Mikidache

Avec son troisième album, Mgodro gori, le guitariste et chanteur mahorais Mikidache, lauréat du Prix Découvertes RFI en 1999, affirme sa volonté de mettre à travers sa musique et ses chansons encore davantage l’éclairage sur son île.

Mgodro gori

Avec son troisième album, Mgodro gori, le guitariste et chanteur mahorais Mikidache, lauréat du Prix Découvertes RFI en 1999, affirme sa volonté de mettre à travers sa musique et ses chansons encore davantage l’éclairage sur son île.

Mikidache prend souvent l’avion pour la même destination. Il vit en France depuis environ dix ans mais ne cesse de retourner “chez lui”. Un jour, dit-il, il aimerait y passer au moins la moitié de son temps, pour “y apporter quelque chose”, monter un label, des structures professionnelles dans le domaine musical, former des jeunes musiciens… Chacun de ses voyages est pour lui comme un retour à la source. Il y puise la mémoire, l’identité, les constats qui nourrissent ses mélodies et ses chansons.

Guitariste hors pair dont le jeu séduit et surprend encore tout du long des douze titres de Mgodro gori, il s’est entouré dans cette nouvelle production de complices malgaches, dont Régis Gizavo, l’homme à l’accordéon vif et chatoyant. Né en 1969 à Mamoudzou, la capitale de Mayotte, et ayant grandi à la Grande Comore, avant de revenir sur sa terre de naissance, Mikidache est à la fois passeur, conteur et éveilleur de conscience.

Entre une évocation du rythme mgodro, populaire dans tout l’archipel des Comores, un 6/8 proche du salegy malgache (Mgodro Gori), et une ode au continent africain (Afrika), il rend hommage à la coquetterie des femmes de jadis (Mwaylera), se fait le porte-parole des laissés-pour-compte (Nisidayi), interpelle ses compatriotes et le monde sur la nécessité d’une conscience écologique (Naristehi), dissuade les Mahorais de ne pas se laisser tenter par le miroir aux alouettes de la métropole (Wambiyezo), les incite à plus de tolérance et d’ouverture d’esprit vis à vis de leurs voisins anjouhanais, grand-comoriens et mohéliens, venus à Mayotte dans l’espoir de lendemains qui chantent (Wananyatru).

“Transmettre des messages à travers mes chansons est très important pour moi, déclare le chanteur. Nous avons un rôle important à jouer là-bas, car beaucoup de jeunes nous écoutent. C’est donc une manière de participer un peu à l’évolution de là où nous sommes nés.” Davantage stimulant que ses deux albums précédents, Kauli (1997) et Hima (2004), Mgodro gori, chanté en mahorais et en malgache, met l’accent sur les rythmes traditionnels de Mayotte. Mikidache a beau vivre à Paris, il n’oublie rien de là d’où il vient.

Mikidache Mgodro gori (Cobalt/Harmonia Mundi) 2006