Introducing Vakoka

Formation éphémère rassemblant quelques piliers de la musique malgache, Vakoka propose à la fois une œuvre collective et nationale. Un fait rare sur cette île où la musique est à l’image de la société, marquée par la sempiternelle opposition entre les régions côtières et les hauts-plateaux de l’hinterland.

The Malagasy All Stars

Formation éphémère rassemblant quelques piliers de la musique malgache, Vakoka propose à la fois une œuvre collective et nationale. Un fait rare sur cette île où la musique est à l’image de la société, marquée par la sempiternelle opposition entre les régions côtières et les hauts-plateaux de l’hinterland.

C’est dans un restaurant accroché sur les hauts d’Antananarivo, la capitale malgache, qu’a germé l’idée du projet Vakoka : à l’initiative d’un mélomane canadien, une poignée d’instrumentistes de la Grande Ile avaient pris l’habitude de s’y réunir et de former, le temps d’une soirée, des associations inédites. Issus de la scène traditionnelle ou du jazz-fusion un peu élitiste – à l’image de Fanaiky et Haja, membres de Solomiral – , tous reconnus pour leurs qualités à l’échelle nationale et parfois même au-delà, comme Gabin du groupe Vaovy, ils n’avaient jamais vraiment tenté de mettre en commun leurs expériences et leurs influences respectives.

Après quelques semaines, il est apparu évident que le résultat de ces sessions autour d’un répertoire improvisé méritait d’être prolongé de façon formelle en studio, dans le même état d’esprit et avec la volonté de transmettre la culture laissée par les ancêtres, ainsi que le sous-entend le titre de l’album, Vakoka. Pendant trois semaines, treize musiciens et chanteurs ont donc travaillé sans relâche dans les locaux encore tout neufs du centre culturel Antshow, construit par Hanitra Rasoanaivo. La chanteuse de Tarika, l’un des rares groupes malgaches qui ait une dimension internationale, s’est elle-même beaucoup investie dans cette aventure qu’elle a co-dirigée artistiquement.

Produites avec soin, les douze chansons réussissent le challenge d’être à la fois accessibles et profondément malgaches, que ce soit la berceuse populaire Vorombazaha (dont Hanitra s’attribue abusivement la paternité) ou l’instrumental Lazao, joué à la sodina (flûte) par Seta, disciple du fameux Rakoto Frah. L’alchimie entre les artistes a parfaitement fonctionné et cela s’entend à travers l’homogénéité de l’ensemble, arrangé avec habileté pour que les particularismes régionaux ne soient pas gommés. Rares sont les disques qui, comme Vakoka, ont été capables de proposer et de respecter cette dimension nationale de la musique malgache.

Introducing Vakoka (World Music Network/Harmonia Mundi) 2006