Mystik Plein Sud

Plutôt que d’aller chercher les talents rapologiques en bas de chez lui, Mystik a été plus loin. A Marseille plus précisément, accompagné de son DJ, H. Durant un mois, le rappeur de Bisso Na Bisso a écumé les quartiers de Marseille pour enregistrer les meilleurs artistes de la ville. Résultat : Mystik & DJ H dans les rues de Marseille.

Une compilation originale

Plutôt que d’aller chercher les talents rapologiques en bas de chez lui, Mystik a été plus loin. A Marseille plus précisément, accompagné de son DJ, H. Durant un mois, le rappeur de Bisso Na Bisso a écumé les quartiers de Marseille pour enregistrer les meilleurs artistes de la ville. Résultat : Mystik & DJ H dans les rues de Marseille.

Au fil de la compilation Mystik & DJ H dans les rues de Marseille, on découvre de nombreux artistes comme Anonyme, du groupe Fartazia Land, qui pose sur Ma vie, ma life, Processus Verbal avec Nouveaux procédés, les deux rappeuses Keny Arkana et M. A. Donn sur On va de l’avant. À côté de ces artistes encore trop peu connus, on en retrouve d’autres plus confirmés comme Soprano des Psy4 (Au-delà des codes postaux), Bouga (sur Dans le noir) et Berreta (On fait pas la hass). Et comme Mystik a emmené sa caméra DV, il a joint à son CD un DVD avec 3 heures 30 d’images où on retrouve toute la scène de la planète Mars, d’AKH à Faf La Rage en passant par Le Rat Luciano, Mino, Boss One et Marché Noir. Mystik évoque ce projet hors du commun et lève le voile sur ses prochains projets.

Comment as-tu eu l'idée, toi qui est pourtant un rappeur de la région parisienne, d'aller enregistrer les groupes de Marseille ?
À la base, j’étais à Marseille pour un concert avec DJ H et pendant une discussion, il m’a parlé de son envie de faire une compilation sur laquelle il ferait poser des rappeurs français sur ses prods. Perso, ça commençait à me saouler toutes ces compiles où la plupart du temps on retrouve toujours les mêmes. On s’est dit : pourquoi ne pas profiter de notre passage à Marseille pour faire un album concept où on ferait poser les tueurs de la nouvelle scène marseillaise ? Et c’est exactement ce qu’on a fait.

N'y a-t-il pas eu quelques réticences de la part des artistes de Marseille, dont on sait qu'ils sont parfois critiques vis-à-vis des Parisiens?
Non pas du tout, au contraire ça s’est super bien passé. Les artistes ont senti que le projet venait du cœur et c’était aussi la bonne occasion autant pour eux que pour moi de faire taire les mauvaises langues… Du coup, l’album prend une dimension que je qualifierais même de révolutionnaire dans le sens où personne au monde ne l’avait fait auparavant. En tout cas, ce que j’ai ressenti, c’est que les mecs étaient  flattés que ce soit un Parigot qui descende sur place, qui fasse le tour de tous les quartiers de Marseille et qui réussisse à réunir autant de monde sur un seul projet.

On a parfois l'impression que même si le rap français a plus de visibilité, il est toujours mal accepté sur les grands médias. En tant qu'artiste indépendant, tu confirmes ça ?
À mon avis, c’est surtout une volonté politique de ghettoïser le rap.

Ton dernier album était le street CD Gonflé à bloc. Où en es-tu de tes projets en solo ?
Je travaille dur, normalement un album devrait voir le jour avant la fin de l’année 2006. Mais ça prend du temps car je compte faire quelque chose de grand.

Quelques rappeurs américains, et Kool Shen en France, déclarent vouloir raccrocher les gants. Te poses-tu la question de ta longévité artistique ? Penses-tu toi aussi que les rappeurs ont une "limite d'âge" ?
Pour moi, toutes ces conneries c’est uniquement du marketing. D’ailleurs il n’a pas arrêté, Kool Shen : l’autre jour j’ai entendu un morceau de lui sur une mixtape ! Ce qui est dommage, c’est que ça sent le business derrière toute cette mascarade. Et si le climat national ou international ne leur donne pas de la matière pour écrire, eh bien qu’ils arrêtent, ça fera de la place ! Et en ce qui me concerne, tant que je kiffe et que j’ai des choses à dire, je continue.

Quelle est ta vision de la scène hip hop française en 2006 ?
Dans l’ensemble, il y a de plus en plus de structures qui se montent. C’est plutôt encourageant mais par contre c’est dommage que tout se ressemble un peu. Il faudrait plus d’identités fortes.

Comptes-tu réintroduire des éléments africains dans ta musique, et y aura-t-il une suite au projet Bisso Na Bisso ?
En ce qui concerne les sons africains, je n’en sais rien, c’est au feeling. Et pour ce qui est du Bisso, l’album Racines avait mis la barre tellement haute qu’on a un putain de challenge à relever.

Mystik & DJ H dans les rues de Marseille (Meldek Music) 2006.