Fickle, le rock à l'ancienne

Loin de Paris et des soubresauts médiatiques des magazines qui s’extasient sur des groupes de lycéens versaillais à peine coupables de trois répétitions et d’un concert au Gibus, Fickle est un vrai groupe de rock à l’ancienne. G, bassiste et fondateur de ce quintette, nous éclaire sur ces punks ensoleillés.

Un peu de Californie dans le punk d’ici

Loin de Paris et des soubresauts médiatiques des magazines qui s’extasient sur des groupes de lycéens versaillais à peine coupables de trois répétitions et d’un concert au Gibus, Fickle est un vrai groupe de rock à l’ancienne. G, bassiste et fondateur de ce quintette, nous éclaire sur ces punks ensoleillés.

Ces derniers jours ont vu la naissance de ID, un deuxième album (mais le premier avec des conditions professionnelles), d’un jeune groupe punk (moyenne d’âge entre 22 et 25 ans) venu du sud de la France. Formé en 2001, à Aix-en-Provence, entre petites annonces et relations de cour d’école, Fickle a rencontré Peter Murray, producteur écossais établi à Paris, qui nous a déjà donné les Négresses Vertes, Silmarils ou Dolly. Rencontre ace G.

Vous avez toujours pratiqué ce style de musique ?
C’étaient les influences de départ de chacun, ainsi que notre motivation principale. Ce qui nous rejoignait, c’était le punk californien : NOFX, Pennywise, etc. On écoute tous et toujours du punk rock : New Found Glory, Fall Out Boys, Yellow Card…

De ce punk rock californien, vous adoptez aussi le style de vie décontracté ?
Ici, c’est un peu la Californie de la France. Ez, le chanteur, fait du body board, avec un très bon niveau. Plus jeune, j’ai fait du skate, et huit ans de snowboard. Ce n’est pas notre préoccupation principale de coller à cette culture, mais je ne peux pas nier que j’ai découvert le punk rock sur des vidéos de skate ! J’écoute ça depuis dix ans, et à l’époque, ça ne passait pas à la radio ! Pour les autres, c’est un peu pareil. Chez nous, il fait chaud, l’été, on est en short ! On n’est pas des punks blafards. Notre musique respire la jeunesse, la Californie, même si nos textes ne sont pas légers pour autant.Le moteur initial du punk, c’est la frustration.

Où la trouve-t-on dans Fickle ?
Dans les textes, il y a des choses sur l’environnement, les médias. C’est assez nuancé, si on parle des médias, on ne dit pas juste : "fuck les médias" ! La notion principale de l’album, c’est l’identité. On est tous issus des classes moyennes, on ne peut pas arriver et exprimer une souffrance qu’on n’aurait pas connue. On essaie de rester nous-mêmes dans les textes, et on peut y trouver une certaine frustration, en même temps que des choses personnelles d’Ez qui écrit les textes.

L’autoproduction, au départ, c’est un choix par défaut ?
On ne connaissait rien. En 2003, tous les groupes de la scène indé avec lesquels on jouait sortaient des maxis. On s’est dit qu’on allait essayer de faire plus, et on a produit un album un peu plus construit, Hopeless Utopians, en dix jours de studio. Ensuite, on l’a envoyé un peu partout, sans suite, sauf un peu de soutien des magazines spécialisés, ce qui nous a aidé à trouver des dates de concerts.

Vous faites une reprise en français du Blitzkrieg Pop des Ramones, c’est un hommage ?
Il faut le prendre comme tel. Il y a toujours ce débat, ici, de chanter en anglais ou en français. Le premier album était tout en anglais, puis on a essayé en français, et on trouvait que ça marchait bien en live. Donc on a poussé dans cette direction. Ça permet d’ouvrir les mélodies, d’explorer de nouvelles choses. Comme on n’a pas tellement de références en France sur le punk rock, les Ramones étaient une manière de s’inscrire dans une histoire.

Vous ne vous êtes jamais penché sur Oberkampf, La Souris Déglinguée, ces groupes mythiques du punk français des années 80 ?
Franchement, ce n’est pas notre délire. Pour notre génération, et je connais très peu de monde qui dirait le contraire, à moins d’être malhonnête, les groupes qui sont cultes, c’est Bad Religion, NOFX et Pennywise. C’est la relève de la génération des Ramones. Reprendre les Ramones, c’est une façon d'intégrer le punk rock en France, parce qu’on n’a pas de références ici. On y met une couleur plus nouvelle, plus californienne, avec le son d’aujourd’hui. Les groupes punk Français des années 80, j’en ai entendu, mais pas forcément écouté. On ne vient pas de là. Ce n’est pas notre génération.

Cette étiquette punk, vous la revendiquez fièrement ?
On fait du punk rock, pas de la pop ou du métal. Le punk rock, c’est la rapidité. C’est de ce côté-là qu’on est, il n’y a pas de doute là-dessus, on est intègre dans ce qu’on fait, on n’a pas changé de style, au bout de six ans.

Fickle ID (Exclaim/WEA) 2006Concerts : avec The Presidents Of The USA : 18 mai Paris Elysée Montmartre. Avec Fall Out Boy le 1er juin à La Cigale, avec les New York Dolls le 6 juin à l’Olympia.