Francofolies de Montréal : jeudi 15 juin 2006
De Katerine à Mamadou Diabaté
Katerine s'installe aux Francos et Emilie Simon confirme son talent, trois après son premier passage. Une belle percée du côté de la musique malienne avec Mamani Keita et Mamadou Diabaté.
La vedette du jour, c’est l’excentrique Katerine, très en vogue dans le petit monde musical montréalais ! Ses décalages savamment étudiés, son sens aigu de la dérision, son humour acerbe, et son goût de la provocation font un malheur ici. Robots après tout, son album à la noirceur désopilante, passe en boucle dans plusieurs restos branchés de la ville. Et le Spectrum, la grande salle qui l’accueille, affiche complet depuis plusieurs jours. Quant au bonhomme, la mèche scrupuleusement plaquée sur le front, il se promène nonchalamment sur le site des Francos, l’air lunaire (évidemment) et le sourire en coin (re-évidemment). Hier soir, il a été vu, très tard, au Shag. Et la veille, il s’était posé devant une télé pour suivre le premier match des Français en Coupe du monde. Bref, Katerine a pris ses marques à Montréal… Comme un poisson dans l’eau, et un robot sur son vaisseau.
L’autre tête d’affiche de la journée s’appelle Emilie Simon, jeune prodige de l’électro et de la composition. Deux soirs durant, elle partage la scène du Club Soda avec la Québécoise Ariane Moffatt – on en reparle demain.
Emilie Simon est déjà venue aux Francos, il y a trois ans. A l’époque, elle venait à peine de sortir son premier album et tout le monde l’avait vue comme une jeune femme pleine d’avenir et d’audaces sonores. Aujourd’hui, l’espoir s’est concrétisé ; la demoiselle est devenue une sorte de référence de la création hexagonale. Une "Björk française", répètent même les amoureux d’étiquette… Effet magique de la B.O. du film La marche de l’Empereur, qu’elle a très joliment composée. Depuis ce triomphe en technicolor, Emilie a sorti son deuxième album, Végétal. C’est lui qu’elle donne en concert à Montréal.
Pendant ce temps, la scène world du festival accueille ce jeudi Mamani Keita, l’une des voix les plus singulières du Mali. Le monde l’a découverte en 2002, avec l’album Electro Bamako, qui bousculait gaiement la tradition… Et depuis, elle continue, Mamani, de réinventer la musique africaine ! Elle la pousse aux franges du jazz, multiplie les collaborations inattendues. Son dernier disque a été réalisé par l’inventif Nicolas Repac. Ils étaient d’ailleurs aujourd’hui l’un et l’autre à l’honneur de l’émission de chanson de Radio Canada, qui a planté sa tente et son studio au cœur du site des Francos.
Mamani Keita n’est pas la seule Africaine de ce festival, loin s’en faut : tous les ans, les Francos consacrent même un volet important de leur programmation aux artistes du continent. Et cette année, les Maliens auront marqué les esprits et les tympans : outre Mamani Keita, son compatriote Mamadou Diabaté, grand maître de la kora, a lui aussi séduit son monde. Il est vrai qu’en début d’année, son dernier album avait récolté une nomination aux prestigieux Grammy Awards américains. Il n’y a pas de secret !
Valérie Lehoux
Lire la biographie de Katerine
Les élaborations sonores d'Émilie Simon
Mamani Keita en harmonie(s)