Sinik sang-froid, album brûlant
Sinik avait été la révélation hip hop de l’année 2005, à la surprise de certains. Avec plus de 250.000 exemplaires vendus de La main sur le cœur, ce rapper du 91 a prouvé ses capacités rapologiques et montré aux jaloux qu’il n’était pas juste un artiste boosté par Diam’s. Ces jour-ci, il sort son second opus Sang froid, attendu avec intérêt par les premiers fans et les autres.
Deuxième album du compère de Diams
Sinik avait été la révélation hip hop de l’année 2005, à la surprise de certains. Avec plus de 250.000 exemplaires vendus de La main sur le cœur, ce rapper du 91 a prouvé ses capacités rapologiques et montré aux jaloux qu’il n’était pas juste un artiste boosté par Diam’s. Ces jour-ci, il sort son second opus Sang froid, attendu avec intérêt par les premiers fans et les autres.
En attendant cet été et la mise en route d’un album en duo avec Diam's, l'auteur du tubesque La Boulette, Sinik, alias Thomas, a répondu à nos questions avec franchise, la main sur le cœur évidemment, et en gardant son "sang-froid". La moindre des choses pour ce rimeur d’élite toujours en progression. La drogue, les envieux, Kool Shen, le nouvel album, les aléas du succès : Sinik déballe ses points de vue.
Ton second album est sorti depuis quelques jours, es-tu surpris des premières réactions ?
Agréablement, parce qu’on n’a que des bons retours. Les gens ont senti l’évolution, donc c’est bien. Il y a plus de maturité, dans l’écriture et dans la vie. Un premier album, il y a toujours une marge de progression, sinon ça veut dire que tu es arrivé à terme. C’est vrai que là, on a enregistré à Warner. On avait le studio à disposition. Le premier album avait été fait entre Cannes, Paris et Lyon. C’est un avantage de travailler dans de meilleures conditions, mais à part le fait d’être dans leur studio, je ne vois pas vraiment la différence. C’est toujours la même équipe que quand on était en indé avec Tefa & Masta en plus, donc les méthodes de travail restent les mêmes. On en a vendu 46.400 la première semaine.
Parle-nous du morceau Précieuse.
C’est un morceau sur ma mère que je voulais déjà faire sur le premier album mais pour être franc avec toi, j’avais hésité parce que je trouvais le thème pas très original. Ce qui compte, c’est la manière d’en parler. C’est ce qui fait la différence. C’est un texte introspectif, c’est tellement personnel que c’est venu rapidement. C’était réglé au premier jet. Les morceaux poignants sont ceux que je préfère écrire.
As-tu ressenti les effets négatifs de la célébrité ?
Le retour de flamme, c’est quand les gens te voient un peu moins dans le quartier parce que tu travailles, et il y a des jalousies. Tu te rends compte de qui est qui, les masques tombent. Certains qui me disaient à l’époque que ce que je faisais était bien, que je représentais ma ville, sont les premiers à parler sur mon dos. Les gens changent, voilà l’aspect négatif.
Et par rapport à tes quelques soucis judiciaires, ça aide d’être connu ?
Au contraire, c’est pire qu’avant ! La dernière affaire que j’ai eu, le procureur a carrément dit : il s’appelle Sinik, ça veut bien dire qu’il s’en fout des lois. Le rap est la seule musique qui ne te sauve pas quand tu as des problèmes judiciaires, contrairement à la varièt’ avec laquelle on est plus complaisant. Et quand tu vas en prison, tu ne vas pas dans le quartier VIP mais avec tout le monde. À l’heure où je te parle, il me reste un jugement en appel, dix mois avec sursis, ça sera début mai, on verra… Mais à aucun moment je ne pourrais glorifier la prison, ou faire croire aux mômes que c’est bien. Tous les gens en prison disent que les plus intelligents sont ceux qui ne viennent jamais. Pas besoin de ça sur son CV, c’est relou. Et je suis bien placé pour te dire que c’est une perte de temps qui angoisse la famille.
Tu évoques le shit de façon originale dans Mon pire ennemi, et tu parles des morts que ça peut engendrer…
C’est un commerce parallèle où les places sont chères, parfois ça tire. Des histoires de "rotte-ca" (carotte : arnaque sur la qualité ou la quantité de drogue, ndlr) qui finissent mal, je pourrais t’en raconter des tas. Des potes à moi qui ont fini dans des rivières, c’est le quotidien. À la base, c’est nocif de fumer, mais quand je parle de morts, c’est par rapport à ceux qui revendent et qui en font un biz. Ça ne rigole pas. Moi j’essaie de fumer moins, mais je n’arrive pas à arrêter.
Tu as invité deux chanteuses sur ton album, Vitaa et Kayna Samet. Tu aimes bien les refrains r'n'b ?
Ça dépend des voix, mais ces deux-là, je suis fier de les avoir. Je ne les classe pas dans le r'n'b, qui pour moi signifie voix douce et discours peu concret. Elles, elles savent vraiment chanter et elles écrivent leurs textes. On ne peut pas les comparer aux chanteuses de r'n'b français sans profondeur. Elles, c’est de la soul hip hop.
Il y a aussi Kool Shen…
Je l’avais rencontré quand il m’a invité sur scène au Zénith, et j’ai posé sur la compile IV My People avec Jeff Le Nerf. Pour Si proche des miens, j’ai repris un instru de IV My People. C’était un kif. Un jeune comme moi face à un ancien comme lui, c’était un plaisir. Surtout que j’ai écouté NTM dix ans d’affilée. D’ailleurs, s’il y a moyen de faire un truc avec Joey Starr, je le fais direct !
Sinik Sang froid (Six-O-Nine Productions/Up Music/WEA) 2006