Davy Sicard

Davy Sicard est un miraculé. A 33 ans, après des années passées à chanter, il sort enfin un album tiré à grande échelle, Ker Maron. À la grande surprise du principal intéressé… Ce Réunionnais, né à Colombes en banlieue parisienne, d’un père malgache et d’une mère réunionnaise, semble être spécialiste du hasard. Récit d’un parcours mené en zigzags.

Le bonheur est sur scène

Davy Sicard est un miraculé. A 33 ans, après des années passées à chanter, il sort enfin un album tiré à grande échelle, Ker Maron. À la grande surprise du principal intéressé… Ce Réunionnais, né à Colombes en banlieue parisienne, d’un père malgache et d’une mère réunionnaise, semble être spécialiste du hasard. Récit d’un parcours mené en zigzags.

Tout commence avec un cyclone. Au début des années 1980, Hyacinthe détruit une partie de l’île de la Réunion. La famille Sicard doit déménager. Dans leur nouveau domicile, le père de Davy répète pour l’orchestre du bal. Au début, Davy s’intéresse davantage au foot qu’à la musique. "En fait, j’étais plus sensible aux mélodies jouées par mon père que je ne l’imaginais. Je suis ainsi parvenu à jouer des morceaux alors que je ne les avais jamais appris et je chantais, mais en secret uniquement !" Davy n’a pas l’audace de chanter en public. Par contre, il se lance dans des déclamations poétiques. "Cela me semblait plus facile. Je ne sais pas pourquoi."

En 1992, l’un de ses amis lui propose de former un groupe. Son "oui" marque le début d’une longue aventure, sous le nom des College Brothers. Les concerts s’enchaînent pendant cinq ans, sans discontinuer. Davy Sicard trouve un emploi d’enquêteur à mi-temps et s’arrange avec ses supérieurs pour aménager son emploi du temps. En français, en anglais, le groupe se fait un nom sur l’île et connaît un succès certain. Davy Sicard prend goût à la scène. Il ne la quittera plus que très rarement. "Je ne suis pas très à l’aise dans les conversations, mais sur scène, je perds ma timidité. J’y suis bien."

Le cycle créole

Cette sérénité lui donne la force d’ajouter alors une corde à son arc : le créole. Le groupe reprend une chanson réunionnaise, Toué lé jolie. Là aussi, le début d’un cycle loin d’être achevé. Désormais, Davy Sicard fait du créole un cheval de bataille. "J’ai le sentiment que je n’apporte rien de nouveau en chantant en français. Au moment où je me suis mis à chanter dans les bars en créole, on en entendait très rarement. Pour moi, c’est la mise en avant d’une langue, d’une culture qui me semblait mises de côté." Mais pas question pour lui de reprendre des morceaux du standard tels quels. Il se les approprie en leur donnant des rythmes soul ou funk, voire classiques comme lors d’une expérience intitulée Séga 2000, proposant des airs réunionnais avec un accompagnement classique.

En 1994, les College Brothers se font connaître du grand public réunionnais lors de l’élection de Miss Réunion. L’année suivante, ils gagnent le prix RFI Média, ce qui leur permet de sortir un album et de réaliser une tournée internationale qui les mène de l’Europe au Canada, en passant par le Kazakhstan. L’album porte un nom triple : An other way, Une autre façon, In not manier. Trois langues illustrant la volonté d’ouverture des quatre chanteurs qui accueillent bientôt des percussions et une guitare acoustique.

Joueur de maloya

Le maloya (style musical provenant des esclaves malgaches et réunionnais) s’installe dans sa musique. A l’entendre, encore un choix lié aux hasards de la vie : "Ma famille n’est pas installée dans la tradition et aucun de mes proches n’est joueur de maloya. Je ne pourrais même pas dire comment je l’ai connu, ni à quel moment cela s’est passé. Ma mémoire a dû enregistrer des mélodies… " Il crée ainsi deux airs de maloya dès 1995, Zistwar réunioné et Grand pé. En 1997, fin d’une belle aventure : les College Brothers se séparent. Davy Sicard fonde un nouveau groupe System Sy. En 2000, un clash marque le terme de cette deuxième expérience. Envie de changer de vie… Davy s’embarque pour Paris. "Je n’ai tenu que deux mois. Je n’y étais pas à ma place. Je tentais d’intégrer le monde de la musique, avec des textes en français. Mais encore une fois, j’ai senti rapidement que je n’apportais rien de nouveau. J’ai alors fermement décidé de mettre en avant le créole."

Il chante alors en solo ou avec son batteur de l’époque College Brothers, qui devient rouleur (de l’instrument réunionnais, le rouler). En 2003, sort un album, Ker Volkan, tiré à 1000 exemplaires. Mais la lassitude se fait sentir. Il songe à arrêter la musique. L’année suivante, retournement de situation : un manager le repère et tout s’enchaîne. En juin 2006, son nouvel album, Ker Maron, sort enfin. "Tout s’est fait si rapidement. Je n’ai eu qu’à me laisser guider. Je n’en reviens pas." Comme si le hasard était encore là pour lui apporter la plus belle des surprises : un album et des concerts pour lui seul.

Davy Sicard Ker Maron (Up Music/ Warner Music France) 2006 En concert  : le 8 juin au Zèbre à Paris, le 15 aux 24h du Mans (1e partie Alpha Bondy), les 15 et 16 juillet aux Francos de La Rochelle