait plus. Mais il continuait à tourner, sans chercher à se faire voir dans les médias – "Je n’avais rien à montrer de nouveau". Ce qu’il a fait ? "J’ai élevé des enfants, j’ai fait chanteur, j’ai évité de fréquenter les gens pas fréquentables de ce métier. Depuis Le Gitan, j’ai fait un disque en 1986, un autre en 1989 – de bons disques, sans plus. En 1991, j’ai fait deux albums. Si je n’avais pas fait ces quatre disques, ça n’aurait pas été grave, j’en avais fait une vingtaine avant. Mais les conditions d’enregistrement et les circonstances n’étaient pas terribles – divorce, ruine, emmerdements à n’en plus pouvoir, situation personnelle perturbante... J’aurais peut-être mieux fait de ne pas les enregistrer mais il y a des chansons de ces disques que je chante toujours sur scène et qui ont beaucoup de succès."

Il ne cache pas que ses chansons les plus réclamées sont toujours les mêmes, cette série de tubes énormes d’il y a plus de trente ans : La Tendresse en 1972, Faut pas pleurer comme ça en 1973, Mon vieux et Chanson pour Anna en 1974… D’ailleurs, c’est le fond de son agacement contre Universal, héritier du catalogue Barclay, qui réédite ad nauseam les mêmes deux ou trois références "entre 5 et 8 € prix public ; cela fait environ 2,5 € de prix de gros, donc à peine 60 centimes d’euro pour l’artiste." A ce tarif-là, comment investir dans de nouvelles productions ?

Mon Vieux

Son premier album, enregistré en 1966, est introuvable : des reprises d’Aristide Bruant et ses premières chansons, écrites à quatre mains avec Francis Lemarque. A partir de La Tendresse, il a connu un certain confort de travail, les meilleurs compositeurs lui proposant leurs chansons. Faut pas pleurer comme ça envoyé par Christophe avec seulement deux ou trois mots et des paroles en yaourt. Ou Mon Vieux, dont l’histoire n’est pas tout entière un bon souvenir : "C’était l’époque où les chansons arrivaient sur bande magnétique. Gérard Meys, l’éditeur de Ferrat, m’a envoyé plusieurs chansons ; j’en ai écouté une ou deux, ça ne me correspondaient pas et j’ai mis tout ça dans un tiroir. Quelques mois plus tard, en faisant du rangement, j’ai écouté toute la bande et il y avait cette chanson que Jean Ferrat jouait sur un rythme un peu bossa nova ou rumba – on entendait même, derrière lui, son chien – et les mots du début : "Dans son vieux pardessus râpé/Il s’en allait l’hiver l’été/Dans le petit matin frileux/Mon vieux" – un premier texte écrit dix ans plus tôt par Michèle Senlis. J’ai remanié la chanson, coupé beaucoup de choses, allongé ailleurs. Des années plus tard, j’ai eu droit à un procès intenté par cette dame."

Peu importe, maintenant… Daniel Guichard a repris les droits sur l’essentiel de son catalogue et devrait ressortir vingt-deux albums dans des livrets du même genre que ceux des albums de Francis Cabrel. Quelques-uns sortiront dans les Fnac, mais tous seront disponibles fin avril sur danielguichard.fr.