Conte de Printemps

Daniel Colling l'avait annoncé, ce trentième Printemps ne se la jouera pas nostalgique. Difficile pourtant de résister aux nombreuses demandes des médias de "refaire" les débuts et l'histoire du festival depuis cette fameuse édition de 1977. Une conférence de presse de dernière minute était donc organisée ce jeudi après-midi.

Rencontre avec une bande de jeunes vieux

Daniel Colling l'avait annoncé, ce trentième Printemps ne se la jouera pas nostalgique. Difficile pourtant de résister aux nombreuses demandes des médias de "refaire" les débuts et l'histoire du festival depuis cette fameuse édition de 1977. Une conférence de presse de dernière minute était donc organisée ce jeudi après-midi.

Daniel Colling l'annonce clairement: "on n'a rien préparé ! Mais on peut vous raconter les origines de l'aventure et répondre à vos questions". L'entrepreneur de spectacles n'est pas venu seul, il est entouré de –quelques- figures historiques du festival: Alain Mailland, directeur des Affaires Culturelles de la ville de Bourges. François Carré, aujourd'hui jeune retraité, après avoir été directeur technique du festival. Bernard Batzen -producteur et organisateur de concerts-, qui fut l'homme de l'ouverture à l'international avec la venue de The Cure et U2 respectivement en 82 et 83. Marcelle Galinari, qui dirige aujourd'hui le Réseau Printemps après avoir œuvré de nombreuses années à la programmation du festival. Charles Robillard, l'homme en charge des finances du festival est également à la tribune. Daniel Colling saluera, à défaut de pouvoir l'embrasser, la présence dans la salle de Nicole Higelin.

"Pour vous la faire courte –embraye Daniel Colling-, l'aventure a commencé en 1976 avec une première manifestation La Halle en Fête, organisée avec Alain -Meilland NDLR- et Maurice Frot…" Mais Colling ne la fait pas courte, ce qui fait le bonheur de l'assistance: les rencontres, les lieux, noms, les circonstances… Certains replongent, plus de trente ans en arrière, d'autres s'imprègnent de l'ambiance bouillonnante qui régnait dans le monde culturel et associatif de la France du milieu des années 70. Ce mini festival, qui accueille, trois jours durant, des artistes tels que Lavilliers, Béranger ou le groupe Malicorne et près de 3 000 spectateurs à La Halle au Blé, est un réel succès. Le principe d'organiser un vrai festival est déjà dans les esprits, ne manque qu'un soutien logistique fort pour que le projet devienne réalité. Ce sera chose faite avec l'adhésion quelques mois plus tard de Jean-Christophe Dechico, le directeur de la Maison de la Culture de Bourges. La première édition se déroule du 6 au 10 avril 1977 avec Lavilliers, Higelin et Colette Magny en tête d'affiche.

Une valse à quatre temps

L'histoire du festival, c'est une valse à quatre temps. Que Daniel Colling résume ainsi: une période de consolidation, de la naissance à 82. Le temps de l'autonomie économique jusqu'en 88 (avec la crise de 1985 et la rumeur d'un départ du Printemps pour Montpellier avant que les organisateurs ne trouvent un accord avec le Conseil Général et la Région Centre). Jusqu'à la fin des années 90 s'ouvre ensuite une période de doutes et d'incertitudes. L'existence du printemps est sérieusement menacée à deux reprises, en 89 et en 98, pour cause de gigantisme. L'année 99 marque le temps du renouveau et du retour aux principes fondateurs: l'équipe de la programmation est renouvelée, priorité est donnée à la diversité, à la découverte et à l'émotion.

Malgré les relances de Daniel Colling, peu de questions dans la salle. Des questions, à quoi bon, quand les souvenirs se réveillent peu à peu. Le conseil d'administration qui tente la liquidation "car il manquait cinquante mille Francs", les affiches du premier Printemps collées dans toute la ville "au lendemain de la victoire des communistes aux municipales", Trenet, qui ne peux pas venir, "il a rendez vous chez son dentiste"… les sourires deviennent des rires, quelques bons mots conduisent à la franche rigolade. "A l'époque, on était un peu rock'n roll", glisse Colling. Quelques anecdotes resteront toutefois dans les limbes de Bourges: on n'en saura pas plus sur le passage à Bourges de Stevie Wonder…

La conférence prend fin au bout d'une heure et demie, Daniel Colling promet un livre et un film pour la rentrée 2006. La nostalgie du Printemps… C'est à l'automne qu'on en parle le mieux !