Phoenix dans l’urgence
Les quatre copains versaillais, soit le groupe Phoenix, sont de retour avec leur troisième album studio It’s Never Been Like That. Thomas Mars, le chanteur du groupe, explique comment Phoenix a tenté de remettre en question sa façon de composer.
Nouvel album
Les quatre copains versaillais, soit le groupe Phoenix, sont de retour avec leur troisième album studio It’s Never Been Like That. Thomas Mars, le chanteur du groupe, explique comment Phoenix a tenté de remettre en question sa façon de composer.
RFI Musique : Cet album a été enregistré dans un environnement un peu particulier…
Thomas Mars : Oui, nous avons décidé de partir loin de notre studio de Versailles, d’enregistrer un disque de façon différente des autres. Car la façon de créer un disque est très importante dans le résultat final : le confort ou ses petites habitudes et la création, deux choses ennemies. Nous avons opté pour Berlin parce que nous connaissions la ville, et surtout parce que nous avions trouvé un studio incroyable au bord d’une rivière. C’est un complexe gigantesque qui abritait les studios de la radio Est-allemande. Nous restions presque vingt heures par jour, dans ce qui ressemble aux vestiges d’une Allemagne qui meurt. Nous étions donc tous les quatre isolés, loin de chez nous, ce no man’s land a très certainement influencé notre album.
It’s Never Been Like That est un album moins tempéré que les précédent, plus passionné sans doute…
C’est volontaire. Sur notre précédent album, Alphabetical, on se rendait compte qu’à chaque nouvelle prise de son, on s’améliorait techniquement. On a donc peaufiné cet album en studio pendant deux ans. Pour le dernier, on sentait qu’à chaque nouvelle prise, on perdait quelque chose d’essentiel, quelque chose s’effondrait soniquement.
Nous avons donc répété tous les quatre avant l’enregistrement, puis nous avons tous enregistré ensemble. C’était assez nouveau, et c’est souvent la première prise qui était la bonne.
Il y a des influences ou des disques qui ont plané dans ces gigantesques studios allemands ?
L’enregistrement d’un album est un moment un peu égoïste pour nous. On se recentre sur soi-même. Nous nous disions souvent que nous voulions dire la vérité, faire un album moins hermétique et plus personnel que les précédents. On voulait qu’il y ait peu d’instruments sur cet album, et que chacun ait un rôle énorme à jouer dans l’espace. Voilà quelles étaient vraiment les lignes directrices, davantage que les influences. Ou alors cela devient politique, comme nous sommes quatre dans le groupe, on citait des influences musicales pour tenter de convaincre les autres.
Y-a-t-il eu d’âpres discussions ?
Il y a eu énormément de discussions ! Car nous sommes arrivés sans rien à Berlin, sans musique, sans paroles. Nous nous étions donnés trois mois pour réaliser cet album. Trois mois de régime patates tous les midis à la cafétéria. C’était exotique, mais je ne suis pas sûr que nous aurions pu rester plus longtemps. En musique, le plus grand danger, c’est de s’éterniser…
On a l’impression que, de la musique à votre image, vous souhaitez tout contrôler...
Nous nous mettons à la place de l’auditeur en faisant les choses comme on voudrait qu’elles soient si nous achetions ces disques. Cela a plus de sens de réaliser un projet artisanal et personnel, nous semble-t-il, que quelque chose de professionnel et loin de nous. Nous aimons le côté amateur dans la musique. Tout est possible pour un franc-tireur, sinon il y a des codes à respecter.
Comment s’est établie la connexion avec la famille Coppola ? Vous faites une apparition dans le film Marie-Antoinette...
Nous avons rencontré Roman Coppola via Air, dont nous avons été le backing band sur quelques concerts. Nous avions deux mois de libres avant la sortie de notre premier album, nous avons donc profité. En revanche, je ne suis pas sûr que les fans de Air aient vraiment apprécié notre musique ! (rires) Puis, j’ai chanté sur la bande originale de Virgin Suicides, de Sofia Coppola, sous le pseudonyme de Gordon Tracks. Quant à notre apparition dans le film, elle est anecdotique, nous jouons notre propre rôle, perruqués. Laurent et Christian ont composé un seul titre à la guitare, en contrepoint.
Que se passe-t-il à Versailles ? De nombreux musiciens sont issus de cette ville : Air, Étienne de Crécy, le Klub des Loosers…
Je ne sais pas. Nous sommes un peu plus jeunes que Air, nous avons fréquenté les mêmes endroits qu’eux, mais nous ne les y avons jamais croisés, car c’était quelques années plus tard. Je crois que cet endroit provoque l’ennui. Les samedis soirs, il y a peu de chose à faire à Versailles, alors nous faisions de la musique. C’était comme une liberté, quelque chose de jouissif !
Vous êtes en pleine tournée mondiale, comment se déroule-t-elle ?
Très bien, nous sommes surexcités ! Au début, les gens ne connaissaient pas les paroles de l’album car il n’était pas encore sorti, mais maintenant cela dépasse toutes nos espérances ! Nous faisons beaucoup de concerts dans des salles à taille humaine, nous revenons d’Allemagne, et nous continuerons au Japon, aux Etats-Unis, en Scandinavie, avant de terminer par la France fin novembre. J’espère que les Français connaîtront les paroles d’ici là !
Phoenix It’s Never been Like That (Virgin) 2006
Juin et juillet : tournée en Europe