Massimo Guadalupi

Faux jeune premier mais vrai nouveau nom, l'Italien francophile Massimo Guadalupi publie à près de quarante ans son premier album, Entre deux virages. Où s'exprime son goût de Gainsbourg, du jazz, du Lelouch des sixties, mais surtout une vraie sensibilité.

Entre deux virages (Productions spéciales)

Faux jeune premier mais vrai nouveau nom, l'Italien francophile Massimo Guadalupi publie à près de quarante ans son premier album, Entre deux virages. Où s'exprime son goût de Gainsbourg, du jazz, du Lelouch des sixties, mais surtout une vraie sensibilité.

La pochette d'Entre deux virages, tirée d'une pub Jaguar vintage, le dit à demi-mot : Massimo Guadalupi aime les belles mécaniques. Celles qu'on pilote ganté de cuir, bercé par la musique d'un V6 souverain. Ou qu'on roule depuis la terrasse d'un café, à guetter regards et décolletés en buvant par petites gorgées un cappuccino racé. Drôle d'oiseau, ce Massimo Guadalupi. Francophile avéré et dandy d'une autre époque, dont la carrière artistique se bornait à un passage express par le "rock de jeunes" avant d'être rattrapé par la vie professionnelle.

Chanteur sur le tard, il se fend d'un premier album en forme d'incongruité. Où celui qui confesse "avoir appris à écrire des chansons en regardant les films de Lelouch des années 60"  raconte plus qu'il ne chante les rencontres rares, les amours contrariées et la nonchalance d'un Swinging Rome fantasmé. Avec dans le rétroviseur musical Francis Lai, l'Aznavour de Tirez sur le pianiste, Chet Baker, et d'omniprésentes effluves gainsbouriennes. Pas un modèle d'originalité donc, dirons certains. Sauf qu'Entre deux virages est tout sauf un disque en roue libre. Encore moins un recueil branché sur pilote automatique.

Précisément parce qu'il a attendu la quarantaine pour faire ses premières armes en studio, Guadalupi fait plus que soigner sa copie. Grâce à la réalisation de Thierry Los, membre fondateur de Végomatic, qui pioche ici dans les couleurs passées pour donner à l'ensemble une élégance surannée. Comme sur ces vieux enregistrements où l'on entend les doigts du bassiste et des respirations à fleur de micro. Ensuite parce que pour qu'imparfait qu'il soit, le style Guadalupi n'est pas dénué d'émotion. Sorte de poésie tour à tour crue, hésitante, sensuelle, sexuée. Parfois désarmante mais que l'on ne se risquerait pas à taxer d'artificielle. Elégante malgré un chant approximatif, entre ses vignettes instrumentales et ses escapades à deux voix (avec la comédienne Clara Galante) elle ne confond pas disque d’atmosphères et "musique papier peint". Et trouve peut être sa justification dans les mots du Brett Sinclair transalpin. Quand il évoque avec force accent  "Les fantaisies d’un môme/Qui rêve de chair et chrome/De filles en minijupes/Allongées sur le capot".

Massimo Guadalupi Entre deux virages (Productions spéciales) 2006