Les beaux habits de la Tziganie
Ça devient une tradition, chaque année le festival Voyage en Tziganie vise plus haut. Pour cette septième édition, pas moins de quatre soirées étaient programmées dans la salle parisienne du Bataclan. Dimanche 14 mai, un millier de personnes accueillaient Brastch en clôture. Une fête marquée par la fougue de la Caravane Passe et la voix fascinante de Valentina Casula.
Voyage dans la culture gitane
Ça devient une tradition, chaque année le festival Voyage en Tziganie vise plus haut. Pour cette septième édition, pas moins de quatre soirées étaient programmées dans la salle parisienne du Bataclan. Dimanche 14 mai, un millier de personnes accueillaient Brastch en clôture. Une fête marquée par la fougue de la Caravane Passe et la voix fascinante de Valentina Casula.
Invités de dernière minute, la chanteuse sarde Valentina Casula et le guitariste Jean-Luc Roumier n’on pas volé leur place. Habillée d’une magnifique robe aux couleurs et motifs psychédéliques, la chanteuse entame les premières pérégrinations de la soirée par l’Espagne. Sensuellement mélancolique, elle susurre un air de flamenco. L’assemblée retient son souffle, subjuguée. Le duo s’est chargé de faire revivre les chansons populaires du monde entier. Un détour par le jazz ou le blues, on s’éloigne parfois de la stricte musique gitane mais c’est la force de ce festival d’offrir une vision large de la culture tsigane. Les deux font preuve d’une complicité et d’un plaisir évident, ajouté à une maîtrise rare. Telle une paysanne bulgare, Valentina interprète un chant traditionnel d’une justesse bluffante. Son comparse, enroulé autour de sa guitare, semble posséder (au moins) quatre mains. On se surprend à lorgner au dessus de son épaule pour voir s’il n’a pas un complice caché. Mais non. Heureux, les spectateurs ponctuels ce soir !
La 6 cordes reste à l’honneur avec le swing manouche de deux virtuoses.Veste blanche rayée sur pantalon aux mêmes motifs, chaussures immaculées, fine moustache et cheveux tirés en arrière sans oublier l’incontournable gourmette en or, Angelo Debarre, gitan du sud de la France s’est mis sur son 31. Il est l’hôte du guitariste autodidacte Rodolphe Raffali et ce dernier sait recevoir. Ces deux fans de Django tricotent avec maestria leurs thèmes sans se cantonner au simple registre manouche. En partant des Copains d’abord de Brassens, au gré de leurs solos successifs, ils vous emmènent loin, très loin, au risque parfois de perdre Antonio Licusati, contrebassiste pourtant irréprochable. Un temps d’arrêt, un coup d’œil vers Angelo, il repart. Le trio ne semble pas s’émouvoir des discussions au bar dont le niveau couvre parfois leurs propres échanges. Ambiance goguette dans une grande salle parisienne…
Les "Intergitans du spectacle"
Place aux "intergitans du spectacle" comme aiment à se définir les membres de la Caravane Passe. Là aussi pour l’occasion, on a sorti la quincaillerie. Chaînes en or au cou, chemise blanche largement ouverte sur un torse velu, ajoutez borsalino et grosse chevalière et vous entrez dans leur univers "alternateuf". Toma, banjo en bandoulière chante dans toute les langues, réelles ou inventées. Là encore, le quintet nous fait voyager ; des camps gitans catalans aux péniches sur le Danube. Véritable bouillon de culture, le groupe s’éclatent depuis cinq ans dans la collision des styles, n’hésitant pas à entonner des chants traditionnels sur des rythmiques hip hop. Quand Mirirlou, le thème du film Pulp Fiction est ici revisité à la sauce slave, on frise la transe. Pas besoin de réfléchir, les jambes s’actionnent toutes seules.En bon Catalan, Llucs prend à son tour le micro et use de cette emphase mélodramatique qui vous hérisse les poils sur tout le corps. La Caravane Passe ne se limite pas à la musique, la formation propose aussi un spectacle musical, intitulé le "Vrai faux mariage" avec des acteurs, des acrobates. Après l’aperçu donné ce soir, même les célibataires les plus endurcis vont rêver de convoler. Là où la Caravane Passe, vos pieds trépassent !
Pas d’exubérance vestimentaire pour Bratsch. Formé en 1975, cette formation a plus qu’aidé à populariser la musique tsigane en France. Les cinq musiciens arrivent ici en terrain conquis, programmés tellement souvent dans ce festival qu’ils y jouent quasiment comme chez eux. Assis, ne se relevant qu’au gré de quelques solos, ils déroulent tranquillement. Bratsh a depuis longtemps dépassé la simple copie gypsie, en pratiquant un jazz chaleureux et populaire aux racines ancrées dans les pays de l’Est. Sans forcer, ils alignent leurs classiques Roumskat et Caravan Petrol pour vous faire danser mais savent aussi ralentir le tempo avec l’impressionnant Kani vour djanim, à la puissance onirique à chaque fois renouvelée. Sans démériter la formation assure le minimum. Johnny, le succès de Piaf en guise de bref (deuxième) rappel et un peu avant minuit : extinction des feux. A la sortie pas d’amertume. Adrien, spectateur enthousiaste, assure qu’il va lui falloir toute la semaine pour digérer le festival. Et peut être même plus encore s’il se procure Voyage en tziganie volume 2, le double cd regroupant les meilleurs moment des deux précédentes éditions. Une belle manière de patienter avant la prochaine.
Compilation Voyage en Tziganie Vol 2 (Naïve) 2006